Avec ce deuxième album, LITTLE BOOTS reste indéniablement dans le style d’électro pop vintage qui l’avait caractérisée sur son premier album. On remarque tout de même des changements importants avec celui-ci : d’abord, une tonalité beaucoup plus sombre, comme en auguraient le titre et la couverture de l’album; ensuite, impossible de ne pas remarquer le passage vers un son beaucoup plus dance et orienté vers les clubs, inspiré par l’expérience que Victoria HESKETH a acquis en DJing au cours des trois dernières années.

Étonnamment, cela aboutit à une collection de morceaux qui n’a pas cette évidence et cette simplicité qui marquait sans conteste chaque seconde de Hands. Chaque morceau demande ainsi plus d’écoutes et d’attention pour révéler tout son potentiel et si c’est presque paradoxal pour un album influencé par l’expérience des discothèques, cela représente bien l’évolution vers plus de maturité qu’a engagé la jeune britannique. Celle-ci s’est d’ailleurs déclarée « bien plus en paix vis-à-vis de là où elle en est créativement » avec cet album qu’avec le précédent.

Pour autant, cette évolution ne s’est pas faite que positivement, le son de Nocturnes paraît plus lisse et moins brute que son prédécesseur dont les aspérités outrageusement revendiquées dans le son faisaient partie du charme de Hands. Les morceaux sont également bien plus longs sur ce second opus, ce qui conduit à des boucles interminables (« Strangers ») ou pousse l’auditeur à se demander s’il n’aurait pas été possible de ramener la chanson à l’essentiel (« Shake », « Confusion »).

Nuançons toutefois ce constat trop négatif : on trouve toujours dans Nocturnes de nombreuses gemmes d’électro-pop qui rappellent que LITTLE BOOTS a un talent pour conjurer des mélodies entraînantes et les enrober dans des nappes électro avec une efficacité et une élégance qui rappellent les succès de GOLDFRAPP sur Head First (« All For You », « Crescendo »), Kylie MINOGUE sur Aphrodite (« Beat Beat ») ou encore MADONNA dans sa période Confessions On A Dancefloor (« Satellite », « Motorway », point fort incontestable de l’album).

Bref, un deuxième essai pas toujours convaincant mais encourageant pour l’avenir de la chanteuse britannique qui gagnera en stature quand elle parviendra à combiner l’évidence pop de Hands à l’électro sophistiquée de Nocturnes.