a très jolie pochette combinée à l’improbabilité de la reformation d’un groupe aussi méconnu que MUSIQUE NOISE ne pouvaient qu’attirer mon attention et me faire espérer un gain d’assurance et de constitution musicale. Or, c’est tout l’inverse qui se produit.

Exit le saxophone et le chant féminin, c’est ici une formation somme toute conventionnelle qui officie là. Et autant l’interprétation du premier album Fulmines Regularis (1989) ainsi que des démos de 1992 (pour rappel, présentes sur la rééditino de 2001) était maladroite mais compensée par les qualités musicales de la composition, autant le groupe se montre là carrément neurasthénique. Les variations de nuance ou de tempo ne sont pas assez marquées, il n’y a pas de passage franchement nerveux ni de vraie ballade, on doit s’enfiler près d’une heure dix de ce même tempo moyen, on est constamment dans un entre-deux tiède et chiant. Les claviers sont plus en retrait qu’auparavant mais manifestent encore quelques sonorités bien ridicules (le faux saxophone sur "Les Enfants Fiers", les voix synthétiques en introduction de la version live de "Thème Pour Demain" qui fleurent bon le preset malin, le faux vibraphone qui sévit un peu partout). Le son d’ensemble est plat; les morceaux de la nouvelle mouture d’ESKATON pèchent (entre autres) avec un son surproduit, et MUSIQUE NOISE tombe là dans l’excès inverse.

Ce n’est pas plus satisfaisant du côté de la composition. Sans être mauvais, les thèmes ne sont guère passionnants et les développements sont parmi les plus faibles que j’aie jamais entendus en Zeuhl, empilant tous les clichés du style sans aucune valeur ajoutée: nomenclatures ternaires ou en 7/8, vocalises en pseudo-kobaïen ("Thème Pour Demain", "Un Jour Ou L’Autre"), lignes de claviers (celle de "Les Enfants Fiers" qui évoque parfois Theusz Hamtaahk), harmonisations permanentes; même les paroles en français sont très clichées. Sur la seconde moitié de l’album enregistrée en public, les guitares et les claviers sont constamment à côté de la plaque, on a vraiment l’impression que le groupe s’égare dans ses improvisations. Ce n’est même pas consternant comme avec TROLL, c’est juste ennuyeux.

Alors, que sauver? De jolies mélodies sur "Visionnaire" et "Thème Pour Demain" (qui donc s’enlisent malheureusement avant la fin). "La Pluie", seul morceau à tenir à peu près la route. J’aurais pu y ajouter "Punch Up", si seulement il ne sentait pas autant le sous-EIDER STELLAIRE (accords de piano électrique inclus), le chant en plus. L’histoire du groupe est assez difficile à retracer – on trouve une interprétation live de 1994 du morceau "Dans Le Temps Qui S’Étire", meilleure que celle de l’album – mais le passage du temps ne semble pas leur avoir profité.

1 ½ sur 5