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Elton JOHN - Who Believes In Angels ? (w/ Brandi Carlile) (2025)
Par GEGERS le 14 Juin 2025          Consultée 644 fois

Brandi CARLILE chante avec Sir Elton JOHN depuis toujours. Enfin, presque. A l'adolescence, la découverte du morceau "Skyline Pigeon" (tiré du premier album de l'icône britannique, publié en 1969) allait laisser une trace indélébile sur l'identité artistique naissante de la chanteuse américaine. Elle rend hommage à celui qui deviendra son idole dès son propre premier album, en reprenant à son compte le morceau "Sixty Years On", pépite à la fois intense et intime qui doit beaucoup aux arrangements orchestraux de Paul Buckmaster. Quatre ans plus tard, l'éternel interprète de "Your Song" pose de formidables lignes de piano honky-tonk sur le morceau "Caroline", titre majeur du troisième album de Brandi CARLILE, Give Up The Ghost. Une collaboration qui allait sceller une amitié profonde, marquée par la bienveillance et une admiration mutuelle. En 2021, le chanteur retourne la politesse, invitant Brandi à enregistrer le morceau "Simple Things" sur l'album The Lockdown Sessions. Il était ainsi presque naturel, presque attendu, que les deux artistes finissent par créer ensemble, par fusionner leurs talents pour générer une émulsion explosive.

On pensait pourtant qu'Elton JOHN avait tout dit. Qu'après avoir traversé cinq décennies de musique populaire, après avoir vendu des millions d'albums, arpenté les scènes du monde entier, on croyait le chanteur bien décidé à refermer définitivement le couvercle du piano. Miné par une pneumonie, doublée d'une infection oculaire, le chanteur décide pourtant de répondre à l'appel de Brandi, qui l'invite à concevoir un album collaboratif. Deux mots qui sonnent doux aux oreilles d'Elton, lui pour qui le duo est une seconde nature (rappelez-vous le tube de 1976 "Don’t Go Breaking My Heart", enregistré avec Kiki Dee). C'est ainsi qu'à l'automne 2023 est lancé le travail d'écriture de cet album hors du commun. En effet, Who Believes In Angels ? n'est pas né dans le confort d'une routine bien huilée, mais dans l'urgence d'un processus créatif brut, presque douloureux. Lorsque Sir Elton se présente au studio, pour le premier de ces 20 jours d'enregistrement, il arrive affaibli, les mains dans les poches, peu sûr de lui. Heureusement, le chanteur est bien entouré. Par Brandi tout d'abord, elle qui, du haut de ses huit albums et neuf Grammy Awards, semble s'épanouir autant sur ses propres créations que sur celles des artistes qu'elle aide à remonter la pente (Tanya TUCKER, Joni MITCHELL notamment). Dans le bateau montent également l'inséparable parolier d'Elton, Bernie Taupin, ainsi que le producteur Andrew Watt (The ROLLING STONES, LADY GAGA), qui avait déjà collaboré avec Elton sur son album-COVID. Pour mettre en musique le fruit de ces travaux à huit mains sont sollicités le batteur Chad Smith (RED HOT CHILLI PEPPERS), le bassiste Pino Palladino (NINE INCH NAILS) et le guitariste Josh Klinghoffer (ex-RED HOT CHILLI PEPPERS). Une belle équipe pour un album flamboyant. 14 titres seront enregistrés lors de ces 20 jours de studio, et 10 seront retenus pour ce Who Believes In Angels ? qui, plus qu'un album, est une confession. Une œuvre qui vacille, qui lutte, mais qui tient bon.

Dès "The Rose of Laura Nyro", on sent que cet album sera résolument à part dans la carrière des deux artistes. Porté par une longue introduction mêlant piano et nappes de claviers flottantes, à l'image de ce qu'Elton avait pu proposer sur "Funeral for a Friend", qui ouvre son album Goodbye Yellow Brick Road, le morceau prend le temps de poser des ambiances à la fois intimes et explosives, et de poser son atout majeur, à savoir le mariage formidable des voix des deux protagonistes. Celle d'Elton, grave mais toujours puissante, et celle de Brandi, cristalline, lumineuse. La chanteuse comble les faiblesses de son acolyte, remplit les vides et couvre les silences, permettant de mettre en valeur la chaleur du chant buriné de son camarade de jeu. Au gré d'harmonies vocales toujours inspirées, les voix des deux artistes se complètent comme si elles avaient été créées pour se combiner.

Sur "Little Richard’s Bible", l'ambiance change radicalement. Le piano d’Elton explose comme dans ses jeunes années, enflammé, rutilant. Ce morceau-hommage à Little Richard est une forme d’exorcisme, vibrant, généreux, sur lequel on retrouve aussi bien l’énergie de Honky Château que la verve de Duets, album sur lequel Elton avait déjà chanté avec Little Richard. Laissant temporairement le chant lead à l'un ou l'autre, l'album se déploie doucement, proposant des atmosphères variées. Il y a l'énergie rock brute de "Swing For The Fences", qui n'est pas si loin de l'univers de Bruce SPRINGSTEEN. Ce morceau est un manifeste, pour les jeunes queer, pour ceux qui doutent, pour ceux et celles qui ne suivent pas des chemins tout tracés. Sans doute LE grand morceau de cet album.

Il y a pourtant encore matière à frémir. La ballade "Never Too Late", déjà utilisée sur le film documentaire consacré à la vie d'Elton et publié en 2024, est d'une beauté désarmante. La voix du chanteur, qui se pose à merveille sur ses lignes de piano mélancoliques, est ici d'une beauté qu'exaltent les harmonies vocales d'une Brandi CARLILE qui se met ici au service de son idole. La chanteuse aura son propre moment de bravoure avec "You Without Me", titre sur lequel elle chante seule l’éloignement, la maternité, les enfants qui s’en vont. Une chanson déchirante, sans pathos, à la fois douce et terrible. La synthèse des deux talents s'exprime sur la deuxième moitié de l'album avec des sonorités plus pop-folk, moins exubérantes que le morceau-titre "Who Believes in Angels ?", épique et "larger than life". Le rock aux intonations country de "The River Man", les atmosphères pop-folk de "A Little Light", ou encore le rock intense de "Someone To Belong To" apportent chacun une lumière différente sur cette fructueuse collaboration. Et puis vient "When This Old World Is Done With Me" qui clôture l'album. Piano-voix. Un adieu chanté. Elton chante sa propre mort, avec les mots de Bernie Taupin, et une émotion qu’il pensait ne plus pouvoir atteindre. Le chanteur a raconté, en interview, qu’il avait pleuré pendant 45 minutes après l’enregistrement de ce morceau. On le comprend. Ce moment-là est suspendu, hors du temps. Plus qu’une chanson : un testament.

Who Believes in Angels ? est un disque incandescent, parfois maladroit, souvent bouleversant. Nous avons ici affaire à une œuvre de transmission, un geste d’amour, une lettre d’adieu, peut-être. Et aussi un renouveau, porté par une Brandi CARLILE au sommet de son art d'interprète. Preuve d'amitié, démonstration d'un talent porté par un feu intérieur inextinguible, cet album est une ode à la beauté de continuer à créer quand tout semble derrière soi. Et cela vaut tous les come-back du monde.

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   GEGERS

 
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- Elton John (piano, chant)
- Brandi Carlile (chant, guitare)
- Chad Smith (batterie)
- Pino Palladino (basse)
- Josh Klinghoffer (guitare, claviers)
- Andrew Watt (guitare, production)
- Bernie Taupin (paroles)


1. The Rose Of Laura Nyro
2. Little Richard’s Bible
3. Swing For The Fences
4. Never Too Late
5. You Without Me
6. Who Believes In Angels?
7. The River Man
8. A Little Light
9. Someone To Belong To
10. When This Old World Is Done With Me



             



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