Le philosophe grec Platon a dit un jour que la musique donne une âme à nos coeurs et des ailes à la pensée.

Et c'est un peu ce que j'ai ressenti la première fois que j'ai eu l'E.P de WE.OWN.THE.SKY dans les mains.
Ce groupe, originaire de la Grèce -d'où mon clin d'oeil à Platon- est composé de cinq membres.
La légende raconte que l'album a été enregistré en une dizaine de jours durant l'année 2012, sieste comprise.
Alors oui, quand on tape dans son moteur de recherche préféré "We.Own.The.Sky", il semble qu'il y ait une affiliation avec le groupe M83, mais force est de constater qu'ils n'ont en commun que le nom car le Post-Rock des Grecs est dénué de synthé et d'ajouts électroniques.

Le groupe propose donc un Post-Rock brut, sans ajout d'artifices électroniques si ce n'est par le biais des effets de guitares. Un Post-Rock progressif, d'où la durée des chansons...Quatre titres pour une durée de près de trente-trois minutes. Et sans chant, si ce n'est quelques backings sur "Blue 88".

Les morceaux sont longs, très progressifs, passant d'un calme olympien à une rage accentuée par la distorsion des guitares et de la basse. Ce que j'aime avec ce genre de morceaux c'est qu'ils semblent vraiment raconter une histoire, comme peut en témoigner la première chanson de l'E.P, "Raindrops and Oceans". Il y a une succession de passages doux agrémentés d'arpèges et accompagnés de quelques notes aux toms à des passages beaucoup plus distordus en jouant toujours sur les effets de guitares soutenus par une section rythmique efficace.

Vous l'aurez compris, le point fort de WE.OWN.THE.SKY ce sont les arrangements des guitares qui sont du plus bel effet et qui permettent d'augmenter la dimension mélancolique des compositions. La batterie soutient intelligemment les sections cordes, même si cela manque quelquefois d'originalité comme sur "Alterecho", deuxième chanson de l'E.P.
Mais après plusieurs écoutes, on se rend vite compte que ces parties simplistes sont tout simplement efficaces et ne font pas de l'ombre aux autres instruments, et cela, je pense, est un choix artistique et non un manque d'idée. Ce que je respecte.

Une chose m'a troublé également concernant WE.OWN.THE.SKY et cet E.P, c'est un de mes titres préférés du groupe; "Blue 88". Ce titre était déjà présent sur la démo de 2011, et il se trouve ici. Ce morceau très entraînant est l'exemple même de l'union entre les mélodies calmes, mélancoliques et posées du Post-Rock à l'énergie du Rock. Les parties se succèdent sans accroc, le morceau est fluide. Ca parait simple sur le papier et pourtant...
Vous me direz, alors pourquoi est-il sur l'E.P, s'il était déjà présent quelques années avant? Déjà, il faut savoir que le morceau a été retravaillé, ré-enregistré et remixé. La structure est la même, quelques éléments changent, mais la magie est toujours présente. Et c'est, à mon humble avis, la raison pour laquelle le groupe a décidé d'offrir une place de choix à ce titre sur l'E.P.

Mais la prouesse de l'E.P est selon moi la dernière chanson, "A Stain of Ink" qui se divise en trois chapitres appelés simplement "A Stain of Ink Pt.I, II, III".
Ici l'influence de PINK FLOYD se retrouve dans l'idée d'un morceau divisé en plusieurs parties, comme sur l'album Ummagumma ("Sysyphus", "The Narrow Way", "The Grand Vizier's Garden Party"), Wish You Were Here ("Shine On You Crazy Diamond", en neuf parties), ou encore The Wall ("Another Brick in the Wall"). L'influence "Pink-Floydienne" ne s'arrête pas à l'appellation. En effet, le morceau est très progressif, on ressent vraiment la montée, les mélodies se suivent jusqu'au point de non-retour. La succession des trois parties est impeccable et ne fait absolument pas ressentir de coupures.
Sur "The Stain of Ink Part II" les guitares jouent une mélodie qui fait clairement penser au groupe de Post-Rock japonais MONO et qui pourrait clairement s'insérer dans un western. D'ailleurs, ce passage me fait penser à la scène du duel dans le très célèbre "Il était une fois dans l'Ouest".

Ce morceau achève l'E.P de manière magistrale, en alternant intelligemment mélodies douces et passages lourds, tantôt binaires, tantôt ternaires et en utilisant de manière intelligente -sans en abuser- des effets sur les guitares et la basse tout en conservant un son plutôt naturel à la batterie.

Avec cet E.P, WE.OWN.THE.SKY nous ouvre les portes de son univers de la plus belle des manières. Cet album est à consommer sans modération.