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- Style : Jethro Tull
- Membre : Alan Simon

ANGE - Moyen-age (2012)
Par MARCO STIVELL le 4 Juillet 2025          Consultée 251 fois

Est-ce un album dont on attendait beaucoup ? Trop ? Possible, car ANGE qui met ainsi le Moyen-Âge - et quoique cette dénomination puisse apparaître bâtarde (on le comprend) aux yeux des historiens, elle n'en est pas moins 'efficace' d'un point de vue populaire -, cela crée forcément l'événement. Le groupe anciennement franc-comtois, devenu lorrain/messin d'adoption et ayant pris une tournure 'moderniste', qui se retourne ainsi sur son passé, faisant tomber cet homme sur la pochette comme Alice dans le terrier lorsqu'elle veut rattraper le lapin, tout a de quoi enthousiasmer.

Hélas ! On a parfois pu aborder les sujets des albums plus ou moins attendus que l'on ne découvre pas dans de bonnes conditions, pas au bon moment, et qui demandent parfois des années avant d'être appréciés comme il se doit. Quand Moyen-Âge sort et que l'exaltation retombe vite, aussi parce qu'il n'y a plus la présence si enrichissante de dame Caroline Crozat - en studio car elle reste présente en concert, dans l'assistance mais pas que -, on laisse passer un peu de temps. Et alors que celui-ci s'est transformé en beaucoup, qu'on pose une oreille neuve, le constat n'a, lui, en rien été altéré. Et ce ne sont pas les deux années à peine, laps de temps court qui le séparent de l'album précédent, puisque Souffleurs de Vers, d'une qualité nettement plus évidente, avait connu le même laps de temps.

De tous les albums du ANGE nouvelle génération, il reste l'un des moins inspirés, si ce n'est le moins tout court. La thématique est forte, mais le résultat peu en adéquation : les moments médiévaux-champêtres censés évoquer la période classique du groupe sont en portion congrue, que ce soit d'un point de vue textuel comme musical. D'ailleurs, ce dernier critère garde au moins l'avantage que Christian Décamps, souvent à l'origine des mélodies, donne ici une largesse au groupe en laissant son fils Tristan et chacun des trois autres membres du groupe en charge des compositions, à tour de rôle et équitablement, ce qui donne trois titres par membre.

Comme toujours, on trouve des morceaux 'normaux' et d'autres plus longs, les deux concernés mieux qu'aucun autre, "Entre les Gouttes" et "À la Cour du Roi Nombril" atteignant les 8 et 10 minutes, et tous les deux signés Décamps père-fils. Ce dernier titre, "À la Cour du Roi Nombril" est naturellement celui qui doit parler le plus à des fans de rock progressif, naturellement, sur le papier, par son seul titre et sa durée. La longue intro instrumentale est majestueuse et il y a une belle ambiance tout le long, parfois tirant sur le reggae, mais globalement, c'est un titre-fleuve lambda, avec des digressions de notre cher Christian qui évoque la royauté sans doute très actuelle (on dit présidence) au point de s'en moquer, mais aussi le dessous de la ceinture, trop, toujours.

La plupart des paroles conserve cette forme d'abstraction, avec pour exceptions quelques premiers degrés bien sentis à l'image de "Opéra-Bouffe ou la Quête du Gras" avec les McDonalds's et autres lieux de malbouffe américaine pour cible, avec quelques bons éléments de composition (tribale, aérienne) là aussi. Or, si l'on est plutôt en proie à la nostalgie et en quête d'une époque ancienne, on rencontrera une première évocation avec le pont-levis du "Goût de Pain Perdu", alors même qu'un astéroïde frappe la Terre. Difficile de ne pas en vouloir au près Décamps pour l'emploi du 'voire même' si courant qu'on en a oublié qu'il s'agit d'un pléonasme ! Le titre, martial de base, se termine en parade avec des chœurs massifs, bien fait mais sans plus.

Il y a ensuite "Camelote", avec une analogie qu'on ne peut s'empêcher de faire bien qu'ANGE, on le sait, n'est pas proche des légendes arthuriennes, sauf si c'est pour les pervertir (d'aucuns diront les rendre réalistes). La musique de ce morceau est signée Thierry Sidhoum et malgré un début bancal où le chanteur vante le fait qu'il n'ait 'jamais aimé les moules', cela reste un des meilleurs du disque. Hassan Hajdi, lui, mise plutôt sur le caractère pop-rock direct et incisif, avec d'abord le "Tueuse à Gages" d'introduction joliment ficelé mais tout autant linéaire ; on a vu meilleurs débuts d'albums pour ANGE, certes désormais privé de féminité à nouveau et qui se doit de le signifier.

Ensuite, il y a le "Cri du Samouraï" que l'on retiendra peu, à l'image des "Mots Simples" et sa pop parfois beatlesienne autre offrande musicale du bassiste Sidhoum. C'est d'autant plus regrettable que la production est belle, le son des claviers aux petits oignons, l'unité de groupe toujours aussi forte. "Je Ne Suis Pas De Ce Monde", signé Christian D./Benoit Cazzulini, convainc déjà mieux avec un blues ou jazz-rock à la fois sentimental et cosmique, incluant des sons de quatuor à cordes, le même programmé bien sûr et qu'on entendait sur le morceau d'avant.

Celui-ci, "Les Clés du Harem" mis en musique par Hassan Hajdi, revêt aussi son importance, avec ses gros accords rageurs de guitare sur tempo chaloupé, à l'orientale. Le texte dépeint tristement la prostitution volontaire à l'ère d'Internet, et se termine par un cinglant 'elles finissent, pubis à péage, sous le ciel de Dubai' (à l'instar d'un Monaco, pays où l'argent règne en maître et dont on comprend fort mal la fascination populaire). Dernier instant de choix, "Entre les Gouttes" où l'influence de Tristan Décamps ressort jusque dans son chant, entre folk acoustique et rock en apesanteur finement déployé, mis à part une partie inquiétante en son sein, le genre qu'ANGE aurait pu développer. Il n'y a donc pas assez de quoi élever Moyen-Âge au rang de classique, mais le groupe reste exemplaire à bien des niveaux et, le temps s'étirant de façon inexorable, retrouvera plus de bonne forme dans l'album suivant !

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   MARCO STIVELL

 
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- Christian Décamps (chant, guitares, claviers)
- Tristan Décamps (claviers, piano, chant, chœurs)
- Hassan Hajdi (guitares)
- Thierry Sidhoum (basses)
- Benoît Cazzulini (batterie, percussions)


1. Tueuse à Gages
2. Le Premier Arrivé Attend L'autre
3. Opéra-bouffe Ou La Quête Du Gras
4. Les Mots Simples
5. Un Goût De Pain Perdu
6. Camelote
7. Le Cri Du Samouraï
8. À La Cour Du Roi Nombril
9. Les Clés Du Harem
10. Je Ne Suis Pas De Ce Monde
11. Entre Les Gouttes
12. Abracadabra



             



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