Un nouveau nom de famille ?

Confronté à la difficulté du second album après une première livraison plutôt séduisante et originale où l’aspect cybernétique parvenait à conjuguer un rock plus marqué, COURTING choisit de se travestir afin de passer cette épreuve toujours périlleuse.

Au sens propre du terme d’ailleurs, si l’on jette un œil au clip qui fut retenu pour "Throw". Le quatuor y figure grimé en mode emo, un visuel complètement en phase avec la musique jouée, à savoir un pop punk endémique assumé que n’aurait pas renié BLINK-182. Mais la surprise avait déjà été éventée via "Flex". En effet, l’inaugural single annonçant New Last Name était très clair dans son contenu lyrique : Maintenant que je suis une popstar/Je fume tout le temps. Le temps où le chanteur/guitariste Sean MURPHY-O’NEILL clamait Je ne veux pas être une popstar tout de suite/J’y penserai peut-être plus tard semblait donc révolu.

Extrêmement théâtral, jusque dans la mise en scène retenue pour certains clichés sur lesquels apparaît le groupe en compagnie de l’épée croquée en tête de gondole, les jeunes Liverpuldiens arborant même des pseudonymes, New Last Name assume son côté racoleur, à l’image de "Babys", à l’extrême-limite de la putasserie. Les chansons sont synthétiques, l’usage du vocoder systématique déformant la voix de MURPHY-O’NEILL jusqu’à la robotique.

Mais cet usage n’est-il pas délibéré et provocateur, par pure défiance vis-à-vis d’une ancienne génération rock dont on sait qu’elle va rejeter en bloc cette technique plus qu’un pur aspect commercial volontaire ou les suites d’expérimentations simplement autrefois esquissées ? En effet, l’écriture de MURPHY-O’NEILL est astucieuse, pleine d’ironie et en phase avec les préoccupations de la génération à laquelle appartient le jeune homme.

Le final "America" aborde ainsi la modification des relations humaines telles qu’elles ont pu évoluer au cours des dernières années, entre l’avènement des contenus de streaming illimités et les divers confinements : Mais je suppose que, pendant un moment, nous avons eu une relation/Pas à la manière de Céline Dion – nous avons regardé Amazon Prime/Et j’ai dormi cette nuit-là, je n’avais pas aussi bien dormi depuis un moment. À l’instar de "The Wedding" aux accents de SMASHING PUMPKINS ("1979") et du méditatif "The Hills", il s’agit d’un des titres les plus remarquables du recueil. Sa durée évidemment, mais il sème également une ultime fois le doute. COURTING n’abandonne-t-il pas déjà le masque duquel il s’est paré au début de cette représentation ?

New Last Name demeure déroutant si bien qu’on éprouve des difficultés à le noter en ultime instance. Le syndrome de Stockholm a failli faire une victime supplémentaire, mais je stationne à deux étoiles.

Toutefois, je reste curieux de voir où s’aventurera COURTING prochainement.