ALTAÏS est l’une des formations annexes du courant Zeuhl français des années 1980, trouvant son origine dans l’ancien sextet APSARA, n’ayant jamais enregistré d’album studio complet (uniquement un morceau), et s’étant scindé en deux: une moitié ayant formé, avec trois nouveaux musiciens, le groupe ALTAÏS, l’autre ayant fusionné avec un autre groupe (GORGONUS) pour devenir SHUB-NIGGURATH qui s’imposera comme l’un des fleurons du genre. ALTAÏS n’a publié qu’un EP en 1985, regroupant trois compositions.

Malheureusement, comme cela arrive parfois avec la Zeuhl, le groupe copie de trop près son modèle MAGMA. Le long morceau-titre mélange maladroitement un style mélodique très proche de celui d’EIDER STELLAIRE (les accords de piano, la ligne de basse) et des influences magmaïennes bien trop voyantes. Philippe Gourdier imite le chant haut perché de Klaus Blaquiz, les interjections et discours gutturaux de Christian VANDER dans un genre de kobaïen-yaourt – on discerne tout de même quelques fameux Hür!. Dans son dernier tiers, la composition lorgne avec insistance vers "Tröller Tanz" (lui-même inspiré de l’Oiseau de Feu d’Igor STRAVINSKI) issu de l’album Üdü Ẁüdü (1976). Le morceau suivant, "Promenade…", imite péniblement "Dense" (1981) d’UNIVERS ZÉRO, en plus d’avoir un titre faisant référence à PRESENT ("Promenade au fond d’un canal", 1980) auquel il semble également ses référer musicalement, dans une moindre mesure. Ce n’est certes pas aussi grotesque que chez le groupe TROLL de Michel Altmayer (cf. Troll Vol. 2, 1988), mais ces clins d’œil répétés ne sont guère crédibles et le groupe ne peut prétendre à l’originalité. Non, franchement, mieux vaut s’intéresser aux travaux d’EIDER STELLAIRE, certes relativement accessibles et pas parfaits mais ayant leur propre personnalité. Bref, rien de neuf ni de très palpitant, si ce n’est peut-être le dernier morceau "Gravitation Zéro", basé sur les chœurs et garni de belles touches de claviers et de percussions – on dirait effectivement du SHUB-NIGGURATH planant sans la batterie ni la basse saturée –, très beau mais hélas trop court, comme une piste en friche, une idée laissée en suspens, qui aurait eu bien plus de force d’impact avec davantage de développement. Dommage, vraiment.

Bien qu’une partie de la formation d’APSARA ait été remaniée suite au départ de plusieurs membres pour SHUB-NIGGURATH, l’EP d’ALTAÏS est bel et bien situé dans la continuité d’APSARA. D’ailleurs, ce dernier aurait pu conserver son nom d’origine, mais le batteur Patrick Joliot l’a changé en ALTAÏS afin d’éviter la confusion avec le groupe japonais APSARAS sont il venait d’apprendre l’existence. Le 16 décembre 1985, le groupe saisit une double opportunité: assurer la première partie (trois morceaux dont un totalement inédit) d’un concert conjoint d’ESKATON et EIDER STELLAIRE, et croiser à nouveau les membres d’EIDER STELLAIRE qui leur prêteront à nouveau leur local (dans le local desquels APSARA ont déjà répété en 1982-83) pour réaliser un enregistrement en studio, avec l’assistance technique de Franck Marchebout (ingénieur du son d’ESKATON pour la scène). La ressemblance du morceau-titre d’Altaïs avec EIDER STELLAIRE n’est donc pas fortuite.

Ce disque a été réédité en 2015 par Soleil Zeuhl, couplé à des enregistrements live inédits d’APSARA, sous la forme d’un double album en édition limitée. À noter que le morceau-titre a été réédité sur les rééditions CD (à partir de 1990) de l’album collectif Ennéade (1987) publié par Muséa.

P.S.: Les informations historiques de cette chronique sont issues du livret du CD Apsara / Altaïs, lui-même basé sur des entretiens avec les membres des deux groupes. Corriger chronique
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