Il n'y a qu'un an de différence entre ce troisième album de notre icône DENNY et celui qui précède ; encore que, pour la sortie, Island Records décide d'attendre 1974. C'est qu'en pleine promotion de Sandy (1972), l'artiste se trouve vite déçue du manque d'accueil et de ventes, étant donné le coeur qu'elle a mis non seulement pour FAIPORT CONVENTION mais aussi à chanter en compagnie de LED ZEPPELIN.

Avec Like an Old Fashioned Waltz (1974), elle cherche à se constituer un nouveau public. Pour cela, elle revoit un peu son image, utilise une vieille imagerie anglaise pour la pochette qui doit nous mettre la puce à l'oreille. En compagnie de l'habitué John Wood et tout comme pour l'album d'avant, c'est Trevor Lucas qui se charge de la production. Lui et DENNY se marient quelques semaines après la finalisation de l'album.

Celui-ci marque le début d'une période vraiment malheureuse pour la grande Sandy, et déjà beaucoup de ses textes sont affectés, plus que d'ordinaire, par le temps inéluctable aussi bien que le sentiment d'abandon. Et tout cela, parfois, dans la même chanson. Le problème est aussi qu'en voulant se chercher de nouveaux fans, DENNY dilue un peu sa superbe dans un style pop-variété qu'on va souvent lui reprocher.

Pop-variété et même jazz, puisque l'ensemble était pensé au départ comme des reprises de standards du genre. Deux seulement ont été gardées au final, à savoir "Whispering Grass" des INK SPOTS (chanteurs américains précurseurs du rhythm'n'blues), plutôt smooth et garni simplement de cuivres, ainsi que "Until the Real Thing Comes Along" de Fats WALLER, dont on note la ressemblance avec le standard "Dream a Little Dream of Me" et le sax ténor d'Alan Skidmore en prime, instrument qui convient d'ailleurs fort bien à la voix de DENNY.

En dehors de cela, on retrouve des pistes mieux balisées sur les chemins de la campagne anglaise. "Solo" a de quoi fasciner (jusqu'à un certain FISH écossais qui la reprendra), d'abord par son simple piano-voix efficace, ensuite avec ses arrangements plus massifs. Un peu trop prononcés d'ailleurs, ceci dit par rapport au jeu de Dave Pegg, bassiste de FAIRPORT depuis 1970. Au moins, il n'y a pas de cordes discutables et en termes d'instrument, on note l'orgue de Jean Roussel (CAT STEVENS) et notre bon roi Richard THOMPSON vient poser un solo tout gentil.

On le retrouve sur la ballade soft "At the End of the Day", l'un des meilleurs titres de l'album avec, malgré les cordes, une production parfaite (cette amplitude, ce rimshot de batterie !) accordée à la chaleur de la voix de DENNY. Au même niveau, on peut mettre "Friends" avec son chant suave, ce solo tout en wha-wha par Jerry Donahue (FOTHERINGAY, FAIRPORT). À l'inverse, beaucoup de titres sont réalisés de la même façon mais fonctionnent gentiment, sans plus.

La valse sensuelle qui donne son titre à l'album, "Carnival" à l'ambiance épique, celle de la ballade country "No End" qui s'étend un peu plus, ou encore la pop-folk entraînante de "Dark the Night", agréable mais plus ramassée que du FAIRPORT, se laissent écouter mais n'ont pas de quoi faire date. Un peu à l'image de ce disque, réussi en soi et rempli de bons musiciens (Danny Thompson de PENTANGLE, Dave Mattacks, John 'Rabbit' Bundrick etc.) mais qui semble déjà moins personnel et n'aura pratiquement aucune reconnaissance. DENNY va encore tenter de réagir autrement, en appelant la nostalgie.