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MINIMAL TECHNO  |  STUDIO

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ALBUMS STUDIO

1993 Sheet One
1994 Musik
1998 Consumed

E.P

1994 Recycled Plastik

SINGLES

1993 Spastik
 

- Membre : From Within

PLASTIKMAN - Consumed (1998)
Par JOVIAL le 9 Octobre 2025          Consultée 231 fois

Si vous vous êtes déjà risqué aux abords de son abysse bleutée, vous savez que Consumed appartient à cette catégorie d'albums qui vous accompagneront pour toute une vie. Pourtant, on ne semble jamais vraiment y revenir par nécessité, mais plutôt par hasard, un soir de solitude, avec ce sentiment étrange de retrouver là un lieu à la fois familier et terriblement étranger. Paradoxe d'un disque-refuge où le temps et l'espace cessent d'avoir la moindre importance. Mais que ressent-on exactement à son écoute ? La sensation, pour le moins ambivalente, d'un confortable isolement, où viennent se mêler relâchement et inquiétude diffuse. Richie Hawtin lui-même a encore aujourd'hui bien du mal à expliquer son œuvre : « Je trouve qu'il y a une certaine froideur, un côté introverti, un peu solitaire et sombre. Pas forcément sombre, au sens où cela ferait peur, mais c'est juste très sombre, vous voyez ? »

Consumed a été enregistré au cœur de l'hiver canadien, faisant suite au moins à deux années d'expérimentations, dont la série de douze singles Concept 1 donnait déjà un bel aperçu. Richie confesse aussi avoir beaucoup écouté Miles Davis à cette époque, s'intéressant en particulier à tout ce que sa musique suggérait sans réellement l'exprimer, les espaces et les notes absentes. Cette influence ne transparaît guère dans l'album, mais l'idée est claire : Consumed, c'est tout ce qui ne s'entend habituellement pas sur un disque de techno. PLASTIKMAN conserve, non pas la moelle la plus vive, mais les cendres refroidies de Musik. Le son acid de la TB-303 est comme délavé, parfois réduit à un simple écho lointain. De même, les rythmes sont souvent relégués à l'arrière-plan, submergés par les nappes, sans toutefois jamais disparaître, invariables et hypnotiques. Dans sa recherche d'une musique toujours plus épurée, Richie Hawtin délaisse la pulsation simple pour se concentrer avant tout sur les textures. En somme, ce troisième album est l'exact contrepoint du très percussif Spastik : d'une techno réduite à son squelette rythmique, on passe à une techno en suspension, absorbée par le vide et la résonance.

Aussi Consumed est-il un disque d'espaces et d'ombres, un gouffre où surgissent des visions au ralenti : silhouettes fugitives engourdies par le froid, métropoles figées dans la glace, rares lumières perçant le crépuscule. L'interprétation reste libre et il est même amusant de lister, au gré des différentes chroniques glanées sur Internet, les images que cette œuvre peut convoquer. Shiboome (XSilence) évoque par exemple la « musique des vestiges de la civilisation électronique », quand Sheer-khan (Guts of Darkness) observe « un désert gelé, bleu nuit, nulle part sur une autre planète, parcourue d'une brise froide ». En 1998, l'écrivain américain Sasha Frere-Jones (The New York Times) y entendait plutôt une « atmosphère océanique ». Enfin, Ben Cardew (DJ Mag), dans un passionnant article paru à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de Consumed, parle d'un « album stygien et austère », contemplant « un puits profond, sombre et peut-être empoisonné ». Ainsi, contrairement à certains artistes d'ambient à la même époque, au hasard BIOSPHERE, Thomas KÖNER ou encore GAS, qui orientaient délibérément l'auditeur vers un paysage ou une idée, Richie Hawtin nous laisse projeter nos propres fantasmes.

Consumed, c'est enfin l'un des disques de musique électronique les plus importants des années 1990. Si la paternité de la techno minimale revient avant tout à la scène de Détroit, façonnée par l'héritage de KRAFTWERK, PLASTIKMAN lui a donné une autre direction. Le son devient moins robotique, plus organique, l'approche résolument atmosphérique. Richie Hawtin a toujours refusé l'étiquette 'ambient', mais Consumed se tient exactement à cette frontière, passerelle entre techno minimaliste et espaces sonores contemplatifs. Trente ans plus tard, le monolithe bleu continue de fasciner, indispensable et unique.

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- Richie Hawtin (tout)


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2. Consume
3. Passage (in)
4. Cor Ten
5. Convulse (sic)
6. Ekko
7. Converge
8. Locomotion
9. In Side
10. Consumed
11. Passage (out)


             



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