Il entre dans American Idol en 2021, puis quitte l’émission de lui-même en cours d’aventure après avoir obtenu le soutien de Katy PERRY. Ce n’est pas le bon moment, ni le bon chemin pour Benson BOONE qui décide de retourner travailler sa présence sur TikTok pour publier ses chansons. Ce retour aux réseaux sociaux lui permet de créer une fanbase et d’obtenir un contrat sur le label du leader d’IMAGINE DRAGONS. Ses singles "Ghost Town", puis "Beautiful Things" font le buzz (560 millions d’écoutes Spotify pour le premier, 2 milliards pour le second), la voix douce et les yeux tristes du chanteur américain plaisent.

Porté par le succès fulgurant de "Beautiful Things", un raz-de-marée pop qui se flirte avec le somme du Billboard Hot 100, BOONE profite de ce phénomène qui l’a instantanément propulsé au rang d’artiste de premier plan de la scène pop actuelle pour sortir son premier album, Fireworks & Rollerblades au printemps 2024.

Sur "Be Someone" et son intro, Benson est au piano mais la batterie est davantage mise en avant et on découvre une caractéristique des productions de cet album, mariant instruments acoustiques et arrangements électroniques. Malheureusement, le résultat pêche par son manque de personnalité, comme dans le single "Slow It Down", un morceau où le piano ne parvient par à créer l’intensité recherchée et qui pâtit aussi d’une approche un peu trop calculée.

Le single "Beautiful Things" est particulièrement efficace. On ne peut pas nier le fait que BOONE détienne les clés des hooks mélodieux, en plus d’une très jolie voix capable d’envolées puissantes… mais bien que je comprenne le succès de ce fameux hit, il arbore aussi tout ce qui me lasse rapidement. Je voudrais aimer, vraiment, mais Benson est constamment sur le fil, entre sensibilité et cri déchirant - également dans "My Greatest Fear", "There She Goes" ou encore "Hello Love" - et bien qu’on sente le chanteur appliqué à faire ressortir les fêlures de son âme et le grain de sa voix, il n’y a presque aucun moment où je me sens bousculée.

Ce ne sont évidemment pas les nombreuses ballades lacrymales ("Forever And A Day", "Cry", "Love Of Mine", "In The Stars" et le single "Ghost Town") qui vont changer cette impression. C’est loin d’être moche, les harmonies vocales sont très bien exécutées mais elles s’enferment d’elles-mêmes dans un carcan mélodique répétitif qui devient rapidement barbant. Des guitares acoustiques convenues aux orchestrations d’une banalité consternante, tout y est pour me faire oublier ces chansons aussitôt qu’elles se terminent.

Lorsque l’artiste de 22 ans s’aventure vers un rock alternatif un peu plus sombre, comme sur "What Do You Want" ou qu’il tenter d’injecter une dose de pop ensoleillée sur "Friend", je ne peux pas m’empêcher de trouver que les compositions, qui sur le plan technique dévoilent une virtuosité à se caler sur les tendances et les codes actuels, souffrent d’un vrai manque d’authenticité et d’audace. Finalement, il n’y a que le morceau "Drunk In My Mind" qui m’a un tant soit peu marquée. BOONE y relâche un peu la pression, force moins sa voix, le tempo se ralentit, et ça c’est plutôt agréable car c’est justement dans ce lâcher-prise ou cette retenue que quelque chose commence enfin à respirer.

Musicalement, Benson BOONE pourrait être comparé à un Harry STYLES ricain, pas étonnant donc qu’il connaisse le même succès commercial. Mais un énième refrain accrocheur plus tard, cette philosophie du trop-plein étouffe toute spontanéité et toute tentative d’originalité d’un artiste qui semble avoir accepté ce formatage sans résistance, trahissant au passage les promesses de ses débuts. Les capacités vocales de BOONE sont certaines alors tout espoir n’est pas perdu. Quant à Fireworks & Rollerblades, sa note reflète moins la qualité du travail que la déception énorme ressentie à l’écoute de cet album. Dans un paysage musical déjà surpeuplé de prod’ formatées à l’extrême, j’en attendais mieux d’un jeune artiste qui s’était interdit de tomber dans ce piège.