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1975 Another Live

UTOPIA - Another Live (1975)
Par MINJSKA le 28 Mai 2025          Consultée 352 fois

Habituellement, on pourrait penser que les projets annexes initiés par des artistes solos sont trop expérimentaux, trop conceptuels, pas assez accessibles. Ce qui est intéressant avec UTOPIA — projet porté par Todd RUNDGREN — c’est que les créations deviennent un véritable prolongement collectif de son univers sonore.

Nous sommes en 1975. UTOPIA n’a pas encore de réelle entité autonome. Todd RUNDGREN prend en charge la production, décide des virages artistiques, incarne le groupe sur scène. Leur premier album, Rundgren’s Utopia, sorti un an plus tôt, adopte pleinement l’esthétique du rock progressif : la première face, composée d’un seul morceau "The Ikon", dure près de 30 minutes. Les morceaux sonnent très jam, très alambiqués, à la façon du MAHAVISHNU ORCHESTRA.Another Live, enregistré en concert à Central Park, est leur deuxième album. C’est un disque exclusivement conçu pour la scène : la majorité des morceaux de la première face n’a jamais été enregistrée en studio. Cette première face sonne comme un bel hommage — et peut-être un adieu — au rock progressif, qui commence doucement à s’essouffler à cette époque.

Le morceau d’ouverture, "Another Life", est une première démonstration de force : les claviers débordent dès les premières secondes, aucune structure classique, pas de couplet-refrain — les motifs se croisent, se répètent, disparaissent. La trompette, introduite au milieu du morceau, apporte une touche jazzy inattendue, presque libre. Ce premier titre est tellement riche en influences qu’on y entend du Frank ZAPPA — cassures rythmiques, dissonances assumées — mais aussi du MAHAVISHNU ORCHESTRA, avec cette fusion évidente du jazz et du rock électrique. Le titre suivant, "The Wheel", est plus suspendu, avec une section rythmique plus lente. On y retrouve toute la fragilité et l’émotivité de RUNDGREN : ici, il n’est pas question de prouesse ou de démonstration.

"The Seven Rays" apparaît alors comme une rupture, une sorte de lumière cosmique qui jaillit — le cœur vibrant de l’album. Ce titre pourrait incarner à lui seul l’esprit d’UTOPIA en cette année 1975. RUNDGREN reprend son rôle de guide, son chant est plus affirmé, totalement habité. Mais le morceau est surtout porté par sa guitare, qui surgit par vagues, à la fois dissonante et explosive. Et les synthés : ils ne cherchent pas la virtuosité, mais plutôt à créer une sensation de science-fiction spirituelle. Chaque nappe semble indépendante, différente — et pourtant, de cette désynchronisation naît une justesse presque parfaite. Une cohérence diffuse, instable, mais magnétique.

Les morceaux suivants sont plus légers. Après l’explosion cosmique de "The Seven Rays" et "Intro / Mister Triscuits", ils jouent un rôle de décompression presque obligatoire suite à la grandiloquence des premiers titres très prog. "Something’s Coming", toujours nourri de l’esprit ZAPPA — avec ce goût du théâtre musical très prononcé et sa structure si particulière — commence tout de même à se détacher de l’esthétique des premiers titres. Mais l’expérience cosmique prend définitivement fin avec "Heavy Metal Kids", qui annonce nettement le virage artistique du groupe. Énergie brute, structure plus directe, avec un chant grinçant et des guitares qui sonnent davantage rock’n’roll. Le groupe continuera dans cette lignée jusqu’à la fin de l’album, avec des morceaux courts, directs et très énergiques.

Ce qui est intéressant, c’est que la formation UTOPIA a, en quelque sorte, mis en scène son propre virage artistique — une transition vers des sonorités plus pop, plus concises, moins conceptuelles. Alors, peut-on déplorer ce basculement ? Hélas non, puisque UTOPIA — comme beaucoup de formations étiquetées “prog” — devait opérer ce virage. C’était une réorientation presque nécessaire. Au milieu des années 70, le rock progressif commence à se replier sur ses propres codes. Et surtout, RUNDGREN — dans toute sa complexité d’artiste aux multiples facettes — ne reste jamais longtemps dans un seul costume.

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- Todd Rundgren (chant, guitare)
- Moogy Klingman (harmonica, claviers, glockenspiel, chant)
- Ralph Schuckett (basse, accordéon, clavinet, claviers, chant)
- Roger Powell (synthétiseur, trompette, claviers, chant)
- John Siegler (basse, violoncelle, chant)
- John Willie Wilcox (batterie)


- Another Life
- The Wheel
- The Seven Rays
- Intro/mister Triscuits
- Something's Coming
- Heavy Metal Kids
- Do Ya
- Just One Victory



             



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