Une fois qu’on a dépassé les 80 berges on peut se dire que c’est bon, la mission est remplie, pas besoin d’en faire plus, aucune chance pour que j’apporte du sang neuf à la musique populaire… Certains ont encore pourtant beaucoup à dire. Regardez Robin TROWER, connu pour être le gratteux du fameux PROCOL HARUM dans les sixties, et qui suite au décès de son idole Jimi HENDRIX a décidé avec quelques autres de reprendre le flambeau du maître et de lui vouer une carrière d’hommage, on pense entre autres à Uli ROTH ainsi qu’à Randy CALIFORNIA. Robin a influencé plusieurs générations de guitar heroes par son jeu hors normes. Alors le voilà pour son 20eme opus à plus de 80 ans et toutes ses dents… Et sa stratocaster ! Rien que l’intrigante pochette incite à l’écoute !

Et dès l’introductive, on nage dans un rock psychédélique de belle allure sur "A Little Bit Of Freedom" et dès les premières interventions du virtuose on se dit que le son et la technique sont bien là. Une évidence ! Jimi ne jouerait pas différemment de cela s’il avait vécu ! Il y a un peu de Stevie Ray VAUGHAN qui traîne dans le coin aussi… Ou est-ce le contraire finalement ? Le son de "I Would Lose My Mind" nous transporte dans les grands espaces américains, on se dit qu’on écoute là Billy GIBBONS ou Joe BONNAMASSA, mais non, notre british fait la nique à ses pairs américains, avec une composition qui se laisse écouter en diable. Les vibrations sont toujours situées dans l’ouest américain et c’est diablement surprenant ! Il en est de "The Future Starts Right Here"… Quelque part on se prend à espérer que les jeunes composent des titres d’une telle qualité…. Sans parler de la strat qui rugit son plaisir régulièrement. Le titre est en outre évocateur ! Notre guitar hero ne se laissera pas abattre comme ça et il faudra compter avec lui.

Quelques titres sont un brin plus statiques mais laissent à Robin le loisir de briller. Cette Wah sur "One Go Round", c’est bluffant ! Ce titre lent permet au guitariste de donner le meilleur de lui même ce qui n’est pas peu dire, on remarque que le chanteur Richard Watts n’est pas en reste avec sa superbe voix rocailleuse. Ne serait-ce la voix on pourrait être avec l’EXPERIENCE en 67 sur "Capture The Life Begun", un brin immobile certes, mais on est là pour entendre de la gratte non ? "Without A Trace" sort du même tonneau et impose un nouveau solo d’outre espace, les textures de Robin sont superbes. Les ambiances crépusculaires continuent de débouler sur "Take This Hurt Away", avec la voix plaintive de Richard sur la section rythmique impeccablement tenue par le bassiste Glen Letsch – lorsque Robin ne le fait pas - et le batteur Chris Taggart. Le blues est bien smooth sur "I Fly Straight To You", on ne se départit pas un instant des identités fortes d'outre atlantique et c’est vraiment agréable.

L’éponyme "Come And Find Me" nous plonge dans une transe digne des déserts chantés par les bluesmen et countrymen américains. Des aspects pop traversent cette chanson à la manière des compositions de la BAKER GURVITZ ARMY dans les seventies. La qualité est omniprésente et on a bien du mal à accepter que cette splendide chanson sorte de l’esprit d’un octogénaire. Une vraie petite merveille… Et quand Robin se lance dans des interventions d’une clarté céleste on se croirait au paradis. Il s’agit du sommet de cet opus ! Jess HAYES appose sa voix sur "Tangled Love" avec beaucoup d’à propos, la petite blondinette londonienne sonnant telle une Bonnie RAITT. Tout ceci est assez incroyable et trompeur, mais certainement pas dans la qualité ! Enfin, en terme d’hommage, "Time Stood Still" se pose là… Le son, la vibration, le toucher, le grain, tout pourrait sortir de Black beauty, la stratocaster de Jimi HENDRIX.

Et bien, que voilà un trip inattendu ! La qualité de cet album est tout simplement superbe de bout en bout, il n’y a pas une seule seconde de remplissage et les compositions sont aussi efficaces que la guitare de Robin TROWER est volubile et originale. Un instant de grand plaisir à l’écoute de l’album d’un octogénaire qui n’a pas rendu les armes, il fallait le dire ! Je pose un 4 certain et j’incite vivement à la découverte de cet opus. Robin, je suis bluffé !