REO propose pour son quatrième album une photo de couverture qui suggère à ses fans l’image d’un groupe soudé. L’époque le veut alors c’est étalage de cheveux et de poils dans tous les sens… ouais les choses ont bien changés ! Mike Murphy qui avait eu la difficile tâche de remplacer Kevin Cronin lors de l’enregistrement de l’album précédent est toujours dans la place, signe d’une certaine stabilité. Les cartes restent les mêmes pour le groupe de l’Illinois, il faut percer pour survivre à une époque où la concurrence est de fer !

Mike Murphy ne s’est pas pointé les mains dans les poches pour son premier opus en tant que chanteur officiel de REO. Le titre d’introduction chargé de donner le la à l’ensemble de cet album est de sa plume, il s’intitule "Give Me A Ride" et est très agréable à l’oreille, une petite merveille de soft rock, un petit rythme trépidant et un chanteur qui place sa voix à merveille, d’autant que les célestes interventions de Gary Richath sont de la partie. "You Can Fly" propose le même genre d’état d’esprit très smooth et nanti de quelques portions progressives qu’on pourrait comparer à KANSAS ou même RUSH. Et un petit blues rock des familles qui permet à Mike de montrer qu’il en a sous la semelle, c’est "Do Your Best" et ça se laisse bien écouter.

Il a composé "Lost In A Dream" avec le bassiste Bruce Hall qui va intégrer le groupe quelques années plus tard, il y a une vraie identité AOR sur ce titre aux consonances mainstream qui se rapproche des premiers albums de BLACKFOOT à la même époque. "I’m Feeling Good" est le fruit d’une collaboration avec le clavier Neal Doughty, étrangement ce piano tressautant m’évoque Michel BERGER jusqu’au refrain bien rentre-dedans. Neal apporte de son coté un petit rock’n’roll qui s’écoute sans déplaisir aucun : le gai et positif "Sky Blue".

Mais c’est Gary Richrath qui est toujours en charge du son de REO, ça se sent dans toutes les chansons, son influence est latente même lorsqu’il n’est pas aux crédits, nous débutons par "Throw The Chains Away" et disons qu’en terme de rock’n’roll qui déménage, le guitariste sait de quoi il en retourne ! On nage en plein Hard FM sur "Down By The Dam" où le beat de synthés et le riff de guitare se disputent la primeur du morceau, qui explose dans une coda rageuse à l’image des cadors du southern rock. "They’re On The Road" est un brin trop mollassonne pour moi mais n’a rien de honteuse. Nous en terminons avec "Wild As The Western Wind", où Gary se saisit à nouveau du micro… Comme précédemment, ce n’est pas une grande réussite, surtout avec ce synthé très pompier.

Quelques titres de cet opus rappellent le premier album, pour l’instant leur meilleur car le plus brut, le plus accrocheur, le plus agressif. REP se perd pour le moment dans des circonvolutions qui ne permettent pas vraiment à la jeunesse de son temps de se reconnaître dans la démarche du groupe. Nul doute en revanche que l’adjonction de Murphy est une aubaine car il aura ici participé de manière convaincante à l’écriture de l’opus. Ce 4eme album fait frémir le billboard puisqu’il intègre le top 100 pour une 98eme place encourageante. Cela permet d’envisager la suite sans trop de pression. C’est un 3,5 mérité.