Ce qui est vraiment cool quand on tombe entre les griffes de Mickey, c’est qu’on peut maximiser le potentiel commercial en variant les plaisirs : chanter, jouer, danser mais surtout vendre des lunch box à l’effigie de la souris préférée des ricains. Leurs chansons sont sur toutes les bandes-son et puisque ALY & AJ savent aussi courir à la caméra, la souris-manager les propulse sur petit écran dans leur premier film, Cow Belles en 2006. Pas question de souffler car l’usine tourne à plein régime alors elles enchaînent dès l’année suivante avec un nouvel album studio intitulé Insomniatic. Tout est dans le titre, pas de repos pour les jeunes stars de l’écurie magique…

Insomniatic marque un petit virage pour ALY & AJ car même si les racines pop-rock s’entendent toujours, la production est nettement plus électropop, davantage grand public. Mais derrière le vernis pop glossy se cache ce bon vieux quota de ballades, insérées stratégiquement pour montrer qu’on a de la profondeur. "I’m Here" joue la carte du coeur tout mou sur un piano et des montées vocales qui cherchent en vain la performance, "Flattery" met les petits plats dans les grands sous forme d’une power ballade aux percussions banales et à la guitare électrique mais cette dernière s’efface pour laisser place aux synthés clinquants comme dans l’ambitieuse "Division".

Et puis il y a "Closure", électro-rock très 2007 parfaitement taillée pour le générique de fin d’un film Disney. La mélodie est efficace et les deux soeurs harmonisent sagement mais la production sur-dosée comme un milkshake au speed agace un chouïa, quant à "Silence", elle décroche la médaille de la pire chanson de la livraison avec ses percussions synthétiques cheap et ses paroles pseudo introspectives d’assez mauvais goût. On doit aussi composer avec un remix du single "Chemicals React" mais aussi avec l’uptempo crispant de "Like It Or Leave It" ou de "If I Could Have You Back", deux morceaux qui essaient de relancer l’énergie de l’album sans vraiment y parvenir.

Avec "Insomniatic", c’est un tout petit peu mieux, la mélodie est bien moins casse-bonbon mais on ne peut pas non plus tout planquer derrière des riffs de guitares si celles-ci transforment la chanson en teen rock sous Red Bull. Même constat pour "Bullseye" qui souffre par moments d’effets sonores robotiques superflus alors il faut se rabattre sur les deux singles du disque, "Potential Breakup Song" et "Like Whoa". Ultra formatée, cette pop bubblegum dopée aux claviers pardonne tout à ALY & AJ, même l’usage de l’auto-tune dont le duo n’a pourtant pas besoin. Indispensables dans la playlist des ados de 13 ans en 2007, quoi…

Conclusion ? Les deux blondinettes se retrouvent coincées, non seulement entre les griffes de Mickey, mais aussi entre deux gimmicks : le girl power estampillé Disney Channel et l’envie d’émancipation à coups de guitare saturées et de Converse gribouillées. Mais Insomniatic reste moulé dans les comédies musicales pour ados où l’émotion est complètement préfabriquée. Tout est tellement étouffant en terme de production et dans le même temps, ça suinte le bal de promo où tout le monde s’ennuie alors je pose un mini 2 en espérant que cela servira d’encouragements.