Deuxième EP de Laura FERRÉ, un an et demi après le premier (Tellement de Choses, 2024), Poupée Soldat possède une pochette plus 'dévoilante' et propose une vision déjà un peu plus assurée de l'artiste et sa musique. Toujours présente avec son piano, sur des réseaux sociaux comme TikTok ou Instagram où sa notoriété a grandi sans trop tarder, la jeune ignyssoise se rapproche toujours du format album sans l'adopter vraiment. Un jour, peut-être ? En attendant, il y a largement de quoi apprécier.

"Poupée Soldat" annonce un ensemble moins pop voire 'exubérant' que sur le premier EP. Une ballade très féminine mais avec considération pour les garçons, sur le fait de grandir selon un modèle (comme les gentils jouets nommés en titre) et l'envie de s'en émanciper. Si l'emploi à nouveau évident d'une production proprette moderne, y compris sur la jolie voix de l'artiste, se fait vite ressentir, la caisse claire martiale et le boléro des cordes créent l'événement avec brio.

Juste après, on a ce formidable "Syndrome de l'Impostrice", au piano acoustique si fin qu'il sonne comme son cousin électrique Fender Rhodes, bien équipé en cordes et réverbération classisante là encore, pour contrebalancer. Idéal pour, à défaut de mettre de l'ordre, au moins habiller un peu mieux ses combats introspectifs quotidiens, ses pensées diverses et variées. Et avec cela, à côté, un timbre chanté qu'on aime bien qu'on doive l'imaginer hors des contraintes studio. Des vocalises splendides sont ajoutées en choeur, à l'instar d'autres chansons ici.

Dans certaines, Laura FERRÉ donne du 'je' pour elle-même, mais parfois, elle se met à la place de ses proches, notamment ses grands-parents en évoquant leur histoire d'amour et de vieilles images passées, d'un Paris et sa campagne alentour lointains. Les 'clips' joués au pad terriblement actuels sont audibles sur "La Maritza", un des deux singles ayant préfiguré l'album, mais on pardonne facilement étant donné le reste des qualités musicales (Rhodes bien audible cette fois).

"Quelques Années de Plus", à grand renfort de nostalgie dans l'âge avançant, est une fantastique valse hivernale, pardon automnale, où la chanteuse passe de ses aigus aux graves avec force, où le saxophone soprano crée une surprise délicieuse quoique tardive. Les arrangements acoustiques de "L'Amour Court à Tort" s'équilibrent avec les paroles sombres, qui proposent même une élégie en talk-over à la fin. C'est bien écrit, bien tourné, riche en matière et qui pourra être encore développé.

Quant à "Guérir de Toi", l'autre single avant-coureur très important pour mademoiselle Dutilleul (dans la vraie vie), est sa carte de visite à un niveau 'rupture' aux sentiments exacerbés même dans la retenue, entre blues et valse. Un EP d'une sobriété distinguée, tout en gardant en tête des objectifs de parler au plus grand nombre, et c'est bien ce que l'on souhaite à Laura FERRÉ. Armée de son piano et de son talent, de son sens 'Pop-Variété' et d’une présence physique remarquable, elle reprend petit à petit les choses là où une PAULINE les a trop longtemps laissées, profitant du repos de l'énergique Juliette ARMANET.