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POP FRANCAISE  |  STUDIO

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Jeanne CHERHAL - Jeanne (2025)
Par MARCO STIVELL le 19 Mai 2025          Consultée 834 fois

Avec trois albums seulement en quinze années, la carrière de Jeanne CHERHAL a pris un rythme de croisière. L'artiste bretonne de Nantes continue de tourner, s'engager, mais il est clair que sur le plan musical créatif, elle nous a manqué. Il vaut certes mieux qu'elle prenne le temps, et même si de prime abord, son style n'évolue plus depuis l'exceptionnel Charade (2010), si ses albums, ses thématiques etc doivent même se ressembler un peu, si enfin on doit au début penser de facto que le nouvel album est moins convaincant, il n'en est rien. Sobrement appelé Jeanne, le millésimé 2025 marque des retrouvailles en force et élégance avec la plus sexy des musiciennes pop françaises.

Autre élément qui peut faire naître des craintes : l'album est produit par Benjamin BIOLAY. Musicien de talent lui aussi mais difficilement tenable sous son nom seul (avis très personnel, mais aucun de ses albums écoutés n'a trouvé grâce), et qui, pour le peu qu'il la croise, semble se surpasser lorsqu'il se place en soutien de Jeanne CHERHAL. Ils avaient déjà offert un très joli duo en 'dialogue SMS' de marque pour le titre "Brandt Rhapsodie", bonus de Charade il y a quinze ans. Ici, ils remettent le couvert mais nous y reviendrons, car le reste de l'album, quoique sans grande surprise, vaut bien qu'on ne le résume pas à un seul titre.

Il y a, comme sur les autres opus des années 2010 et encore publiés par Barclay contrairement à celui-ci (éditions Tibia), une tendance à la pop-soul blanche/blue-eyed des années 70, avec bien sûr la belle Jeanne en avant au chant et au piano. Avec une très bonne rythmique constituée de Pierre Jaconelli (guitares, basse), Philippe Entressangle (batterie), Johan Dalgaard aux claviers et BIOLAY pour le reste, sans oublier le quatuor de cordes au féminin (Karen Brunon, Camille Borsarello, Elsa Benabdallah et Maia Collette). Le son est chaud, on pourrait dire parfois moite, ce qui n'est pas rien quand il s'agit d'une artiste aussi douée pour conter des choses de femme et d'intimité.

Prenez "Jean", avec ses jeux de mots bien à la française alternant le prénom sous forme épistolaire dans le discours amoureux et les 'j'en' qui servent de débuts de phrases, comme 'j'en ai marre', 'j'en rirai dans deux ans'. Et toujours cette petite verve un peu crue, qui n'a pas de prix, surtout parce que c'est dame CHERHAL qui l'écrit et l'interprète : 'Jean, est-ce la ligne de votre cul, Jean, ou vos yeux qui m'ont convaincue, Jean, que la vie vaut d'être vécue ?' Et dans ce style musical, elle arrive à faire mieux que Michel BERGER et France GALL ! Et puis ces choeurs gérés par elle-même, comme toujours, si beaux et adaptés en réponse au chant, comme sur "La Vie Est Trop Courte", auquel BIOLAY ajoute ses trompettes royales très chouettes.

Avec "La Marée", une fois de plus, Jeanne nous donne un point de vue centré sur son sexe et ses consoeurs, en parlant de cycle menstruel, de fertilité, tout en exprimant la nostalgie d'une époque lointaine et originelle de 'mer sans marée'. Autre titre important et encore mieux construit, "La Maman et la Putain", avec son piano blues en rythme ternaire suivi de près par le clavecin, sa description de deux quotidiens pas si éloignés entre eux sur fond de cordes, cuivres et chorale-crème, pour se conclure par une chute à la CHERHAL, pleine de finesse et d'intelligence. En effet, 'car je suis, j'en fais l'aveu, l'une ou l'autre quand je veux' !

Et puis 'as usual' tel qu'on le dit outre-Manche, il y a au moins une chanson sur les mecs, croisés, aimés, les bons et les vraies ordures comme 'celui qui forçait le passage quand je n'en avais pas l'âge'. Et ça fait mal, pour dire que la précocité sexuelle des femmes notamment ne vient pas de nulle part, que l'opinion publique défend à tort des Gérard Depardieu (une pique lui est directement adressée par BIOLAY à la fin de la chanson), mais que ce "Cri des Loups" est bien grotesque (cela dit, à l'époque où la parole se libère, les 'gentils' sont toujours 'ennuyeux' et ceux qui se plaignent d'être seuls sans en sortir sont des 'incels'). On apprécie notamment le Clavinet soliste, les 'hou hou' rollingstonesiens entremêlés de cris de singes.

"Foutue" est un slow ternaire notable au chant rêveur, guitares western et piano sucré tandis que "Sahara" vient nous asseoir par une belle marche pop au final éperdu. On est néanmoins dans le côté créatif un peu plus attendu de Jeanne CHERHAL, contrairement à "Sous les Toits" qui mentionne ces voisinages plein de gens bien sous tout rapport, où il ne se passe jamais rien sauf éventuellement certaines violences dans les ménages, que l'on ne veut pas considérer. Du cinglant en subtilité voire douceur (ces guitares à contretemps sur les refrains, miam), l'artiste est très forte pour cela.

Et que dire de ce "Hitachi Magic Wand", véritable OVNI dans l'ensemble, avec l'alternance un peu étrange de ballade classique pour refrain et de couplets planants, à batterie tribale et piano Fender Rhodes rêveur, au texte intime et sensuel à un point d'émerveillement ? Avec cela ou encore des détails comme la pochette, on n'a pas fini d'aimer notre chère Jeanne. Il y a également les "Rodrigues" de début et fin, au chant voilé, à l'ambiance nostalgique et une suite idéale de merveilleuses idées. Rien que le piano classique ample qui ouvre album, et sur le final, son changement en Fender Rhodes, avant cette longue coda fantastique 'le dernier paradis', où voix comme instruments planent littéralement, avec une impression de grand large breton/maritime, et qui est sans doute le clou de cette oeuvre.

S'il y a une poignée de titres en deçà, ce n'est que léger ; pas de quoi réduire la qualité d'ensemble de manière franche, surtout pas avec d'autres moments d'exception comme ce "Faut Plus Qu'on Se Revoie", le duo avec BIOLAY. On l'a donc dit, vu le titre de 2010 qui avait précédé en la matière, il n'y a plus de surprise, sinon de constater que les deux artistes font aussi bien ou pas loin. Avec donc ce type d'échange épistolaire 2.0, on apprécie cette fois plutôt l'emploi de nappes 80's et de boîtes à rythmes soft, aux boucles de plus en plus prononcées et délicieusement, au fil du dialogue. L'histoire est cette fois celle de vieux amis/amants qui se retrouvent en vacances ensemble à la cinquantaine mais avec leurs nouveaux conjoints/enfants respectifs, et qui commettent l'inévitable 'faute' en secret. Avec quelques formulations sensuelles/'hot', le titre traduisant ce qu'il faudrait faire mais sans trop de succès au final (euphémisme), BIOLAY rappelant intelligemment l'idée de 'la mère et la putain'...

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   MARCO STIVELL

 
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- Jeanne Cherhal (chant, piano, choeurs)
- Philippe Entressangle (batterie)
- Pierre Jaconelli (basse, guitares)
- Johan Dalgaard (claviers)
- Benjamin Biolay (trompette, claviers, chant)
- Karen Brunon, Elsa Benabdallah (violon)
- Camille Borsarello (alto)
- Maia Collette (violoncelle)


1. Rodrigues
2. Jean
3. La Maman Et La Putain
4. Le Cri Des Loups
5. La Vie Est Trop Courte
6. La Marée
7. Foutue
8. Hitachi Magic Wand
9. Sous Les Toits
10. Sahara
11. Grande Est Ma Chance
12. Faut Plus Qu'on Se Revoie
13. Rodrigues, Suite Et Fin



             



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