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CHANSON - REPRISES  |  STUDIO

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1966 Bidonville
1967 Petit Taureau
1971 Soeur Ame
1973 Locomotive D'Or
1974 Recreation
1975 Femmes Et Famines
1977 Plume D'Ange

COMPILATIONS

1964 Cécile, Ma Fille

VHS/DVD/BLURAYS

1989 Made In Nougaro
 

- Style : Mouss Et Hakim, Serge Gainsbourg , Bernard Lavilliers , Art Mengo , Michel Legrand

Claude NOUGARO - Recreation (1974)
Par RAMON PEREZ le 24 Février 2024          Consultée 193 fois

Autant les deux personnages publics n’ont rien à voir, autant il y a pas mal de ressemblances artistiques entre Claude NOUGARO et Serge GAINSBOURG. Je ne sais pas s’ils se fréquentaient, ce qu’ils pensaient l’un de l’autre. Peut-être existe-t-il la réponse dans un ouvrage quelconque ou la mémoire d’un survivant. Toutefois, mettre en parallèle leurs œuvres permet de faire des liens relativement évidents entre ces deux contemporains : des débuts comparables avant une envie d’élargir le spectre musical puis de casser le cadre de la chanson ; une exigence tant sur la musique que sur les textes, dont pas mal de thèmes se retrouvent d’ailleurs chez l’un et chez l’autre. Il y a cependant des différences majeures entre eux, en particulier la façon de considérer la Chanson. Le point de vue de GAINSBOURG est célèbre depuis ce soir où, en roue libre, il a lâché le peu d’estime qu’il avait pour cet 'art mineur'.

Art majeur ou mineur, du côté de NOUGARO on peut avoir l’impression que cette question est hors-sujet tant sa conception est singulière. On peut probablement la comprendre au travers de plusieurs éléments dispersés dans son œuvre, en particulier le disque qui nous occupe ici, qui est peut-être une définition. Celle-ci nous amènerait alors du côté de Léo FERRE, lui qui considérait volontiers la Chanson comme la façon contemporaine de faire de la poésie. Des poèmes mis en musique, parfois les siens, on en retrouve déjà quelques-uns dans les disques du Toulousain antérieurs à 1974, année où paraît Récréation, un album un peu à part. Mais ici ils font entièrement partie du concept.

Ce n’est bien sûr pas un hasard si ce titre a été choisi. On peut en faire deux lectures. Tout d’abord, celle de la pause, de l’échappée. Dans une période marquante par la complexité et l’exigence des albums sortis, celui-ci fait la part belle à quelque chose de beaucoup plus léger : la reprise. NOUGARO a expliqué plus tard qu’il voulait se faire l’interprète d’auteurs et de compositeurs qu’il aimait particulièrement, de chansons qui le touchaient beaucoup. Il le fait dans un esprit libre bien représenté par les "Sonnets", courtes déclarations en prélude de l’essentiel des morceaux, poèmes souvent exaltés en l’honneur des interprètes originaux déclamés sur de drôles d’arrangements signés du fidèle Jean-Claude Vannier (qui arrange également quelques morceaux, au milieu d’autres complices habituels du chanteur comme Maurice Vander, Christian Chevallier ou Eddy Louiss). Ces sonnets donnent le cachet très particulier de l’album et orientent en partie le ressenti : on adhère on non. Personnellement, je trouve cela un peu lourd, même s’il y en a de très réussis.

Connaissant l’amour nougarien de la paronomase, le second sens auquel on pense rapidement c’est "re-création". Ce ne sont en effet pas de simples reprises, ou alors c’est le disque de reprises le plus travaillé de l’Histoire. Le chanteur souhaite à l’évidence ingurgiter ces titres, les digérer pour les rendre refaits à sa hauteur, créés à nouveau. "Ah ! Si vous connaissiez ma poule", chanson troupière de Maurice CHEVALLIER, devient du NOUGARO de grande classe ; voilà l’exploit ! Ces recréations doivent beaucoup aux orchestrations particulièrement réfléchies sur lesquelles la voix de Claude s’installe comme dans le canapé du salon. De la bossa "Les petits pavés" à plusieurs partitions pleines de cuivres enlevés comme "Mathilde", le registre est large et appréciable. Le mieux étant sans doute ces quelques morceaux moins flamboyants et pourtant d’une immense finesse musicale comme "Le scaphandrier" dont l’accompagnement fait honneur à l’exigence musicale de Léo FERRE.

Avec ce dernier et quelques autres, NOUGARO rend hommage à ses aînés de quelques années, encore contemporains mais à qui il succède déjà. Il me semble percevoir dans les sonnets qui leur sont attachés un respect particulier envers eux, ces trois géants que la postérité a gardés et qui sont tous là. Celui pour BREL est particulièrement flamboyant, celui pour BRASSENS glorieux (il le qualifie en quelque sorte d’ "homme-peuple", façon Victor HUGO). De plus, les reprises sont impeccables. A ceux-là on peut également ajouter MOULOUDJI, dont on se souvient un peu moins aujourd’hui mais envers qui NOUGARO reconnaît explicitement la plus grande proximité. On peut aussi relever l’absence totale de consœurs dans cette liste et en tirer les conclusions que l’on souhaite. Parmi ses contemporains plus directs, nous pouvons noter l’hommage à Michel LEGRAND qui a mis en musique les mots de Claude à ses débuts et à qui ce dernier renvoie la politesse.
Pour revenir au début de cette chronique, nous pouvons enfin retenir la présence de Serge GAINSBOURG au travers d’une version magistrale de sa "Javanaise" et sa présence indirecte au travers de plusieurs chansons plus anciennes. GAINSBOURG fut à ses débuts un formidable passeur de vieilleries savoureuses dont plusieurs se retrouvent ici. Je ne pense pas que ce soit lui qui ait instruit NOUGARO de ces ritournelles, simplement cela témoigne sans doute d’un goût commun et d’une ascendance proche entre ces deux géants de la Chanson.

Pour l’essentiel, ces chants d’un autre âge (celui d’avant la production discographique généralisée d’après-guerre) se trouvent dans la première partie du disque qui est le lieu des découvertes complètes. Ce côté patrimonial est pour moi tout l’intérêt de faire des reprises. Chanter des titres que tout le monde connaît a son intérêt (ça se partage plus facilement), mais il manque quelque chose si on ne se limite qu’à ça. Que quelqu’un comme NOUGARO ait pris le temps d’enregistrer ces quelques traces d’une époque qui commence franchement à dater nous permet d’entendre encore aujourd’hui ces chansons qui pour certaines (comme "Les petits pavés", 1891) gardent encore une modernité tout à fait remarquable. Cette récréation est donc des plus studieuses. J’ai du mal à la noter mais cela n’a pas vraiment d’importance. Un album avec ce titre est nécessairement mineur au regard d’une telle discographie, mais le sérieux et l’ambition qui le caractérisent en font un disque de reprises fort singulier valant le détour, pour peu que l’on s’intéresse sérieusement à NOUGARO et plus largement à la Chanson.

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   RAMON PEREZ

 
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1. Les Petits Pavés
2. Sanguine Joli Fruit
3. La Java Du Diable
4. Les Enfants Qui Pleurent
5. Mathilde
6. Ah ! Si Vous Connaissiez Ma Poule
7. Le Scaphandrier
8. Un Jour Tu Verras
9. La Javanaise
10. Bonhomme
11. Pouet-pouet



             



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