KHA-YM est l’une des formations naviguant entre électronique et prog avec une approche très brute, très DIY, à l’instar de MAR-VISTA, FLAMEN DIALIS ou ARCHAÏA. KHA-YM est peut-être même l’une des plus obscures d’entre elles.

10" GMT est un recueil de compositions du multi-instrumentiste Alain Gerbe, travaillées en commun avec le percussionniste Jacky Michaud et complétées dans un studio de Roanne (Roanne Music) avec l’ingénieur du son Marc Tamburo. Malheureusement, les bandes-mères et sept cents des mille exemplaires faits pressés par le label FLVM furent détruits par l’effondrement, durant une tempête, du toit de la maison d’Alain où il étaient stockés. L’année suivante, Jacky Michaud périt dans un accident de train. Il y a des fois où le destin enchaîne les coups de p… euh, d’Alba Ventura.
Qui plus est, cet album est longtemps resté une vraie rareté, puisque les projets de rééditions (par Muséa dans les années 1990, par Mio Records dans les années 2000) ont échoué. Il ne nous est donc parvenu que via des numérisations du pressage d’origine mises à disposition sur Internet.

Nous sommes loin de l’électronique ultra-fluide et chiadée de François Bréant, Benoît WIDEMANN ou Jean-Philippe RYKIEL. Si les sonorités peuvent manquer de profondeur, les arrangements restent très variés, à base de synthétiseurs soutenus par une puissante rythmique de batterie avec parfois des interventions de basse ou de guitares, pour des compositions souvent rythmées et bien élaborées, ayant davantage trait au rock progressif qu’à la musique électronique pure, avec souvent un certain sentiment de mélancolie. "Balance", "Dernier Flash" (avec même quelques accents Rock In Opposition à la PRESENT), "Voyage Ou Comment Y Aller" (où le batteur n’a pas grand-chose à envier à François Auger de HELDON) et "Georges" sont les numéros rythmés les plus marquants. Pour le reste, on trouve "San Fedo" qui commence comme une ballade chantée (en anglais) avant de partir à plusieurs reprises sur d’autres idées. C’est représentatif de l’esprit d’éclectisme de ce disque qui n’est jamais linéaire. Le plus fort est sans doute "Seven Easy Calls" qui enchaîne sept miniatures musicales en dix minutes, du petit air façon boîte à musique au mini-thème prog en passant par la ballade onirique. L’album est conclu par le pied-de-nez de dix secondes qu’est le morceau-titre. Au moins, ce ne sont pas les trois minutes de Jean-Michel JARRE et sa "Dernière Rumba" à n’en plus finir.

C'est l’œuvre d’un groupe indépendant qui exploite parfaitement ses moyens limités, d'un album à l’histoire rocambolesque n’ayant pas tout à fait échappé aux outrages du temps, mais qui propose de très bonnes mélodies. À redécouvrir.

3 ¾ sur 5