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MC SOLAAR - Prose Combat (1994)
Par TEEMO le 7 Mai 2018          Consultée 1845 fois

Propulsé en 1991 par son premier album et notamment par son single « Bouge de là », MC SOLAAR entame une tournée en Europe mais aussi en Afrique où il trouve un public très sensible à sa musique. Sa notoriété s'élargit avec quelques collaborations, comme par exemple sa participation à l'album « Jazzmatazz » du rappeur GURU, mais aussi dans un cadre très politique avec le court-métrage « Pour Kim Song-Man », signé Costa-Gavras. Rappelons que MC SOLAAR a à cette époque seulement une vingtaine d'années. De son humble Quartier Nord, il se voit, lui et son équipe, brusquement et étonnement propulsé à travers le monde. Imperturbable, rêveur et innocent comme un poète, Claude reste distant avec son nouveau statut de « star », alors que ceux qui l'entourent (Bambi Cruz, Régis Douvry, Jimmy Jay...) vivent tout cela avec beaucoup d'excitation. De retour dans les studios en 1994, la Dream Team enregistre « Prose Combat ».

MC SOLAAR incarne alors une sorte de coolitude ; Claude M.C. c'est le chanteur « in » à l'image des morceaux comme « Obsolète ». Sur cette composition très ensoleillée, l'instrumentale de Jimmy JAY s'installe avec beaucoup de groove, le flow est entraînant, presque dansant et les paroles entêtantes auront tôt fait de vous posséder. « Prose Combat » contient quelques autres morceaux où cette formule fait mouche. Inutile d'être un amateur éclairé pour reconnaître le sample (que certains qualifieront de « facile ») de « Bonnie and Clyde » de GAINSBOURG dans « Nouveau Western », une critique amère de la société américaine. Ces morceaux qui ont inondé les ondes radio (notamment Radio Nova qui a beaucoup contribué à faire connaître le rappeur) font vraiment partie de l'esprit 90's qui a vu exploser le rap français.

Malgré tout, il règne une ambiance plus solennelle sur « Prose Combat » que sur le précédent opus, plus expérimental quant à lui. D'après les dires du M.C., la création de l'album s'est faite de manière très artisanale. Pour l'enregistrement, l'équipe naviguait avec peu de budget entre un squat faisant office de studio et le studio PLUS XXX, un peu plus fourni en matériel. M.C. SOLAAR, avide de savoir, lisait tout ce qui lui tombait sous la main. Il dévorait aussi bien les dictionnaires que les classiques de la littérature française, de même que la presse extrémiste. Il écrit ses textes de manière totalement spontanée, se laissant « guider par son stylo » . Il puise aussi ses inspirations chez Public Enemy, Dr. Dre, Geto Boys... Les figures de style filent sans frime, les allitérations côtoient rimes avec style et les double-sens dansent avec chic.
Il façonne alors des morceaux comme « La concubine de l'hémoglobine » qui montre que l'engagement politique du rappeur est bien ancré dans ses textes. Ce plaidoyer contre la guerre est cru et SOLAAR assume sa position avec fermeté (« Le Solaarsenal est équipé de balles vocales grâce au sol-sol so-l-air, Solaar se fait radical »), tout en soutenant ses propos à l'aide de nombreuses références (on pourrait citer en vrac Rimbaud, Picasso, « Farenheit 451 » de Ray Bradbury et, plus contemporain, IAM). D'autres morceaux sont très forts comme « A la Claire Fontaine », qui aborde tantôt des questions sociétales (« De la lutte des glaces, on passe à la lutte des classes »), tantôt le travestissement de certains artistes tentés par l’appât du gain (à propos du scandale de Madonna sur scène : « Constate que l'on vend des disques avec une culotte et une jupe... Et l'on vend au sextuple »). On peut également citer la poésie séductrice et amoureuse de « Séquelles », bercée par une instrumentation feutrée ou « Dévotion » qui brille aussi par son atmosphère ouatée et délicate.

Le duo que forment Jimmy JAY et M.C. SOLAAR est devenu mythique avec le temps. JAY, accompagné de PIGALE BOOM BASS et du mixeur ZDAR, tricote les samples, malaxe les rythmes, scratche avec agilité, tout en gardant l'authenticité du fait-main. JAY ouvre son éventail d'influences : clin d’œil jazzy sur « Temps Mort », basse dub sur « Dieu ait son âme » et pur hip-hop dans « A Dix de mes Disciples ». « l'NMIACC d'HETCK72KPDP » rassemble quelques rappeurs du Posse 501 et s'inscrit dans une veine plus underground, plus freestyle, mais qui ne sera pas forcément au goût de tout le monde... Quoi qu'il en soit, le flow du M.c. est habillé avec habileté mais aussi avec beaucoup d'attention dans la qualité sonore.

Le succès commercial de « Prose Combat » est immédiat en France et l'album s'exporte très bien à l'étranger. Loin de la pression que le studio Polydor commençait à imposer, MC.. SOLAAR continue d'écrire un rap accessible, ludique et profond. Malheureusement, JAY et SOLAAR signeront avant même la fin de la tournée de l'album la fin de leur collaboration pour cause de divergence artistique. Pour certains, ici s'arrête la carrière de SOLAAR, pour d'autres il s'agit juste d'un chapitre qui se clôt.

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- Mc Solaar (rappeur)
- Jimmy Jay (dj)
- Bambi Cruz (rappeur, danseur, chorégraphe)


1. Aubade
2. Obsolète
3. Nouveau Western
4. A La Claire Fontaine
5. Superstarr
6. La Concubine De L'hémoglobine
7. Dévotion
8. Temps Mort
9. L'nmiaccd'htck72kpdp
10. Séquelles
11. Dieu Ait Son âme
12. A Dix De Mes Disciples
13. La Fin Justifie Les Moyens
14. Relations Humaines
15. Prose Combat



             



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