Un bien étrange album que celui-ci, seule et unique œuvre de l’Américain Henry SWEITZER, sauvée de l’oubli par le label Creel Pone, spécialisé dans la réédition (non officielle) d’œuvres de musique expérimentale. Te Deum est un album que l’on peut aisément classer en électronique progressif aux côtés de SYNERGY, Ernest HOOD et David BORDEN (pour en rester à la scène américaine), voire Terry RILEY pour le côté à la fois minimaliste et planant (cf. Persian Surgery Dervishes).

Te Deum est composé de trois pièces très différentes les unes des autres. Le morceau-titre est une longue suite mélodique et abstraite, homogène voire hermétique. C’est clairement une pièce mélodique, à fort tempérament mélancolique voire lysergique. Cette pièce est des plus étranges, puisque déroulant d’un bloc une ambiance inamovible, imperturbable. Les sons et le style mélodique sont les mêmes d’un bout à l’autre, et pourtant les mélodies ne se répètent jamais vraiment. Surtout, "Te Deum" est une œuvre incroyablement apaisante, sans pour autant être ennuyeuse, à tel point que l’on ne fait plus la distinction entre composition et improvisation. Il faut l’entendre pour le croire, c’est une sensation assez rare et particulière. Une certaine idée de la méditation mystique en musique.

Les deux autre pistes sont tout aussi déstabilisantes, d’une autre manière. "Open Windows" consiste en un amas d’effets sonores et de nappes électroniques acides sur lesquelles se greffent des séquences erratiques ou des airs de comptines. Le dernier morceau, "Study On A Waring Blender : Futura 950", est une suite de notes un peu difficile à suivre, à la mélodie ténue et au rythme chaotique, rappelant lointainement les expérimentations de Morton SUBOTNICK sur le synthétiseur Buchla 100, achevant l’écoute musicale en suspens. Les trois titres, très variés, ne permettent pas de se faire une idée précise du style mélodique de Henry SWEITZER, qui semble avoir bel et bien disparu de la circulation.

L’histoire de la musique électronique regorge de ce genre d’œuvres mystérieuses. Te Deum est un album sombre, pas forcément accessible ni excellent, pas une claque musicale, mais une expérience unique en son genre.

3 ½ sur 5