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- Membre : Big Boi

OUTKAST - Aquemini (1998)
Par ARCHANGEL le 14 Juillet 2025          Consultée 107 fois

À l’aube des années 2000, le spectre East Coast/West Coast sévit toujours sur le paysage du rap américain, mais le duo OUTKAST continue de propulser le rap sudiste dans une autre dimension. Souvent moquée, cette branche du hip-hop ne sait pas seulement rapper mais peut aussi réinventer les règles du jeu, tel que le groupe le prouve à chaque nouveau projet. Aux manettes de cette transition, Big BOI et André 3000 tracent la voie à l’extrême opposé des clichés et sans chercher à imiter New York ou la Californie. Leur troisième album, Aquemini, est publié en 1998 et combine les signes astrologiques de nos deux MCs, une métaphore qui illustre à merveille leurs personnalités distinctes et assorties, mais aussi leurs sensibilités. La fusion cosmique fonctionnait déjà quatre ans auparavant alors laissez-moi vous raconter comment le génie créatif s’est cristallisé sur cet album devenu notoire depuis sa sortie.

La courte intro "Hold On, Be Strong" est minimaliste comparé à ce qui va suivre, une mise en bouche toute douce sur laquelle on entend André 3000 jouer de la mbira, injectant cette touche de psychédélisme astral qui fait d’OUTKAST un laboratoire du hip-hop. Les rappeurs d’Atlanta samplent MORODER et la bande-son de Midnight Express dans "Return Of The G", un morceau majestueusement lent à la production sombre où les deux gangstas remettent les pendules à l’heure et dézinguent les critiques avec des flows tranchants sur fond de cuivres.

OUTKAST collabore avec RAEKWON du Wu-Tang dans le single effréné "Skew It On The Bar-B" pour se livrer à un exercice de style pur où les trois MCs enchaînent les rimes complexes sur une guitare funky. Sur la production bizarroïde et expérimentale de "Synthesizer", George CLINTON apporte le style légendaire du P-Funk tandis qu'André 3000 adopte une approche quasiment chantée et que Big BOI s’ancre comme un roc dans ce rap plus terre-à-terre plus traditionnel.

Ils font autant de ballades hip-hop à la vibe cool comme "West Savannah" que de compositions dont le style désoriente un peu, à la manière de "Mamacita" ou de l’a cappella "Nathaniel". Ce ne sont peut-être pas les plus gros tubes de cet album, mais ce qu’il y a de saisissant c’est que presque tous les titres semblent avoir traversé les décennies sans prendre une ride, à l’instar de "Slump", son beat funky et sa guitare wah-wah qui résonnent comme des ovnis toujours plus actuels que bien des nouveautés.

Le climat devient à la fois paranoïaque et suffocant dans "Y’All Scared" avec ses basses sourdes et son orgue étouffant tandis que "Chonkyfire" joue la carte audacieuse du mélange rock/hip-hop. Une descente lente aux paroles acides dans un champ de distorsion dominé par les guitares électriques, repoussant les limites conventionnelles du genre sans craindre de prendre des risques créatifs. "Liberation" est hors-catégorie tout simplement. Un piano jazzy s’ajoute sur une instru enveloppante aux consonances soul où CeeLo GREEN et Erykah BADU (la chérie d’André 3000 à cette époque) élèvent cette méditation vers quelque chose de sacré.

Le morceau totem "Aquemini" nous fait planer sur un beat mutant à la saveur old school, porté par une basse au groove tranquille qui évoque l’âge d’or du rap, mais dont le mix hyper travaillé pousse l’ensemble dans une autre dimension. Quant à "Da Art Of Storytelling", morceau emblématique décliné en deux parties, il nous fait revenir à un tempo plus direct et plus dynamique bien que le second volet adopte un ton halluciné où les synthés distordus annoncent la fin d’un monde.

Avec le single accrocheur "Rosa Parks", OUTKAST réussit le pari de créer un beat hip-hop funky et d’y mêler une instrumentation aux touches bluesy, notamment grâce au solo d’harmonica qui semble comme traversé d’électricité, une manière de dire que le rap sudiste a plus d’un tour dans son sac. On ne peut pas non plus passer à côté de "SpottieOttieDopaliscious", chef-d’oeuvre unique dans la discographie du groupe, à la frontière du reggae et du hip-hop où les deux amis évoluent sur un sample de "Dancing With The Moonlit Knight" de GENESIS, des percussions martiales et des trompettes funky qui éclatent, prouvant leur ambition d’apporter complexité et intelligence à ce qui était encore considéré comme un sous-genre provincial en ce temps-là.

Big BOI et André 3000 construisent un monde à eux sans faire de concessions, un monde où les différences deviennent harmonies et où le rap peut être à la fois organique, funk, psychédélique, rock, absurde, dérangeant et intelligent. Un monde appelé Aquemini. C’est dans cet espace que la tension entre technique et débordement se crée, où les flows millimétrés cohabitent avec des expérimentations lunaires et où chaque mesure peut basculer vers l’inattendu à tout moment. Un album hors du temps qui impose encore aujourd’hui OUTKAST comme un phare de créativité.

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   ARCHANGEL

 
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1. Hold On, Be Strong
2. Return Of The G
3. Rosa Parks
4. Skew It On The Bar-b
5. Aquemini
6. Synthesizer
7. Slump
8. West Savannah
9. Da Art Of Storytellin’ (pt. 1)
10. Da Art Of Storytellin’ (pt. 2)
11. Mamacita
12. Spottieottiedopaliscious
13. Y’all Scared
14. Nathaniel
15. Liberation
16. Chonkyfire



             



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