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2023 3d Country
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GEESE - Getting Killed (2025)
Par ARNO le 10 Octobre 2025          Consultée 343 fois

Devenu quatuor après qu'un de ses membres a quitté le navire pour poursuivre ses études, GEESE revient pour proposer une suite au très acclamé 3D Country. Si sur la pochette de ce dernier le nuage de champignon indiquait qu'une explosion avait eu lieu au loin, sur sa nouvelle offrande Getting Killed, le groupe nous transporte cette fois-ci au coeur-même de la déflagration.

« Trinidad » démarre l'album de façon explosive, littéralement. GEESE y propose la bande-son de notre époque sursaturée, violente, dopée au trash-talk et aux contre-vérités, sans parler de son climat aux abois, bref, carrément incertaine. La rythmique sonne en ce sens comme les cliquetis continus des allumeurs d'une plaque de cuisson au gaz. Cameron WINTER au chant et à la guitare, Max Bassin à la batterie, Dominic DiGesu à la basse, et Emily Green à la deuxième guitare, sont rejoints par un trombone, un violon et toutes sortes d?overdubs, pour construire un univers sonore entre psychédélisme funky et tension palpable au-dessus de ce robinet de gaz ouvert. Ce qui n'était qu'une question de temps arrive : « THERE'S A BOMB IN MY CAR ! » hurle Winter, et la chanson implose. On pense alors au chaos organisé du premier BLACK MIDI (Schlagenheim, 2019), associé aux incantations du Gris Gris (1968) de DR. JOHN, aux expérimentations funk d'un Frank ZAPPA, ou encore à certains collages du Boarding House Reach (2018) de Jack WHITE. Et en parlant de collage, le morceau a dû être un joli défi de production pour le groupe et Kenny Beats (producteur éclectique pour notamment IDLES, DENZEL CURRY, FKA TWIGS ou VINCE STAPLES) qui succède à James Ford sur ce nouvel album. « Trinidad » donne le ton de l'album à venir, et trace pour nous, à grands coups de détonations, un chemin hors des sentiers connus.

Exit l'Americana de l'album précédent, exit les choeurs féminins, exit l'immédiateté aussi, GEESE s'affranchit encore un peu plus des structures conventionnelles et propose une série de 11 chansons beaucoup plus expérimentales, où les percussions participent davantage à tisser un nouvel univers sonore pour le groupe. Mi-organiques, mi-industrielles, elles nous rappellent les ambiances poisseuses d'un DR. JOHN ou d'un Tom WAITS sur "Husbands", qui, sur ce squelette percussif, empile des couches sonores toujours plus belles et se révèle bouleversante.

Vous avez toujours rêvé d'entendre les ROLLING STONES par-dessus des choeurs ukrainiens, et des ruptures de rythmes plonger plusieurs fois le même morceau du côté de RADIOHEAD période In Rainbows ou King of Limbs. Comment ça vous n'y aviez jamais pensé ? C'est pourtant ce que propose "Getting Killed" (le morceau), et c'est bien ce genre de voyage musical que nous propose Getting Killed (l'album).

Le groupe est à nouveau éclatant de maîtrise (mention spéciale au batteur, particulièrement en forme ici). Cameron WINTER, lui, semble fonctionner à l'instantanéité. Son chant, comme les paroles, donnent l'impression de sortir de lui dictés par le moment et son instinct. Ce qui a pour effet que Winter multiplie les voix et les manières de l'employer, tantôt crooner sur la George HARRISONnienne "Cobra", soul sur "Half Reel", criarde sur "Islands of Men", tantôt émulant celle de Gordon GANO des VIOLENT FEMMES, ou celle de Thom YORKE... Bref, une multitude d'identités vocales, en opposition à la norme qui demanderait qu'elle soit plus simplement identifiable. Et si cela fait en grande partie la force et la singularité de GEESE, et ce, particulièrement sur cet album, cela peut également devenir son penchant négatif.

Car finalement, votre appréciation de l'album dépendra aussi beaucoup d'où se trouve votre limite à supporter la voix de Cameron WINTER. Lui qui, conforté par le succès de 3D Country, mais aussi et surtout par celui de Heavy Metal, son premier album solo, où il sera allé encore plus loin dans ses expérimentations vocales, a dû se sentir validé et donc autorisé à s'exprimer plus encore, et tenter toutes les bizarreries vocales qui lui passent par la tête. Il prend donc beaucoup de place dans cet album, et sa grâce peut parfois également flirter avec la limite du bon goût. Dans ce sens, "100 Horses", gros trip sous acide guidé par le chant chamanique guttural de WINTER, pourra, selon votre résistance au produit, ou bien vous emmener très loin, très haut, ou vous faire redescendre fissa et bien violemment.

Personnellement, l'album me perd un peu en son milieu, avec les plus douces "Half Reel" et "Au pays du Cocaïne" (oui, il s'agit bien du titre original), déjà pas les morceaux les plus intéressants instrumentalement parlant, et où les premières remises en question des capacités vocales de Cameron Winter apparaissent chez moi. Peut-être aurais-je souhaité également qu'il laisse plus de place au reste du groupe pour s'exprimer et développer ses idées.

Heureusement, l'album me rattrape tout de suite derrière, avec les immenses réussites que sont "Bow Down" et sa rythmique furieuse pouvant rappeler le premier album des FEELIES (Crazy Rhythms, 1980) et la glorieuse "Taxes", qui fait la passerelle entre le « nouveau » visage de GEESE, et son ancien (mais donc pas totalement révolu), celui plus immédiat et post-punk de son premier album. Sur cette dernière, WINTER nous offre encore des paroles hilarantes comme « If you want me to pay my taxes / You better come over with a crucifix / You're gonna have to nail me down », d'autant plus drôles transposées à notre actualité française, en plein débat sur la taxe Zucman.

Getting Killed va demander plusieurs écoutes et que le temps fasse son oeuvre pour que l'album infuse suffisamment et dévoile toute sa sève. En attendant, il ne fait aucun doute que GEESE est un des jeunes groupes les plus excitants à suivre et qu'il faudra compter sur eux à l'avenir, car cette bande de chevelus semble à une minuscule mèche de confectionner leur album définitif. Notre avenir incertain nous le dira. Ce qui est sûr, c'est que le groupe a déjà affirmé que le prochain album était déjà en passe d'être bouclé...

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- Max Bassin (batterie, percussions)
- Dominic Digesu (basse)
- Emily Green (guitare)
- Cameron Winter (chant, guitare, claviers)
- Nick Lee (trombone)
- Aaron Paris (violon)


1. Trinidad
2. Cobra
3. Husbands
4. Getting Killed
5. Islands Of Men
6. 100 Horses
7. Half Real
8. Au Pays Du Cocaine
9. Bow Down
10. Taxes
11. Long Island City Here I Come


             



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