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French Like Us : Bruce Springsteen au Festival d'Avignon
Par MARCO STIVELL le 25 Juillet 2025 Consulté 168 fois

Le Festival d'Avignon, autrement dit festival de théâtre/spectacle vivant le plus célèbre au monde a, paraît-il, battu des records cette année, comme il semblait le faire chaque année avant le Covid. Pour cette 79ème édition du In et 59ème pour le Off (branche 'indépendante'), on recense près de 1800 spectacles pour les deux cumulés, par presque autant de compagnies et dans à peu près 170 théâtres/lieux dédiés différents. Plus de 300 000 billets vendus sur les trois semaines réglementaires ! Dans ces chiffres qui d'apparence astronomique, cette effervescence qui tient autant de la grande manifestation royale sous Louis XIV que de la Cour des Miracles selon Victor Hugo, et qui fait nettement augmenter les températures dans la cité des papes comme chaque fois en plein mois de juillet provençal, il est bien difficile de s'y retrouver ! Y compris (voire surtout) alors que rien n'a encore commencé, lorsqu'on a dès fin juin et entre ses mains l'annuel programme papier, catalogue riche et, à l'instar de ce qu'on appelait jadis annuaire téléphonique, bien soupesé.

Impossible donc, ou presque, à moins de vraiment l'éplucher à fond ou alors en espérer trouver ce que l'on cherche parce que déjà on y pensait, de se dire qu'il y a, dans tout cela, un spectacle sur Bruce SPRINGSTEEN. Comme si ça pouvait exister ! Mais le sort parle autrement, et c'est devant le stade Vélodrome à Marseille, sur des buses en béton et autres éléments du décor disponibles, qu'un ami a vu les affiches laissées par ceux qui, comme nous en ce samedi 31 mai 2025, viennent applaudir le Boss en live, que nous ne croiserons pas mais qui du coup, nous annoncent une belle forme de surprise et de la meilleure manière. « French Like Us : Bruce Springsteen, Mon Ami d'Amérique ». Un mois et demi avant, il est clair qu'on va retenir cette annonce visuelle. Et du coup, c'est certain : si la règle (très personnelle) est de voir chaque année minimum deux pièces au Festival d'Avignon, celle dédiée à SPRINGSTEEN, aussi modeste soit-elle, en moyens comme en qualité supposée, se doit d'en faire partie !

L'affiche à Marseille était claire : trois dates seulement, à savoir le 8, le 15 et le 22 juillet, bien réparties sur l'ensemble de la durée mais qui donnent à sourire quand on pense que pour la plupart des autres pièces, ce nombre menu est plutôt, au contraire, celui des jours de relâche que s'octroient les compagnies ! En même temps, dans un festival politisé où, si l'on parle de musique sur les planches, c'est plutôt en termes jazz ou opéra/classique, comment miser sur un spectacle qui concerne un rockeur, et encore, même pas Freddie Mercury, Bono, Sting ou n'importe quel autre grand esprit engagé (donc 'bankable'), chose dont le grand événement se gargarise à qui mieux-mieux ? Bruce, artiste de type masculin archaïque simplement parce qu'hétérosexuel affirmé, tient aussi à ses propres engagements, comme on l'a vu en concert récemment encore, mais ce n'est pas l'une des premières choses que l'on retient de lui que l'on connait mal. En tout cas, c'est bien ce que Elsa et Fabrice, partenaires à la ville et duo artistique nommé French Like Us (déformation savoureuse de 'tramps like us', extrait du refrain de la chanson "Born to Run"), tend à respecter.

Dans la petite salle à étage de l'Isle 80, quand on arrive de la place des Carmes et au tout début de la rue des Trois Pilats (une des dernières pavées du centre-ville fortifié), il ne peut tenir plus de quarante-neuf personnes assises. Nous assistons avec le même ami qu'à Marseille et sa compagne à la dernière des trois représentations, ce mardi 22 juillet. Quasiment à l'heure, les French Like Us débutent leur show, très sobre au départ ; Fabrice, le pianiste seul d'abord, se contente d'introduire le tout en évoquant le milieu des années 80, quand écouter Bruce n'était pas jugé 'in' du tout en France. Un semblant de timidité s'estompe lorsqu'il s'installe au piano et chante seul "Born in the U.S.A.", non sans fragilité vocale également, avec le reste du rythme mais beaucoup de variantes jazz dans les harmonies (le thème originel n'est mentionné qu'une fois, à la fin !). Pour sûr, l'hommage global s'annonce aussi humble que très 'musicien', et cela se confirme ensuite dès qu'Elsa le rejoint sur scène, pour les inteprétations successives de "Thunder Road", "Tenth Avenue Freeze-Out", "Racing in the Street" et "Darkness on the Edge of Town". Si Elsa elle-même joue quelques percussions de façon rudimentaire, sa voix compense beaucoup et s'équilibre avec le piano de Fabrice. Entendre SPRINGSTEEN chanté par une femme (son compagnon aidant aux choeurs), et aussi bien, a toujours quelque chose en plus !

Première petite pause avec ce qui demeure la presque seule et unique intervention théâtrale - car n'oublions pas ce qui se trame en ce moment -, à savoir une petite séance de psy où Elsa, très fringante avec sa robe courte/collants/talons hauts, s'assied en douceur près de Fabrice au devant de la scène. Elle lui pose des questions sur les origines de sa passion pour le Boss, car des deux, c'est lui le mordu, et ce dès la première partie des années 80 lorsque, adolescent 'boutonneux' et n'arrivant à rien avec les filles, il s'attarde sur The River, l'album-double parmi la collection de sa soeur. Pour lui qui apprend le piano au conservatoire de Montpellier et ne jure que par le classique, qui jalouse GOLDMAN et autre susceptible de lui ravir l'attention d'une belle (qu'il invite pourtant au concert de ladite star !), Bruce lui met une claque forte. À vie, même si comme il nous le dira ensuite, en bon friand/'imitateur' du génial 'Professor' Roy Bittan (pianiste de SPRINGSTEEN dans le E STREET BAND), c'est au moment précis où il découvre que le piano, si foisonnant dans cette musique jusque-là, commence à 'disparaître'. Qu'importe, "The River" (où le pianiste jongle avec le mélodica) suivi de "Hungry Heart" en piano-voix féminine n'en sont pas moins délicieux !

Suivant une voie chronologique, le duo multiplie les surprises et hommages à chaque album dans une certaine mesure : "Atlantic City", "Dancing in the Dark" (malgré le single maxi de "Glory Days" qui trône sur un chevalet au milieu de la scène, celle-ci ne sera pas jouée), puis fait un grand écart avec "Streets of Philadelphia" (où Fabrice, très créatif, incorpore des bouts de "Secret Garden", inédite de 95 ainsi que de "One Step Up" sur Tunnel of Love !), "The Ghost of Tom Joad" tout aussi intense et "My City of Ruins" de The Rising qui seront l'extrait/l'album les plus récents interprétés ce soir. Difficile de ne pas chanter en choeur, depuis le public et un peu haut pour les voisins, qui eux ne nous en veulent point et se concentrent davantage sur les 'sur-titres' en français, pour chaque chanson dont les paroles sont ainsi traduites et transmises sur un écran derrière. Rien que pour cela, merci, mais pour le reste également !

Les rappels, à l'image d'un concert de Bruce, sont 'nombreux', étirent le plaisir jusqu'à l'heure et demie généreuse qui dépasse bon nombre d'autres 'petits' spectacles du Festival, et qu'on ne voit guère passer. "Tunnel of Love" est le premier, une aubaine pour moi qui craignais pareille absence et demeure particulièrement fan de l'album éponyme (Fabrice nous dira ensuite qu'il y a autant de quintessence créative springsteenienne dans cette chanson que dans "Born to Run" !) et avec ces harmonies femme-homme aussi gourmandes qu'adaptées vu le texte. Ensuite derrière, un très joli medley de "Out in the Street" (instrumental, mélodie que notre émule de Roy Bittan adore jouer !) et "I'm on Fire", "Cadillac Ranch" puis "Wreck on the Highway" (de quoi faire largement honneur au deuxième disque de The River, souvent boudé), pour clôturer avec "Because the Night", le tube 'donné' à Patti SMITH et bien sûr "Born to Run", toujours impressionnant de ruptures et de vocalises glorieux.

Cette formule piano-voix-voix, quoique très simple encore une fois, devant adapter diverses parties musicales en très peu de moyens, est un régal, tout ce que l'on attendait d'un tel concert et même mieux que cela. À vrai dire, un peu plus de moments théâtraux comme la séance psy auraient été bienvenus. Tous les moments musicaux, à commencer par la première version de chanson offerte, ne sont pas forcément 'solides' mais ils éveillent l'intérêt, apportent la confirmation que Fabrice est un grand pianiste qui met l'art au service de sa passion autant qu'il 'ose' (de ses propres dires, reprendre fidèlement n'apporte rien, mais il le fait pourtant très bien quand c'est le cas !). Aussi, que ce qui marche mieux que tout dans cette formule, c'est 'l'échange' avec Elsa, voix superbe et adaptée aux chansons, bien que pas pour autant proche de celle du Boss. Un grand moment donc, un vrai plaisir et qui se termine à l'extérieur, juste devant le théâtre, avec un échange pas si bref et très fourni. Tandis qu'Elsa reste dans l'ombre (ne pas avoir 'osé' lui parler est un regret), Fabrice a la gentillesse de prendre le temps, disserter avec nous sur les différents aspects de notre idole commune... Il rêve, un jour, d'un nouveau spectacle rien qu'avec des chansons méconnues de Bruce SPRINGSTEEN. Voilà, en effet et raisonnablement, de quoi rêver...




             



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