Parmi les nombreux groupes français se réclamant de MAGMA, ou plus simplement affiliés au style de MAGMA, on trouve des formations de rock progressif (EIDER STELLAIRE, ESKATON, RIALZU), de Rock in Opposition (SHUB-NIGGURATH), mais aussi d’autres groupes pratiquant une musique artisanale, un peu de bric et de broc, aux contours bien plus flous. Nous avons déjà parlé de FLAMEN DIALIS. Nous allons parler d’ARCHAÏA, formé au milieu des années 1970 par Pierrick Le Bras et Michel Munier, lequel a également participé au groupe de rock progressif GRIME.

La première incarnation d’ARCHAÏA a publié un album éponyme en 1977 mais a également enregistré un autre recueil de compositions l’année précédente, dont la bande a longtemps été égarée et seulement exhumée en 2021 sous le titre La Bande Perdue. Il s’agit d’une musique très dépouillée, aux plans de guitare et de basse simples, diversement enrichie de synthétiseur, orgue électronique, percussions et textes déclamés ou chantés. Les compositions, bien que plus lisibles que celles de FLAMEN DIALIS, restent hermétiques et parfois difficiles à discerner les unes des autres, aussi la meilleure façon d’apprécier cet album est sans doute de l’écouter d’une traite, malgré son importante longueur d’une heure et quart, en se concentrant sur l’ambiance.

La composition n’est donc pas transcendante. Le rythme, parfois hésitant (surtout l’orgue), n’arrange pas les choses. Comme pour FLAMEN DIALIS, le lien avec MAGMA et le style Zeuhl est pour le moins vague. Tout au plus pouvons-nous discerner une influence vandérienne dans les chœurs et certaines harmonies, en premier lieu sur "Babel" (un "Zombies" du pauvre) et "Soleil Noir" (qui rappelle vaguement Ẁurdah Ïtah) qui ne sont pas franchement convaincants. Il y a pas mal de bizarreries sonores sur cet album : le tribal "L’Indien Nommé Cheval", l’interlude bruitiste "Droïdes" ou encore des morceaux dépeignant des scènes diverses avec force effets sonores : rencontres surnaturelles ("Tom"), horreur ("Massa Confusa" 1 et 2).

De cet album, on retient surtout "Luc", "La Roue" et "Mahavishnu" pour leur énergie et leur rôle structurant, "L’Indien Nommé Cheval" et "Massa Confusa" pour leur étrangeté, à la rigueur l’incantation de "Oraison".

Rien de désagréable mais rien de très marquant, malheureusement. Trop bizarre pour du rock mais trop déstructuré pour du prog, ARCHAÏA est effectivement un groupe difficile à classer. Néanmoins, ce n’est pas lui qui honore le mieux l’appellation Zeuhl, loin s’en faut. Cette Bande Perdue est tout de même une base pour l’album éponyme, de meilleure qualité.

2 ½ sur 5