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John COLTRANE - Crescent (1964)
Par JUAN le 14 Août 2008          Consultée 6024 fois

Juin 1964. John Coltrane vient de nous quitter. Non pas qu'il soit mort, mais son incessant voyage vers les sphères divines l'a amené bien loin de nous. Crescent est l'antichambre de A Love Supreme, une sorte de pièce étroite baignant dans la pénombre où l'on attend en sachant le divin tout proche, là où l'on dit au revoir au passé afin d'entamer un indescriptible périple. Ne cherchez plus le Coltrane de Giant Steps, ni aucun autre d'ailleurs, seul "Bessie's Blues" renvoie au passé, comme un dernier regard en arrière avant de tout quitter. L'obscurité ambiante est toute tournée vers le futur. Le voyage introspectif de "Crescent" par exemple, crépusculaire et grave, trouve dans cette liberté un nouveau mode d'expression.

L'heure est au bilan, à la réflexion. Une grande page de l'histoire Coltranienne (et donc du Jazz) va être tournée. Chacun s'exprime comme il ne l'avait jamais fait. McCoy Tyner brille dans l'atmosphère divine de Wise One, Jimmy Garrison se livre à l'exercice controversé de la contrebasse solo avec brio sur Lonnie's Lament, qui sonne presque comme un chant funéraire.

Coltrane lui même n'a pas de mot pour décrire ce que fait ici Elvin Jones. Cette "chose batterie" sur laquelle l'infatigable batteur se livre à un solo qui déferle comme une vague géante de percussions, première étape d'un raisonnement qui conduira à Interstellar Space, ne peut être décrite avec de simples mots, tout comme le reste de son travail sur l'album. Quant à Coltrane, il semble planer au dessus des autres, déjà très loin devant, libérant un souffle massif, chaud, totalement apaisé par les révélations induites par cette découverte spirituelle.

Chronologiquement proche de A Love Supreme, Crescent a longtemps été ignoré, au profit son glorieux frère. Les deux de toute façon n'appartiennent pas à notre monde. Crescent est le versant sombre de cette montagne divine, austère recueillement musical, dernière confession de Coltrane qui se libèrera ensuite de toutes conventions pour mener rien de moins que le mouvement Free Jazz. Paroxysme d'un lyrisme encore facilement intelligible, Crescent ne s'explique pas plus qu'il ne se décrit. Qui le pourrait d'ailleurs? Éthérée, toute en retenue, chaque note pénètre l'âme et l'affecte au plus haut au point par la même occasion. La fin du voyage pour certains, le début pour d'autres.

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   JUAN

 
  N/A



- John Coltrane (saxophone ténor)
- Mccoy Tyner (piano)
- Jimmy Garrison (contrebasse)
- Elvin Jones (batterie)


1. Crescent
2. Wise One
3. Bessie's Blues
4. Lonnie's Lament
5. The Drum Thing



             



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