Teisutis MAKAČINAS est un compositeur lituanien de musique classique, diplômé en 1956 du conservatoire de Vilnius et professeur de musique depuis 1959. Quelques-unes de ses œuvres furent éditées par le label Melodiya, parmi lesquelles Disko Muzika, un recueil de compositions électroniques et chantées, de style Disco. Un tel écart stylistique ne peut qu’attiser la curiosité.

La scène musicale soviétique s’est emparée de certains styles musicaux occidentaux avec une certaine latence, rideau de fer et censure oblige. À titre d’exemple, le rock progressif ne s’y est vraiment développé qu’à partir du début des années 1980, avec Eduard ARTEMYEV ou les estoniens IN SPE. Il en va de même de la musique Disco. Dans ce domaine, le groupe français SPACE fut sans-doute celui qui remporta le plus de succès en URSS, bien que ses albums n’y fussent édités officiellement qu’à partir de 1983. Avant même cette date, quelques artistes tels que Teisutis MAKAČINAS ou le groupe ZODIAC (lettonien quant à lui) tentèrent d’émuler le Space Disco.

Comme nous pouvions le redouter, nous nous retrouvons avec une copie Canada Dry de Disco sur les bras. Le son est cataleptique, la boîte à rythmes est à la traîne, les synthétiseurs peinent à investir l’espace sonore. Disko Muzika se distingue de son modèle avant tout par son tropisme musical est-européen, apportant des chœurs très caractéristiques dont l’utilisation relativement élaborée laisse deviner la formation classique de Teisutis MAKAČINAS. Les deuxième ("Ilgas Laukimas") et cinquième ("Gėlės Veidrodyje") pistes sont de loin celles qui sonnent le mieux, mais pas de bol, ce sont les plus impersonnelles. L’une est un pur plagiat de "Magic Fly" de SPACE, tout est fait pour y ressembler le plus possible, c’est d’un opportunisme qui force le respect. L’autre est un MORODER-like qui lorgne avec insistance sur "I Wanna Rock You" (E=MC², 1979), où on cherche visiblement à imiter le son du Clavinet avec un synthé, c’est assez comique.

Les cinq morceaux mettent nettement plus à contribution les harmonies chorales, mais les mélodies sont la plupart du temps trop édulcorées et affectées pour que l’on puisse y croire vraiment. Il y a cependant LE morceau qui sauve tout, le premier ("Į Dieną Einam"), qui nous offre d’excellents développements mélodiques, présages du meilleur pour la suite.

Alors voilà, Disko Muzika est loin d’être le meilleur album de musique électronique soviétique, largement surpassé qu’il est par les œuvres d’Eduard ARTEMYEV et Mikhail CHEKALINE, ni même le meilleur album de Disco soviétique, étant donné les albums retardataires mais convaincants de ZODIAC.