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ROCK N'ROLL  |  E.P

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- Style + Membre : Johnny Hallyday

LONG CHRIS - Les Dalton Avec Long Chris (1962)
Par MARCO STIVELL le 10 Octobre 2025          Consultée 299 fois

Sans LONG CHRIS, pas de Johnny HALLYDAY. C'est peut-être réducteur, mais c'est vrai ! Ils ont presque un an et demi de différence (le premier est de janvier 42, le second de juin 43) et sont en pleins tourments de l'adolescence lorsqu'ils se rencontrent en cette fin d'années 50. À l'époque, Christian Blondieau vit heureux mais simple avec ses parents à Paris – le père étant belge d'origine, comme celui de Johnny ! -, partageant ses passions entre romans S-F, BD/comics, soldats de plomb et les disques vinyles qu'un ami de la base militaire américaine proche de son école parvient à lui refourguer, gros avantage dans un marché toujours connoté 'après-guerre' et difficile. Le jeune Christian ne jure d'abord que par les cowboys chanteurs et leurs pochettes western-feux de camp, mais un jour de 1956, l'ami-litaire est muté en Allemagne, fin des réjouissances. Néanmoins, un dernier 33-tours est offert : le premier d'Elvis PRESLEY à peine sorti et inconnu en France, tout comme le Rock'n'roll ! Au début, cela change tellement mister Blondieau qu'il ne veut pas y croire et boude cet artiste sans même l'écouter. Un autre ami, de passage, en hérite vite mais le lui met en écoute un soir dans un bar ; début de révélation et Christian récupère dare-dare son disque !

Il devient si fan du King qu'il s'achète une veste en jeans aux puces de Saint-Ouen et crée avec elle son Club Elvis Presley dont il restera membre unique, n'ayant aucun ami avec qui partager sa passion. Lorsque sort le 45-tours de "All Shook Up" en 57, il l'apporte direct et se bat pour le faire jouer à la patinoire Saint-Didier dans le XVIème arrondissement, où le goût habituel est plutôt réservé à DALIDA et autres chanteurs variété. Et là, peut-être êtes-vous de ceux qui remplacent le mot 'hasard' par 'destin' mais ce jour-là, alors que Chris jouit de son initiative en voyant autour de lui les autres patineurs enthousiasmés par ce changement, il manque de se rétamer sur la glace et se rattrape au bras d'un garçon qui n'est autre que notre cher Jean-Philippe Smet. Lui n'ayant pas d'autre vrai ami, les passions pour le Rock et feu James Dean se rejoignent vite dans la discussion sur gradins et les deux ne se quitteront plus. Non seulement leurs deux familles respectives, pourtant différentes, adopteront 'l'autre', mais en plus Christian devine vite que Jean-Philippe, en plus d'être bagarreur et très à l'aise avec les filles, seules ou non, possède un magnétisme et un talent musical particuliers.

Jusqu'à la fin 1959-début 60, les deux ados passent des études ou font de petits boulots et quatre cents coups rythmant un quotidien morne, au début de la reconnaissance tant désirée et méritée pour Jean-Philippe devenu Johnny Halliday puis HALLYDAY, dont la voix comme la soif de succès artistique sont de plus en plus probants. Plus d'un échec manquent de le stopper, mais son tuteur américain ombrageux Lee Ketcham croit en lui et son ami Christian Blondieau l'assiste au mieux, notamment le jour où ce dernier va voir à quoi ressemble le Golf-Drouot en vogue, cet improbable mini-golf de deuxième étage d'immeuble parisien qui passe du Frank SINATRA à une clientèle huppée. D'ailleurs, pensant se tromper d'endroit, Blondieau redescend et va au bar d'en face où, sur le flipper, est penché un certain Claude Moine apparemment fan de Bill HALEY, habitué d'en haut qui lui confirme sa non-erreur. Nouvelle complicité naissante, comme voulue par le sort, autour du Rock ou du cinéma et qui fait rencontrer quelques heures plus tard le nouveau Johnny avec le futur Eddy MITCHELL ! Les deux iront vers les carrières que l'on sait et grâce à HALLYDAY notamment, parce qu'il vient y chanter, le golf sera retiré du Drouot qui deviendra le rendez-vous de la jeunesse.

Tandis que son meilleur ami Johnny à peine majeur explose entre 1960 et 61 à Paris sur les scènes de l'Alhambra puis l'Olympia comme en province aux quatre coins de la France, devient une icône nationale, Christian Blondieau reste auprès de lui d'abord comme assistant (il lui dessine son premier costume de scène) et passe ensuite premier secrétaire. Avec tout ce que cela comporte de bon ou de mauvais car la nouvelle star dégage vite une aura royale, parfois ferme mais très empreinte de générosité (notamment lorsqu'il offre une guitare neuve à un jeune fan handicapé). Avec tout cela, Christian Blondieau pense à sa propre carrière et parce qu'il est grand comme son ami, cowboy dans l'âme, par opposition à tous les 'Little' du Rock, il se fait appeler LONG CHRIS. Il se trouve un petit ensemble de musiciens qu'en bon fan de BD, il baptise les DALTONS, Johnny les pistonne côté label (Philips qu'il vient de rejoindre) et pour le reste, ils se débrouillent, loin des moyens et autres chiffres faramineux de l'idole. Leur tournée à eux se fait d'ailleurs... en auto-stop !

Un premier E.P, "Dalton City" selon le titre d'ouverture, sort en 1962, suivi de deux autres assez rapidement. Il n'y a pas grand-chose à en dire sinon qu'il s'agit d'un E.P de groupe rock semi-professionnel comme il en pullule à l'époque. Le meilleur ami de Johnny HALLYDAY, dès lors qu'il est tombé dans la marmite Rock, est devenu un puriste voulant toujours demeurer aux sources comme le seront les ROLLING STONES pour le blues à leurs débuts, et il avait en outre été le seul à critiquer non seulement l'idée pour la future idole de chanter en français, mais également son accession rapide à une forme de Variété (notamment pour "T'aimer Follement", que DALIDA avait porté auparavant). Force est de constater que lui-même ne peut se dépêtrer d'une forme de Pop léchée en vogue, twist ou non mais épousant le Rock'n'roll, quand il chante "Hello Josephine", adaptation du "My Girl Josephine" de Fats DOMINO par Frank Terran et J. Dam (de son prénom Yan).

Avec un bon walk de basse (Richard Muller dit 'Rick') et un bon riff avec écho qui plaira aux amateurs de musique surf, le morceau joue la carte de la nostalgie avant le cynisme (le gars au téléphone rappelle à son ex qu'elle s'est moquée de lui et la largue à son tour), sympathique mais sans lendemain. Guère plus de portée pour l'instrumental "Dalton City", seule composition originale par Jean-Pierre Bordy alias 'Pete', guitariste solo du groupe et un certain Asaldo, possiblement LONG CHRIS sous autre pseudo mais il n'y a pas de paroles. Le son et la technique sont ceux d'adolescents malhabiles et l'ensemble joue vite la répétition. J. Dam et F. Terran gèrent également l'adaptation de "Mr. Loneliness", clin d'oeil à Gene VINCENT, devenue ici "Monsieur Pas de Chance" où le parfait loser coutumier des râteaux voit le vent tourner. Peut-être, sans tomber dans de tels excès négatifs, LONG CHRIS évoque-t-il son décalage naturel avec Jean-Philippe/Johnny, depuis le départ et pour lequel il avait dû gérer tant de bagarres parce que ce dernier avait approché une 'déjà prise' d'un peu trop près, déjà à la fameuse patinoire ?

On note le bon timbre du chanteur moins assuré que son compagnon là encore, avec une bonne voix un peu comme aurait pu sonner le pas encore connu Claude FRANÇOIS sans son chevrotement systématique et caricatural. Il y a un bon son de guitare 'twang' typique de l'Amérique rock'n'roll des années 50, quelques choeurs féminins ajoutés mais c'est sans plus, là encore. On termine avec "Beau Blond Bébé" au texte un peu plus 'chaud' et roucoulant, selon une veine très Jerry LEE LEWIS ("Big Blon' Baby") et très littéralement reprise par Jacques Dambrois, parolier un peu plus en vue qui travaille également pour Johnny et Eddy. Rien donc de transcendant, les DALTONS forment un ensemble correct, LONG CHRIS ne choisit pas encore lui-même de travailler sur les paroles, il mettra du temps à se trouver un style vocal comme ailleurs. L'E.P ne fait pas grand bruit, et la même année, le label parisien Pacific choisit de l'inclure à une compilation de huit titres avec pour les suppléments quatre instrumentaux joués par le pianiste Roger Roger Et Son Orchestre également constitué de choeurs et en soliste le trompettiste Eddie VAN KAY (Albert Vannequé).

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- Long Chris (chant)


1. Dalton City
2. Hello Josephine
3. Beau Blond B?b?


             



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