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BAT FOR LASHES - The Bride (2016)
Par ARCHANGEL le 10 Juin 2025          Consultée 199 fois

En 2016, Bat FOR LASHES conte sur son quatrième LP un mariage raté. The Bride, c’est ça : une noce sans fiancé, une cavale en robe blanche trempée par le deuil, la bande-son d’un mariage qui déraille avant même l’échange des voeux. Un disque d’une grande beauté, après tout c’est de Natasha Khan qu’on parle non ? Avec elle, on sait avant même la première note qu’on va partir quelque part puisqu’elle fait partie de ces créatrices qui ne livrent jamais de simples albums mais qui les transforment en véritable voyage, ici, le road-trip d’une mariée qui n’a pas vu la mort venir et qui roule désormais seule, la bague au doigt et le coeur en vrac vers un ailleurs incertain.

Le prélude "I Do" s’ouvre comme un rêve féérique, c’est le voeu de la mariée - lancé dans le vide sur des voiles de synthés et des cordes à moitié fantômes - dans ce timbre si doux et si pur qui annonce aussi la fracture, comme s’il était déjà temps pour les adieux. Le single "Joe’s Dream" est le rêve prémonitoire de cette cérémonie nuptiale interrompue : une ballade lente hantée par la guitare électrique réverbérée jouée par KHAN sur de superbes harmonies spectrales.

Natasha sacralise la dévastation du deuil avec le single "In God’s House", qui agit telle une pièce maîtresse de cette histoire d’amour écourtée (In God’s house I do wait/For my love on our wedding day/Dewey eyes and lashes long for my love/But I’m feeling something’s wrong). Nappes liturgiques, batterie en procession, un omnichord solennel et la voix de KHAN qui annonce que l’amour ne viendra pas, sincèrement il faut ne pas avoir de coeur pour ne pas ressentir les frissons grandioses d’une âme qui s’effondre dans une église vide.

Dans le chapitre suivant, "Honeymooning Alone", Natasha nous embarque avec une instrumentation noircie au psychédélisme avec une guitare rétro, presque sixties. Une fois de plus, les percussions martiales prennent la route avec cette mariée en robe blanche qui chante pour les morts (If I drive far enough, will I find my love?/My love, my love), la ligne de basse est simple mais elle palpite joliment aux côtés de cette harpe funèbre, ambiance très Lana DEL REY, quand la pop baroque épouse la fiction à la perfection.

Après cette procession de fantômes et de harpes gothiques, Bat FOR LASHES allume soudain les néons d’un autre décor et livre le morceau le plus pop de l’album avec le single "Sunday Love". C’est une cavalcade nerveuse et énergique de synthés, d’orgue et d’omnichord frétillants comme si la douleur s’était mise à danser au bord du précipice. L’ensemble est très bien agencée, c’est grisant mais ça frôle presque trop mainstream à mon goût.

On continue dans la lenteur hantée avec le tempo lent et magique de "Never Forgive The Angels". Un morceau suspendu où le temps se rallonge sur un lit feutré. La guitare gratte doucement pour ne pas déranger le silence et j’adore les petites touches de ce piano un peu pudique qui répond à Natasha qui nous offre les harmonies les plus éthérées de ce disque (Nightmares come and they don’t go/For my love is gone/And I will never forgive the angels for that). Une merveilleuse plainte céleste, une rage douce dirigée vers le ciel - à écouter quand le divin trahit.

"Widow’s Peak" nous transporte sur les contours cinématographiques de cet album, à la manière d’une DEL REY poétique et mystique. Natasha ne chante pas, elle récite une incantation d’une voix de plus en plus possédée, une sorcellerie acoustique dont l’accompagnement est minimal : le son clair du célesta, quelques accords de guitare et des percussions frottées suffisent pour créer cette atmosphère si calme mais totalement désespérée (Bride in the fog and no way out/Can’t see my own hands, can’t hear a sound/Where angels conspire and heroes do drown/I am lost in the mire, upside down/Is that my soul on fire whirling by?/Take a walk, man of god/I just want to die/I tell you my friend/The widow is on my trail).

De plus en plus mystique, Natasha nous embarque dans les limbes de la SF sur "Close Encounters". KHAN voit son bien-aimé partout et la musique s’articule autour de ce virage cosmique où le deuil devient surnaturel : les synthés planants s’étirent et flottent main dans la main avec cette section de cordes qu’on retrouve également dans "Land’s End" où la guitare réapparait, sobre comme une tombe mais vibrante de cette tension qu’on sent quand on arrive à la fin d’un voyage. KHAN signe seule toute l’instrumentation du single "If I Knew" : une chanson sans fioriture, une simple guitare, un piano épuré, des harmonies aériennes. C’est l’intime face au gouffre, une chanson d’espoir fragile qui s’autorise à croire qu’il existe des moments de douceur dans la tragédie, à l’image de ce qu’on entend dans "I Will Love Again" et "In Your Bed". Une note optimiste et trompeuse d’une mariée emmurée dans le déni, tel qu’on l’entend sur le titre bonus "Clouds". L’espoir flotte sur ces nappes cotonneuses où la rythmique est volontairement absente et la voix de KHAN plane sans attaches en attendant que le temps passe (Clouds, black and white/I am lost until some day/When you will come and find me).

On connaît Bat FOR LASHES et avec Natasha aux commandes - une artiste constante et extrêmement talentueuse - on peut compter sur la beauté du son même si l’histoire sent la rose fanée. The Bride est idéal pour les amoureux d’albums-concept exigeants car ici se croisent la pop, le spoken work, l’électro minimale mais surtout, la narration divine d’un conte lugubre où KHAN raconte l’absence munie de sa harpe et de son célesta. Franchement, que demander de plus ?

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- Natasha Khan (chant, batterie, célesta, harpe, guitare électriqu)
- Alex Reeves (batterie, percussions)
- Ben Christophers (basse, guitare, piano)
- Dan Carey (synthés)
- David Baron (basse, synthés)
- Dawn Landes (guitare)
- Kevin Salem (guitare)
- Lou Rogai (basse, guitare)
- Simone Felice (batterie)


1. I Do
2. Joe's Dream
3. In God's House
4. Honeymooning Alone
5. Sunday Love
6. Never Forgive The Angels
7. Close Encounters
8. Widow's Peak
9. Land's End
10. If I Knew
11. I Will Love Again
12. In Your Bed
13. Cloud (bonus)



             



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