Au contraire des deux précédents, ce troisième album d’EIDER STELLAIRE a été publié non en auto-publication mais par le fraîchement label Muséa, appelé à devenir une référence majeure de la scène progressive française voire internationale. Les publications vinyle des débuts n’ont pas forcément été rééditées en CD et restent pour certaines difficilement trouvables. Parmi elles, le troisième et dernier album d’EIDER STELLAIRE, enregistré en trois jours en août 1987. Ce qui n’est pas si étonnant quand on sait que Michel Le Bars s’est par la suite détourné de la musique et a émis la volonté de ne pas rééditer ses œuvres, allant jusqu’à détruire les bandes-mères. Cependant, en cherchant un peu, il est possible de trouver les trois albums d’EIDER STELLAIRE en ligne.

Le noyau Delachat - Singery - Le Bars demeure inamovible depuis les débuts et se voit renforcé par deux claviéristes: Franck Coulaud (ex-SHUB NIGGURATH, également présent sur le deuxième album) et Isabelle Nuffer (ex-APSARA / ALTAÏS). Si le style musical du groupe n’a guère changé depuis le précédent album – "L’Encre Des Litanies", composé par le bassiste Patrick Singery, est du même tonneau que les morceaux de Michel Le Bars –, il y a une évolution majeure : le son. Le deuxième album était très original avec son mélange de claviers et de percussions de toute sorte, malgré un son d’ensemble un peu faible. Sur ce troisième album, le son est plus plein, la formation plus classique, de type guitare-basse-batterie-claviers. À propos de ceux-ci, il faut dire que le piano électrique (un son assez proche de celui du Fender Rhodes) et les cuivres synthétiques sont omniprésents, si bien que l’album, bien que très court (vingt-sept minutes), peut s’avérer légèrement lassant. On peut toutefois noter la présence accrue de la guitare, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Pourtant, les compositions de déméritent pas. La nouvelle version de "Nihil" n’est qu’un réarrangement d’une version intermédiaire ébauchée après le premier album, avec un son plus moderne, enfin, plus synthétique, et on y perd un peu au change de ce côté-là, dommage car la composition est vraiment très bonne, employant plusieurs leitmotivs à bon escient. D’ailleurs, plus encore que sur les deux autres albums, "L’Encre Des Litanies" et "Sans Repos" sont très largement basés sur ces accords de claviers en ostinato ce qui, combiné à la production très homogène comme dit précédemment, ajoute à l’effet de redondance, malgré les évidentes qualités musicales de l’ensemble. Citons encore "Millénaires: L’Exhortation Au Combat", enregistré peu de temps auparavant, qui déjà présentait ces lignes de synthétiseur caractéristiques, mais dont l’originalité réside dans l’usage d’un bugle (assuré par Fabien TEHERICSEN, auteur entre autres de l’album de musique contemporaine Algues), cas unique dans l’histoire du groupe, ainsi que de percussions survivantes du deuxième album.

Un bel album, donc, à découvrir. Le dernier d’un groupe bien mystérieux. Le premier album ayant été réédité en 2011, on peut espérer qu’il en soit de même pour les deux autres à l’avenir.

3 ½ sur 5