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2025 Radio Armageddon

CHUCK D - Radio Armageddon (2025)
Par ARCHANGEL le 21 Juin 2025          Consultée 153 fois

Avant, au lieu de parler bling-bling et boules bien rebondis, le rap soulevait des poings et voulait éveiller les consciences. Ce temps n’est pas révolu tant que des artistes comme Chuck D tiennent toujours fièrement leur micro. Figure tonitruante et emblématique du hip-hop américain, Chuck est l’un des co-fondateur de PUBLIC ENEMY, redéfinissant dans les années 80 ce qu’était le rap politique. À 64 ans, le MC revient en solo avec Radio Armageddon, un album engagé pour poursuivre le combat encore et encore.

Avec "Radio Armageddon", les missiles sont lâchés dès l’intro. Un peu d’interférences, des scratches rétro et on enchaîne sans plus attendre avec la boucle de guitare électrique bien granuleuse de "What Rock Is" et le new-yorkais rappe les racines noires du rock’n’roll et le racisme sur un beat boom bap bien musclé, un peu comme BEYONCE l’a raconté sur Cowboy Carter. Chuck D n’enjolive pas, il martèle un débit presque militaire et son flow rectiligne frappe comme un coup de massue. Il ne cherche pas l’agilité ou les acrobaties techniques mais la portée, comme si ses punchlines devaient être impérativement scandées à travers un mégaphone.

Le beat crépite sur "Black Don’t Dead" et Chuck D balance des barres sur un tempo modéré, avec la cadence d’un prêcheur. Musicalement ça me plaît moins mais son articulation implacable et son flow oratoire finissent d’ancrer son message - qu’il déclame sans relâche - dans la mémoire de ses auditeurs (Who protects us from you?). Le rappeur s’adresse aux générations de MCs à venir sur le single "New Gens", avec un brin de condescendance et une instru sans grand intérêt. Dans "Rogue Runnin", il faut attendre le deuxième couplet pour trouver un semblant de pertinence dans ce que Chuck propose car dans l’ensemble, on a plutôt la sensation qu’il se prend pour un voyou de film d’action qui baragouine sans vraiment savoir ce qu’il veut dire.

Deux interludes assez insignifiantes plus tard ("Station Break" et "Station Identification"), le rappeur retrouve la raison et reprend son micro pour l’ériger comme un outil de lutte sociale : "Is God She?" relève légèrement la barre avec un boom bap féministe aux ruptures rythmiques insistantes sur lequel Chuck laisse la place aux rappeuses 1/2 PINT et Miranda WRITES, puis vient "Here We Are Heard", un morceau infusé de sonorités rock où le flow serré du vieux MC prend un ton encore plus grave que d’habitude pour dénoncer une fois de plus le racisme systémique qui fait rage aux Etats-Unis (Make racists afraid again/They wanna build a wall between us and Mexicans?/Still on the outside looking in/Based on the skin I’m in/So I’m illin’ against reptilians/Sick and tired of the bullshit).

Dans "Superbagg", Chuck D invite le duo de jeunes rappeurs Blak MADEEN, originaires de Boston, sur des percussions claquantes bien old school. Le flow reste affirmatif en toute circonstance, même lorsqu’il est plus détendu comme ici ou dans "Carry On". Toujours, sa voix autoritaire qui scande Carry the hell on sans jamais s’épuiser. On reconnaît une technique que Chuck utilise depuis ses débuts, celle de la répétition qui s’imprime comme un sermon furieux. J’ai trouvé que l’instru "What Are We To You?" manque un peu de tenue bien que le message politique prouve que le rappeur est encore en train de regarder l’Amérique en face (New generation’s hating that same old truth/Why the same shit be happening ’til we long in the tooth?/People, people be people, the red blood is the truth/The red pill will be taken in case you feel ill/You know the time to run, it’s time to get ill/Statue of Liberty got a habit of talking shit) et de poser une question douloureuse, qui reste toujours sans réponse ; What are we to you?.

Un peu comme le reste de l’album, "Slight Story Style Sound" sonne un peu fouillis, entre la mixtape et le freestyle mais l’ambiance old school embraie très bien sur le titre final "Signing Off", chill au possible jusqu’à ce que la voix s’éloigne dans les interférences. Car c’est comme ça qu’il faut voir Radio Armageddon malgré sa qualité pas toujours égale, comme un signal d’alarme conçu telle une radio pirate diffusant des messages de rébellion et prolongeant la mission d’un rappeur qui porte encore la colère du peuple en lui. Entre boom bap de guerre, flow militant, Chuck D participe au rap de la résistance et nous rappelle que le monde est en feu.

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1. Radio Armageddon
2. What Rock Is
3. Black Don’t Dead
4. New Gens
5. Station Break
6. Rogue Runnin
7. Is God She?
8. Station Identification
9. Here We Are Heard
10. Superbagg
11. Carry On
12. What Are We To You?
13. Slight Story Style Sound
14. Signing Off



             



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