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Todd RUNDGREN - Something/anything? (1972)
Par MINJSKA le 4 Juin 2025          Consultée 531 fois

Il serait complètement absurde de vouloir classer Todd RUNDGREN dans un seul genre musical tant sa musique est singulière et plurielle. Certes, ses plus grands titres évoquent une pop un peu décalée, parfois enjouée, mais toujours inclassable.

Something/Anything?, son troisième album sorti en 1972, met justement en lumière sa complexité d’artiste aux multiples facettes, résolument avant-gardiste. Ce disque – comme beaucoup d’autres dans sa discographie – est un véritable laboratoire sonore personnel. Trop large, trop libre, parfois pop, prog, soul, mais toujours dans une démarche expérimentale, RUNDGREN déborde d’inventivité et de liberté, et parvient à changer de peau à chaque album. Rares sont les artistes capables de s’emparer des codes d’un genre musical – de les traverser – sans jamais s’y enfermer.

Ce troisième disque est une sorte d’album-monument, une pure production artisanale, dans lequel RUNDGREN joue presque tous les instruments lui-même. Il enregistre seul la majorité des morceaux, en assurant le chant, les claviers, la guitare, ainsi qu’une grande partie de la production.

Something/Anything? débute avec le célèbre et très enjoué "I Saw The Light", un véritable tube pop-soul dont l’esthétique rappelle fortement celle de Carole KING, tout particulièrement l’album Tapestry. Le titre est entièrement composé, joué et enregistré par RUNDGREN. Cette première piste, volontairement accrocheuse et accessible, laisse tout de même entrevoir les ambitions plus expérimentales de l’album. "I Wouldn’t Have Made Any Difference" s’inscrit dans la même lignée et prolonge cette atmosphère de slow pop-soul, avec une teinte mélancolique plus marquée. Toujours dans la première partie, "Cold Morning Light" s’inscrit dans cette continuité émotionnelle, mais ici, l’alliance de la guitare acoustique et de la flûte traversière confère une texture plus bucolique, à la manière de certains morceaux de DONOVAN. La voix de RUNDGREN devient plus fragile, presque onirique, et se mêle à l’instrumentation avec beaucoup de douceur.

L’album s’ouvre donc sur des morceaux accessibles, aux lignes mélodiques très fluides, avant de basculer dans un univers sonore plus complexe. "It Takes Two to Tango" apporte un nouveau souffle à cette partie introductive : c’est le début du voyage. Le synthétiseur utilisé en ouverture est hypnotisant, il contraste intelligemment avec les titres précédents. L’ambiance théâtrale et les ornements excessifs (un peu kitsch, mais avec beaucoup de charme !) rappellent légèrement l’univers de Nursery Cryme de GENESIS. Un peu plus loin, le morceau "Breathless" détonne davantage – totalement inclassable, mais très prog dans l’esprit. RUNDGREN superpose les instruments de façon mécanique et déstructurée, à la manière de ZAPPA. La ligne de synthé guide tout le morceau et pulse une nervosité rythmique presque étrange dans l’album.

Todd RUNDGREN continue d’accentuer l’aspect onirique et décalé de son œuvre avec l’excellent "The Night the Carousel Burned Down", aux sonorités très prog-psychédéliques. Le morceau semble parfois glisser vers un KING CRIMSON allégé (période Lizard), avec sa douce dissonance et ses flottements entre beauté et climats plus décalés. Surgit ensuite "Saving Grace", qui semble incarner une forme d’apaisement, avec une structure plus classique. Le piano, toujours mélancolique, structure le morceau, tandis que le synthétiseur, dans la même tonalité mineure, confère au titre une gravité dépouillée, presque silencieuse.

Dans la suite de l’album, RUNDGREN pousse encore plus loin l’émotion, l’étrangeté et la mélancolie, avec des titres comme "Marlene" (écrit pour sa petite amie de l’époque) ou "Torch Song", qui marquent une forme de point culminant intime. Puis Something/Anything? retrouve progressivement son énergie, cette fois dans une veine plus nerveuse, presque proto-power pop avec "Couldn’t I Just Tell You", "Little Red Lights" ou encore "Some Folks Is Even Whiter Than Me". RUNDGREN excelle dans l’art du contraste tout au long de l’album. Et impossible de ne pas mentionner l’iconique "Hello, It’s Me", d’une beauté bouleversante, efficace, plus accessible, très soul-pop, dans l’esprit des premiers morceaux. Il aurait d’ailleurs pu ouvrir l’album, mais il est parfaitement à sa place, caché au milieu de toutes ces bizarreries.

La boucle est bouclée. Todd RUNDGREN nous a ouvert les portes de son laboratoire sonore, en nous laissant effleurer ses fragments, ses bribes, ses bizarreries – sans jamais chercher à les ordonner.Something/Anything ? tient lieu d’autoportrait par fragments, et incarne brillamment les multiples visages de cet artiste insaisissable.

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   MINJSKA

 
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- Todd Rundgren (tous les instruments sur les trois premières faces)
- Randy Brecker (trompette)
- Michael Brecker (saxophone)
- Rick Derringer (guitare)
- John Siomos (batterie)
- John Siegler (basse)
- Mark Klingman (claviers)
- The Hello People (choeurs)


1. I Saw The Light
2. It Wouldn't Have Made Any Difference
3. Wolfman Jack
4. Cold Morning Light
5. It Takes Two To Tango (this Is For The Girls)
6. Sweeter Memories
7. Intro
8. Breathless
9. The Night The Carousel Burned Down
10. Saving Grace
11. Marlene
12. Song Of The Viking
13. I Went To The Mirror
14. Black Maria
15. One More Day (no Word)
16. Couldn't I Just Tell You
17. Torch Song
18. Little Red Lights
19. Overture - My Roots: Money (that's What I Want)/me
20. Dust In The Wind
21. Piss Aaron
22. Hello, It's Me
23. Some Folks Is Even Whiter Than Me
24. You Left Me Sore
25. Slut



             



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