Avec une formation partiellement renouvelée autour du noyau dur Delachat (guitare) - Singery (basse) - Le Bars (batterie), EIDER STELLAIRE publie en 1986 son deuxième album, cinq ans après le premier, toujours en auto-production.

Pierre Gérard-Hirne étant parti, Michel Le Bars prend sa place aux claviers et devient l’unique compositeur du groupe. On retrouve donc son style de construction musicale à base de motifs de claviers. Pourtant, cet album marque un net virage par rapport au précédent. Le son est plus minéral, plus étriqué, et fait la part belle aux synthétiseurs, petites percussions de toute sorte, effets sonores passés en boucle ("Aretis", "Fferyllt", "Célébration De L’Eau"). La richesse des claviers, entre piano Yamaha CP-70, célesta et synthétiseurs, fait partie de l’identité sonore de l’album. La composition, tout du moins celle de la première face, a glissé vers le MAGMA période 1979-84. "Ring" et "Aretis" sont deux morceaux particulièrement enjoués et enlevés. Le premier, un bon petit banger dans son genre, demeure assez complexe quand le second est une ritournelle à la mélodie assez simple (dérivée du motif introductif de "Arctis 6ème Éphéméride" sur le précédent album, d’où la ressemblance des titres) mais au rythme élaboré (avec un son hybride pouvant faire penser au Disco), en swing à trois temps. "Kiowa Rivière De Lune" ferme la première face avec un petit thème délicat dont la belle combinaison de percussions et de claviers cristallins sera exploitée plus avant sur la seconde face. Plus rythmiques et moins mélodiques, "Fferyllt" et "Célébration De L’Eau" renvoient davantage au premier album, avec cependant une moindre complexité. On trouve sur "Célébration De L’Eau" le même type d’accords de piano que sur "Arctis". "Retour Des Champs" est une très brève conclusion flûtée. Une fin assez étrange pour cet album, se terminant sur ce qui semble être une coupure de bande. Quant à savoir si cela cache une composition plus longue qui aurait été sabrée pour quelque raison, nous ne le saurons sans doute jamais.

Cet album a souvent été décrit comme un succédané de la phase II de Magma (Attahk, Retrospektïẁ, Merci). Ce n’est pas mon avis. On ne perd rien de la richesse musicale du premier album. EIDER STELLAIRE est un groupe parmi de nombreux autres qui me font dire que le prog n’est jamais mort, il a juste changé de place.

3 ½ sur 5