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- Membre : The Flaming Lips & Tom Jones

Tom JONES - Surrounded By Time (2021)
Par ERWIN le 29 Avril 2021          Consultée 1558 fois

80 berges ! Qui peut se vanter de tenir une telle forme à cet âge pourtant bien avancé ? Tom JONES est bien dans une forme olympique, pas de doutes. Pourtant, tout dans l'emballage de cet album est le signe du temps qui s'échappe : la pochette avec un Tom tout petit et des pages qui s'égrènent, tous ces titres qui évoquent la vieillesse. Rien de surprenant cependant. Qui ne se pencherait pas sur les concepts de fin, cette dernière se profilant avec la plus grande des certitudes sur un horizon prochain ? Mais le chanteur à la voix d'or semble maîtriser son sujet, et chacune de ses interviews, chacune de ses performances live montrent un homme qui profite de la vie, et il semble un vrai champion du monde dans ce domaine. Voici donc son 37ème album qui ne sera pas forcément le dernier. Il n'y a rien à prouver, ce n'est que du plaisir.

Quatre singles ont été jetés en pâture aux fans : l'ambiance psychédélique de "Talking Reality Television Blues" de Todd SNIDER doit tout aux substances illicites et à la fin des sixties. Tom y fait du spoken word : "Video Killed The Radio Star" ô combien ! En fait, c'est très moderne et on a bien du mal à croire que le mec qui déclame le texte a 80 putain de berges ! L'instru tourne parfois indus, et on se dit que Tom est ENCORE en train de nous jouer un tour à sa façon, le polisson. C'est le temps qui passe. Et Tom joue à l'anthropologue avec pas mal de réussite, pas mal de cynisme et un flegme tout british. Bob DYLAN est de nouveau convié ici avec "One More Cup Of Coffee" extrait de l'album Desire de 76. L'interprétation est belle mais assez raide, à l'image de tout l'opus.

Un son de cithare sur l'intro de "No Hole In My Head" et à nouveau des ambiances psychédéliques. C'est autobiographique et drôle ! La vidéo est super sympa, on sent avec ce genre de titre que Tom n'obéit désormais plus à aucune loi, si ce n'est la sienne. On évolue entre les DOORS et un rythme martial évoquant aussi un trip-hop raide. Mais Tom assure comme une bête. Ah, l'étrange cas de "Pop Star" ! Un beat hypnotique sur des claviers statiques, et la voix de Tom qui scande de la même manière. Le refrain procure un peu de respiration, sinon c'est de l'apnée. Y aurait-il un brin de DEVO là-dedans ? Ce côté loufoque et complètement barré réussit parfaitement à nous déconcerter. Il faudra plus de temps pour dire si c'est génial ou juste banal. Souvenez-vous aussi que l'original de Cat STEVENS est à des années-lumière avec sa gratte fruste.

Attention, nous avons un sommet : " Won't Crumble With You If You Fall" oscille entre l'ambient pour la modernité et une atmosphère gospellisante très chargée en émotion. Et Tom, quasi seul, évolue et module sa voix de quatre- vingt printemps comme aucun autre senior ne sait le faire. Absolument dantesque, ce titre est d'une luminosité incroyable, même si les paroles ne sont pas vraiment positives. Et si vous doutez encore de la voix magique ultime de Tom, c'est divin. Je vous encourage vivement à son écoute, c'est un vrai petit chef-d'oeuvre. A peine en deçà, Tom aime "I'm Growing Old" de Bobby COLE depuis le début des seventies. C'était la première chanson qu'il avait en tête pour cet album et il l'affirme "je suis fier d'avoir 80 ans, je n'ai pas peur et j'assure toujours sur scène". Difficile de le contredire non ? Sa version est équilibrée, émouvante, pure "Il était temps de la faire" assume-t-il.

Beaucoup d'ambiances quasi religieuses : "This Is The Sea", où il est quasiment seul avec une gratte modeste, s'anime tel un gospel au moment du refrain quand l'orgue monte en puissance. Alors que c'est une chanson des WATERBOYS, nous devrions pourtant être loin d'une quelconque liturgie, mais les sept minutes donnent cette impression. "The Windmills Of Your Mind" est la reprise anglo-saxonne du classique de Michel LEGRAND "Les Moulins de mon coeur", et à nouveau l'orgue lui imprime une atmosphère sacrée. L'orchestration est moderne, mais comment se planter avec la voix de Tom sur une belle mélodie ? On retrouve une chanson peu connue de 2012, "I Won't Lie" de Michael KIWANUKA – chroniquée ici par les soins de Maniac Blues -, on y retrouve ce parfum funeste très présent dans l'album, Tom y est très touchant. Tony Joe WHITE est de la partie avec "Ol' Mother Earth" à l'ambiance sépulcrale à souhait. Comme dans plusieurs chansons, l'orchestration, étonnante, mêle des aspects modernistes aux mélodies pourtant immédiates.

"Samson & Dalilah" semble un titre taillé pour le colosse depuis toutes ces années, lui qui personnifie si bien un Samson du showbiz et a chanté Delilah avec la réussite que l'on sait. Cette resucée du vieux traditionnel est due à Tom et son équipe menée par Ethan Johns. Difficile de la classer, elle nécessite pas mal d'écoutes. Le rythme immuable et les aspects percussifs de tous les instruments, scandé par la voix de Tom, en font un ovni. La dernière fois que j'ai chroniqué un "Lazarus", c'était avec David BOWIE et il est décédé quelques jours après la sortie de l'album. Tom, reste sobre et surveille-toi, le sujet n'est pas innocent. On reste toujours sur une ambiance à la DOORS avec un orgue à la Manzarek. Une forme de thérapie d'espoir vers un au-delà meilleur ? Allez savoir ce qui traîne dans les pensées d'un maître du monde comme Tom JONES ! Neuf minutes de débauche musicale qui bien sûr ne sont pas sans évoquer "The End", alors que la compo est de Terry CALLIER. On reste dans le morbide tout de même, mais c'est une magnifique performance.

Du haut de son olympe, Tom JONES observe les hommes et sourit avec bienveillance aux pérégrinations de ses semblables, lui qui a toujours su faire preuve de bonne humeur et d'une constante félicité. Alors oui, cet album est le symbole du temps déjà écoulé et de celui, sans doute un peu maigrichon, qu'il lui reste à vivre. Le travail de réinterprétation est incroyable ! Il est en revanche un peu statique, seul défaut d'un album dingue pour un octogénaire, mais si l'on en croit la pochette, les textes et Tom lui-même, la proximité de la mort n'encourage pas vraiment à la dynamique ni au groove. Alors tout ici est certes un peu figé, mais d'une luminosité qui transcende et touche au plus profond. C'est donc très beau et mérite un joli quatre.

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1. I Won't Crumble With You If You Fall
2. The Windmills Of Your Mind
3. Pop Star
4. No Hole In My Head
5. Talking Reality Television Blues
6. I Won't Lie
7. This Is The Sea
8. One More Cup Of Coffee
9. Samson And Delilah
10. Ol' Mother Earth
11. I'm Growing Old
12. Lazarus Man



             



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