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Bruce SPRINGSTEEN - Badlands - A Tribute To Bruce Springsteen's Nebraska (2000)
Par MARCO STIVELL le 5 Juillet 2025          Consultée 435 fois

Dans la grande famille des tribute-albums-hommage, celui-ci place la barre joliment haut et modestement à la fois. Il est amusant que le titre principal soit Badlands, le même que celui d'une chanson classique de Bruce SPRINGSTEEN que nous n'entendrons pas ici. En tout cas, et c'est une chose rare, il est bien tout à l'honneur d'un album au complet, et lequel ! Nebraska, la claque la plus magistrale de l'année 1982, quand le Boss fatigué des tournées-marathon en compagnie du E STREET BAND avait pris tout le monde à revers, fans compris, en publiant un disque de démos enregistrées seul, à la maison, sur magnétophone cassette, gardant cette dernière dans la poche de son blouson pendant des jours et des jours. La passion pour cet album iconique pousse ici le label Sub Pop, basé à Seattle et autrefois spécialiste du grunge (il a signé NIRVANA, SOUNDGARDEN, MUDHONNEY), devenu plus largement indé (FLEET FOXES etc.), à inclure trois titres plus ou moins connus et provenant des mêmes sessions à l'origine. Non d'ailleurs, bien qu'également concerné, "Born in the U.S.A." (d'abord un blues rural à son tour) n'en fait pas partie.

Étrange parfois, la tournure que peut prendre la vie. Ce disque était, il y a pratiquement vingt-cinq ans au moment de sa sortie (novembre 2000), dans les bacs de la Fnac et il m'intriguait alors, mais je n'ai pas réussi à trouver le bon moment pour l'écouter avant il y a quelques jours. Et encore, c'était la nuit car, trouvé par hasard en ce matin férié de Pentecôte 2025 à Grenoble dans un magasin OCD généreusement ouvert, il a ensuite illustré à une heure très tardive, quand tout était noir sauf grâce aux phares, les routes de campagne coupant droit le grand département de l'Isère (38) du centre vers son nord-ouest, direction Vienne, puis Saint-Étienne. Comme 'badlands' et ambiance, équivalents d'un New Jersey ou d'un Nebraska de ce côté de l'Atlantique, c'était plutôt bien choisi. Il n'en fallait pas moins pour ce fort bel hommage, auquel un soin tout particulier a été donné. Il y a eu par la suite d'autres 'tribute' au Boss, intéressants mais plus classiques, moins en vue et également moins mixtes dans leur démarche.

À ce propos, le magnifique titre éponyme d'ouverture, celui qui pose au départ le climat mieux qu'aucun autre avec sa froideur distillée, son sang sur les mains, a l'honneur d'être présenté par Chrissie Hynde (The PRETENDERS) pour galanterie de marque. Moins grandiloquente qu'à l'accoutumée, la belle sex-symbol rock féminine des années 80-90 offre un timbre haletant qui n'est pas à manquer. La complainte prend des airs country, avec des sons évanescents, une belle guitare électrique arpégée, et aussi, notons-le déjà, une rythmique très lo-fi/en retrait dans le son qui sera l'empreinte principale de cet hommage pour bonne partie. Après "Nebraska", l'un des titres principaux en termes de noirceur voire âpreté, violence etc., demeure "Highway Patrolman", l'un des titres-fleuve de l'ensemble. Revêtu d'une belle guitare slide, mais aussi de sons d'orgue et flûtés, sans oublier la batterie encore des plus fines (même quand elle se fait cavalière), le tout en une belle progression épique, il est ici interprété avec grande force par Dorothy 'Dar' WILLIAMS, moins connue par chez nous mais dont la carrière depuis dix ans est largement saluée aux U.S.A.

À croire que chez Sub Pop, on n'a rien trouvé de mieux pour remplacer le Boss que des timbres féminins parmi les plus clairs et beaux, émanant d'artistes elles-mêmes avenantes et respectées. À raison, et d'autant plus quand on constate que Dar WILLIAMS est ici le début d'un trio de 'd' magiques aux cheveux longs : la suivante se nomme Deana CARTER, nouvelle coqueluche folk-country et fait tout aussi bien "State Trooper" sienne. Le son est toujours aussi volontairement étouffé (batterie comprise) voire étouffant, la voix plus acidulée mais pas moins grave et vénéneuse, l'écho se balade autant que les fantômes. Une réussite, à l'image du plus enfantin "Used Cars" qui lui fait suite, avec le 'd' d'Ani DiFRANCO cette fois, et une voix encore plus fragile, passée à l'effet transistor ; la chanteuse a des accointances plus jazz et cela se ressent. Sa version planante du petit bijou caché de Nebraska est convaincante, avec une guitare électrique appropriée mais aussi la reprise de l'idée du glockenspiel d'origine (potentiellement célesta en lieu et place).

Et les mecs dans tout cela ? Ils sont bons aussi, mais en-deçà et parfois à la limite du hors-sujet. Ce n'est pas trop le cas du groupe CROOKED FINGERS sur "Mansion on the Hill", dont on salue le courage fait de claviers/piano électrique en boucles sur nappes et bandes inversées, encore que l'on s'étonne au début lors de la découverte et, à la fin, cet effort demeure très isolé du reste de l'instrumentation. Le groupe SON VOLT change "Open All Night" si bien qu'on ne reconnaît que peu la chanson, mais le ton ballade country à trois temps et acoustique (en opposition totale avec le rock'n'roll en solo de base) passe bien. Toutefois, c'est encore pire sur "Atlantic City" qui ne garde que son texte, où Hank WILLIAMS III pourtant talentueux également sur un versant 'indé', semble vouloir d'abord rendre gloire à son grand-père homonyme et prestigieux. Et cependant, de country légère sautillante avec violon voire yodel (sachant que Bruce fera lui aussi peau neuve du titre durant les années 2000 avec le SEEGER SESSIONS BAND), l'exercice passe d'un coup et en bonne surprise, au moment où 'la chance tourne' dans les casinos du Las Vegas de la côte est, à une accalmie très différente, mélancolique, saupoudrée de mandoline.

Il y a donc de savoureux contrastes dans ce tribute, comme entre ce "Johnny 99" plutôt fidèle à défaut d'être furieux par les excellents LOS LOBOS, rockabilly acoustique où ressort le sax baryton de Steve Berlin, et la coolitude incarnée de monsieur Ben HARPER pour un "My Father's House" très réussi, tout en timbre voilé, guitares rurales lancinantes et petits jeux rythmiques vitalisant la chanson, gardant là aussi l'idée de l'harmonium en fond. Très simple, humble et identitaire. Et puisqu'on parlait de mixité, la splendide Aimee MANN se joint au sémillant Michael PENN pour un "Reason to Believe" au rythme horloger et à l'effet duo idéal, seule reprise ici à surpasser sans mal l'originale – pour qui n'a jamais été trop fan de ce pourtant chouette morceau de fin. L'accordéon tisse un bon tapis de fond, les voix comme la rythmique ont cette belle chaleur qui complète pareil hommage à merveille. Vraiment une réussite, et ce n'est pas terminé.

En fait, les trois titres bonus sont là pour gommer les quelques retenues que l'on peut avoir ailleurs ("Atlantic City", "Open All Night"), en commençant par deux 'chutes' de Nebraska qui finiront sur l'album suivant si différent, Born in the U.S.A. (1984). Et franchement, "I'm on Fire" par l'illustre Johnny CASH n'est pas un mince plaisir ; un de ses derniers enregistrements 'vivants' qui précède le crépusculaire American IV (2002). L'homme en noir y est très à l'aise avec sa voix grave autant que son aspect séducteur de toujours. Face à tant de fraîcheur, tout en guitare électrique roulante comme sur l'originale mais avec un piano électrique cristallin pour remplacer la nappe de synthétiseur, on ne dirait vraiment pas que la maladie est à sa porte.

"Downbound Train" ensuite, pourtant pas l'un des tubes ni même singles de Born in the U.S.A. et pourtant le meilleur morceau, nous est ici offert en folk-rock épique et splendide, guitare 12 cordes électrique en avant mais également batterie cette fois, par Raul Malo (The MAVERICKS). Dix ans plus tôt, nul doute que pareille version aurait fait le bonheur des radios. Enfin, et dans la tradition springsteenienne qui a tant de considération pour les faces B (jouées en live dès que possible), on a droit à un "Wages of Sin" confidentiel, dont la présence sur le coffret Tracks a créé l'événement. Ici, tout en belle chaleur intense et percussions comme voulu par le Boss (même si des claves sont ajoutées 'dans son esprit'), on assiste à un duo mixte une nouvelle fois, entre Damien Jurado et Rose Thomas qui ne démérite guère, tout en belles réponses à l'unisson et vocalises oniriques à la fin. De quoi bien compléter cet hommage gourmet. Une partie de bénéfices des ventes est reversée à Médecins Sans Frontières. La classe, jusqu'au bout.

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Non disponible


1. Nebraska (chrissie Hynde Et Adam Seymour)
2. Atlantic City (hank Williams Iii)
3. Mansion On The Hill (crooked Fingers)
4. Johnny 99 (los Lobos)
5. Highway Patrolman (dar Williams)
6. State Trooper (deana Carter)
7. Used Cars (ani Difranco)
8. Open All Night (son Volt)
9. My Father's House (ben Harper)
10. Reason To Believe (aimee Mann Et Michael Penn)
11. I'm On Fire (johnny Cash)
12. Downbound Train (raul Malo)
13. Wages Of Sin (damien Jurado Et Rose Thomas)



             



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