C’est du nord de Londres, du quartier de Harrow qu’est originaire le duo portant le nom d’un dessert : BLANCMANGE. Ce groupe de new wave est symbolique des mouvements synth pop et de leur simplicité, leur minimalisme. Il est composé du chanteur guitariste Neil Arthur et du claviériste Stephen Luscombe. C’est dans la célèbre compile Some Bizarre Album en 91, en compagnie de DEPECHE MODE et de SOFT CELL qu’ils percent pour la première fois la couche de l’anonymat. Les maisons de disques sont alors à la recherche de tout ce qui pourrait faire des billets verts et BLANCMANGE est rapidement envoyé en studio par la major CBS, on admirera la couverture enfantine issue des couvertures des écrits de Enid Blython, celle du club des 5, eh oui !

Pas moins de 4 singles vont s’extirper de ce premier album pour faire le buzz ! Boîte à rythmes et nappes de synthés tout du long, 'God’s Kitchen' met bien les points sur les 'I' quant à savoir l’obédience musicale du groupe. Les synthés sont donc bien pompiers et relativement frustres. "Feel Me" prend la relève quelques mois plus tard avec les mêmes trademarks. On y appréciera le refrain bien agressif qui annonce clairement les succès à venir de EURYTHMICS, de même le lick de synthé est très réussi.

C’est bien sûr avec le riff orientalisant de "Living On The Ceiling" assorti de sa vidéo tournée dans les rues du Caire que BLANCMANGE va percer la couche d’indifférence. Le refrain est une vraie petite merveille de New Wave Synth pop, ce titre est une tuerie absolue et tournait comme une formule un sur les radios fin 82 ! La performance de Neil Arthur sur ce titre est dantesque. Enfin "Waves" se présente comme une introduction à la synth pop reine de ces fières années, YAZOO ou DEPECHE MODE sont issus du même moule et cette chanson est douce et suave avec de superbes choeurs lumineux qui doivent beaucoup à la soul.

Il y a du OMD et du YAZOO dans les notes diaphanes de "I’ve Seen The World", qui s’impose comme un des musts de cette livraison, on y aime le chant de Neil et sa belle voix si claire. "Wasted" n’est pas du même tonneau et bien que construit sur une base rythmique et mélodique d’une simplicité désarmante, se pose avec facilité dans les bons moments de ce disque. Les nappes lourdes de Stephen y sont superbes. Neil est parfaitement capable d’imposer sa voix de baryton veloutée et ample, sur "Cruel", elle domine les débats et s’oppose à la force des claviers de Stephen Luscombe.

Une mélodie toute simpliste qui doit autant aux CURE qu’aux chansons enfantines de leurs enfances, c’est "Sad Day", on a presque l’impression que va s’envoler la voix de l’icône Robert SMITH. Malgré sa simplicité et son aspect contine, cet instrumental bénéficie d’une aura toute originale, à clairement rattacher à la pochette géniale de cet album. La répétitivité du thème de "I Can’t Explain" en faisait un must pour les dancefloors de l’époque, et son lick de synthé sonne comme une sirène ce qui suffisait au bonheur des jeunes d’alors ! "Kind" est pressée, avec une basse galopante et une gratte bien dans l’air du temps tenue par Neil, dont le chant est superbe ! De la New Wave avec un immense N !

Ce premier album de BLANCMANGE est un instantané très exact de l’évolution de la musique en ce début d’année 82, alors que la synth pop est en train de prendre le monde par surprise. A ce titre il ne manquera pas d’interpeller les amateurs d’électro et de dance car l’ensemble a vraiment une gueule terrible. On ne peut que souligner la présence du super hit "Living On The Ceiling", il n’y a pas de filler et je ne peux que positionner un joli 4 méritoire !