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FOLK-ROCK  |  COFFRET

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Bruce SPRINGSTEEN - Tracks Ii - The Lost Albums (2025)
Par MARCO STIVELL le 21 Juillet 2025          Consultée 165 fois

Pour une fois...

Pour une fois que je lève la tête de ce satané écran miniature pendant que je marche ! Dans les rues que je prends d'ordinaire, je me fais tout le temps siffler, aucune différence entre le tailleur ou le short, le t-shirt ou le corset, la robe longue ou la mini-jupe avec les bas, les tennis ou les bottes, le jean slim... En plus je commets le crime quotidien d'être une fille plutôt agréable à regarder naturellement, et cela vaut aussi pour le lycée où je me fais conspuer par les unes (féministes actives la plupart, c'est drôle), huer par les autres... Bref, socialement j'ai vite décroché et fini par 'fuir' de cette façon - avec des écouteurs en prime -, aussi laide soit-elle, c'est vrai. Aucune occasion jusque-là de mettre en pratique extérieure ma boxe et mon karaté pour le moins réguliers depuis le collège, c'est toujours ça de gagné. En revanche, je ne fais même plus attention à ce qui se passe alentour, aux gens qui me toisent, aux commerces qui se montent ou ferment... Cette librairie, entre deux bâtiments modernes, a un goût de j'ai-toujours-été-là ; or, impossible de m'en souvenir !

« Gardez le portable dans votre 'moche', on vous offrira un livre de poche ! » C'est écrit sur la porte d'entrée dont la devanture m'a attirée, comme si elle m'avait appelée. Vu ma tenue du jour, je n'ai pas de 'moche' (ou poche ?) mais j'ai mon sac, ouf. Je pousse la porte doucement, et j'avance. Aussitôt, j'entends un grand 'clac' et sursaute. La porte s'est violemment refermée derrière moi ; pourtant, il n'y a pas de fenêtre visible et le vent d'aujourd'hui souffle dans un autre sens.
« Hé !, crie un monsieur.
- Pardon vraiment... (je balbutie) La porte s'est fermée toute seule, je n'ai rien...
- Rien en effet, je me doute, c'est elle qui l'a décidé.
- Quoi, que voulez-vous dire ??
- C'est une vieille histoire. Plus vieille que moi. Peut-être sans fin. Que désirez-vous ? »

Je ne désire rien. Je regarde cet homme mûr aux cheveux gris-blanc apparu du fond de la boutique.
« Bon, affirme-t-il. Si vous voulez un conseil en romans, surtout des classiques, faites-moi signe.
- Je vous remercie. Eh bien, j'aime beaucoup... Mais, attendez, ne sont-ce pas des disques là-bas ?
- Si fait, puisque vous savez vous exprimer. Et vous êtes la première personne depuis des lustres qui s'intéresse à ce que j'appelle le Coin Perdu, même dans cette boutique déjà bien désertée ! Pour la peine, si vous trouvez des disques, vous aurez le droit d'en emporter...
- C'est trop aimable, merci. Mais dites, vous êtes là depuis longtemps ? »

Il marque un temps d'arrêt, avant de répondre, contenant un sanglot du fond de la gorge.
« Ce lieu, oui ; moi, non. Je remplace quelqu'un de plus jeune et qui... enfin, qui est... Voilà. Si vous n'êtes jamais venue avant, vous ne croiserez plus que moi.
- Et ce jeune monsieur sur la photo-portrait, en haut de vos bacs à disques, c'était... ?
- Non, ha ha !
(le libraire se déride en effet) Lui c'était un immense artiste, un musicien très connu il y a quelques décennies dont... Enfin disons qu'ici, il était en forte odeur de sainteté. Moi-même, je me passe régulièrement ses albums et n'accepte pas qu'on puisse le mépriser.
- Je peux comprendre. Il se dégage de lui une grande et profonde humanité.
- Diable ! Et que pensez-vous de son physique ?
- Il a celui d'un homme captivant. Beau, sincère, doué et captivant. »

Une fois encore, le libraire a besoin de silence pour un temps court. Puis il me montre, dans le fond du 'Coin Perdu' aux disques, un rideau rouge et, sans rien dire, me donne ce qui ressemble à un trousseau de clefs anciennes. Plus exactement, ce sont sept clefs...
« Tu étais attendue, sache-le, et depuis bien avant moi. Là-bas derrière, tout ce qui se tient est pour toi. Personne d'autre ne l'a jamais découvert, ou alors, c'est oublié depuis longtemps. Une dernière chose : quel est ton prénom, brave demoiselle aux cheveux roux et à l'épiderme blanc-de-poulet ?
- Vivienne. Et v... ?
- Merci de faire cela, Patti. »

Pourquoi ne suis-je surprise ni par le tutoiement soudain, ni par des élans de familiarité et de gratitude incompréhensible, ni par un prénom qui n'est que mon deuxième ? La dernière parole que j'ai du vendeur en tête, c'est un encouragement, il me semble qu'il doit s'absenter. Et ce rideau flamboyant, d'attiser ma curiosité...
Lorsque j 'en sortirai, je ne verrai plus personne, comme si j'avais hérité d'une boutique également.

Derrière le rideau, un réduit mal éclairé, une porte qui ressemble au côté d'une grande caisse en bois et une table avec de nouveau la photo de l'artiste dans un cadre. « Bruce SPRINGSTEEN, 23 septembre 1949-... » La seconde date, curieusement, est illisible. La porte a juste besoin d'être poussée ; ensuite, c'est une autre pièce, circulaire et nettement plus grande, avec sept portes identiques, mais comportant des serrures et des frontons noirs. À côté de chacune, la photo de Bruce SPRINGSTEEN élargie et collée au mur, une table est à chaque fois posée devant, avec juste un stylo dessus et une petite carte imprimée. Sur la plus proche : « (Stylo à encre sympathique, pour écrire les réponses sur le portrait) 1. Quelle capitale d'état possède le nom d'un ancien président ? En sept lettres. » Décidément, quelle passion pour le 'sept' ! Connaissant bien la géographie du pays, la réponse n'est certainement pas Jefferson, encore moins Washington. Avec un sourire, j'inscris 'Lincoln' en bas du portrait que je connais bien désormais. Une lueur éclatante m'attire de fronton de la porte attenante : « Born in (the) Nebraska ». J'observe la serrure, en forme de E, et pointe alors la clef numéro une du trousseau qui est à cette effigie. 'Clac', ça s'ouvre tout seul ! J'entre...

1) L.A. GARAGE SESSIONS '83

Une maison blanche en bois, dans un coin tranquille de petite ville à flanc de Rocheuses regardant l'océan près de Los Angeles, lieu-dortoir mais plutôt classe, ou alors de vacances ; je me trouve changée en mini-short jeans et baskets ! Au-dessus du garage, à la fenêtre, des bruits sourds s'échappent et une silhouette s'active, un homme semble-t-il. Bruce SPRINGSTEEN ! Il descend, sort du garage déjà ouvert avec sa moto, me regarde, puis s'enfuit sur peut-être 100 ou 200 kilomètres aller-retour. Lorsqu'il revient, il me toise de nouveau, rentre sa moto et retourne en haut, dans la même pièce. Il ouvre alors la fenêtre cette fois et de la musique s'élève...
"Follow That Dream" ouvre le (grand) bal, une pop-song folk très belle, aucunement dénaturée par la boîte à rythmes, quand bien même elle sera destinée plus tard à certains concerts du E STREET BAND. La BàR justement, est omniprésente sur ces chansons perdues mais tellement fortes pour la plupart ! "Johnny Bye Bye", remaniement du "Bye-Bye Johnny" de Chuck BERRY en hommage à Elvis, se trouve être une ballade acoustique délicate avec Bruce qui emploie ses premiers synthétiseurs. Pas si perdue celle-là donc, tout comme "Shut Out the Light", déjà présente sur le premier coffret Tracks mais que l'on redécouvre mieux dans leur contexte d'origine, tout comme County Fair" qui était sur la triple compil The Essential. Et cette chère "My Hometown" adorable dans sa version demo, chantée/jouée plus aiguë et en falsetto, avec une luminosité plus enfantine quand le futur tube sonnera plus 'adulte', lui.
Avec, d'un côté, certains titres ("Jim Deer", "Richfield Whistle") qui sonnent comme du Nebraska, album diamant noir avec davantage de west-coast, alors que d'autres préfigurent le best des best-seller Born in the U.S.A. (glorieuse "Unsatisfied Heart") voire Tunnel of Love qui sera très proche dans son processus créatif ("Sugarland" sonne déjà très "Walk Like a Man", avec une 12 cordes en lead !). Et grâce à la BàR ainsi qu'aux claviers, ce rock ensoleillé ("Seven Tears" latino, "Don't Back Down on Our Love" beachboysien) prend parfois une tournure new-wave inédite, excellente chez SPRINGSTEEN : "The Klansman" sur les fanatiques en toge blanche, "Fugitive's Dream" brumeux dont il existe également une version ballade sereine en fin de sélection. Dans l'obscur comme dans le clair, ces sessions-vacances de 1983 (les parents du Boss et sa petite soeur Pam, actrice future notamment dans les Sleepaway Camp 2 & 3, teen/horror-slashers plutôt sympa, ne résidant pas loin) sont d'emblée un régal premier. 4/5
À la fin, Bruce redescend, ressort avec sa moto, me voit, sourit et m'invite à monter derrière lui !...

De retour dans la pièce aux sept portes et m'avance vers la deuxième. Sur la petite carte, il est écrit : « 2. Comment un Bruce blessé et perdu dans une grande ville se conjugue-t-il au passé ? En sept lettres. » Naturellement, sept... Et une très belle chanson se met à résonner d'on ne-sait-où. Je l'ai déjà entendue... Au stylo, sur la photo, j'écris 'bruised'. Nouvelle victoire, nouvelle lueur. Il est écrit 'Mystic Delaware River & Blue Rhymes' au fronton. Je brandis la deuxième clef vers la serrure, un S. Ouverture, avanti !...

2) STREETS OF PHILADELPHIA SESSIONS

Je calme vite mes ardeurs, surtout quand je me vois affublée d'un sweat-capuche qui n'est pas mon genre, même quand je vais à la boxe. Cela dit, il fait froid, les rues de la métropole sont de couleur bleu hiver alors je fais contre mauvaise fortune bon coeur et déambule le long du fleuve. Bientôt, cet homme là-bas qui arrive d'en face me rejoint. Bruce, avec moustache/bouc barbe cette fois-ci et dix années de plus. Souriant, sans s'arrêter, il m'invite à le suivre (je commence à me dire que je le ferais même jusqu'au bout du monde), vers un immeuble dont une porte noire simple forme l'entrée. Dessus, il est écrit Thrill Hill Studio. Il la pousse, on entre et... mais pourquoi cela ressemble-t-il tant à sa chambre de vacances en Californie ?!
La surprise continue, mais pas de la même façon. Dès la boîte à rythmes 'new generation' de "Blind Spot", je crains que Bruce ne se soit conformé au hip-hop en vogue et encore groovy. Mais c'est mal le connaître ; comme la fausse new-wave de 83, tout lui ressemble, même quand c'est différent. Et puis, à l'époque, il vient de signer l'une des chansons/BO de cinéma parmi les plus belles et dignement récompensées de tous les temps. La nappe de synthétiseur, le chant plaintif, l'arpège de guitare soliste, c'est l'entrée vers l'un de ses plus beaux trésors méconnus, en parlant de ce 'lost' album. Car l'ensemble de celui-ci est du même tonneau, sans forcément le rap en instrumentation (on retrouve un peu cela sur "Between Heaven and Earth" et son gospel aérien), mais avec une classe indéfinissable. La puissance du son de Lucky Town, mais en plus urbain et moderne à la fois de type bleu sombre ou angélique. "Farewell Party" a un côté "When You're Alone" (Tunnel of Love), tandis que "Maybe I Don't Know You" est comme une première version de "Nothing Man" (The Rising). Toby Scott est l'allié principal pour les drum machines, mais on rencontre aussi les musiciens live de SPRINGSTEEN à cette époque de E STREET BAND en sommeil, comme Tommy Sims (basse), Zachary Alford (batterie) et Shane Fontayne (guitares). Et sur "One Beautiful Morning", une des meilleures, on entend les trois choristes favorites de Bruce, à savoir Soozie, Lisa et Patti son épouse (ah tiens, Patti !).
C'est vraiment un superbe album 'fini ou presque, qui n'a jamais vu le jour', surtout quand on pense à un Human Touch qui a précédé. "Something in the Well" est une ballade majestueuse de pure beauté. "The Little Things" est toute en country azurée, sensuelle voire intime. La première version de "Secret Garden" sans saxophone, intéressante, est un peu moins 'smooth' que la plus connue publiée en inédite également sur le Greatest Hits deux ans plus tard. Quant à "Waiting on the End of the World", avec sa mélodie profonde et sa beauté ample, elle rejoint les meilleurs 'lost tracks' de Bruce. Dans le genre ample et envoûtant ! 5/5
Je m'apprête à m'élever tel un oiseau, ou alors à grimper aux murs comme Spiderman, mais le grand artiste, sexy et bonhomme, me tend la main simplement. 'Don't think twice!'...

Dans la salle aux portes, c'est le moment pour la troisième. « 3. Je suis né à cheval et en Camargue, loin d'ici ; pourtant, en images, il n'y a pas plus Américain US que moi ! En sept lettres. » Sept, comme septième art, donc ? Une risette au coin des lèvres, j'inscris 'western' sous la photo de Bruce. Nouvelle inscription lumineuse en fronton : 'High Spirit in Badlands'. La serrure voit venir la troisième clef qui est un T. Et hop, que me réserve le beau Bruce cette fois ?...

3) FAITHLESS

Le vent souffle fort mais il est chaud, très chaud. J'en manque de perdre ma euh... toge ? C'est ça, une grande toge blanche qui me recouvre mais pas trop chastement. Et si ce n'est pas le sirocco, les collines alentour ressemblent à celles qu'on voit un peu partout alentour de la Méditerranée, avec le même soleil plombant. Je marche, je marche, j'ai soif, si soif ! Soudain, mes yeux me bernent où est-là une oasis ? Ces palmiers, là-haut sur la colline ; ou alors, vu qu'ils sont tous blancs eux aussi et immenses, je suis déjà au paradis ? Je rassemble mes dernières forces pour m'approcher... 'Hollywood' ? J'étais loin du compte, comme de penser que Bruce m'attendrait sagement là...
Faithless, en ce milieu d'années 2000, est au départ une commande de l'Olympe du cinéma américain voire mondial. Bruce alors toujours dans les sessions Devils & Dust doit écrire la BO d'un western religieux, mais comme beaucoup de projets de ce type, tout a fini dans un tiroir et n'est jamais ressorti - jusqu'alors. C'est à ce moment-là qu'on ressent les interventions de Ron Aniello, producteur habituel de Bruce et réenregistrements nécessaires pour compléter des créations gelées à un certain moment. Rien de dérangeant cela dit, pas même pour un "All God's Children" qui sonne très proche de ce que Bruce offre depuis le SEEGER SESSIONS BAND. Outre les habituelles Patti, Lisa et Soozie, sans compter les ajouts réguliers de choristes plus récents (Curtis King Jr.), on remarque la présence des deux fils SCIALFA-SPRINGSTEEN, Evan et Sam, sur "Where You Going, Where You From".
Il y a de splendides ballades tantôt incantatoires dans le bon esprit-rituel biblique ou non, tantôt aux choeurs doux et arrangements fins : "God Sent You", "Goin' to California", "Faithless" la meilleure (qui est une pré ou post-version de "Matamoros Banks" sur Devils & Dust !), "My Master's Hand" aux airs d'hymne... Mais cette dernière a aussi droit à sa version instrumentale guitare-piano, et c'est là que Bruce fait fort, en livrant l'unique concept-album de sa carrière, pas seulement une BO. Le désert constitue la thématique de base et des instrumentaux se greffent élégamment, à merveille. "A Prayer by the River" en fait partie, mais il y a surtout "The Desert", intro contemplative avec percussions sèches (crotales compris, naturellement) et guitare slide aride. Et puis à ce stade du 'lost', Bruce m'a déjà faite pleurer d'émotion plusieurs fois, mais l'entendre seul à jouer une nappe de clavier aussi fine et belle que "The Western Sea", comment dire ? 4/5
J'en ai oublié sa présence directe, si bien qu'il n'est plus là, sur le mont Hollywood avec moi. J'essuie mes yeux sensibles et n'ai pas le temps de me morfondre que très vite, un bruit de voiture se fait entendre. Cadillac. C'est lui, c'est Bruce qui fend le sable et s'arrête à ma hauteur. La portière passager s'ouvre comme par magie et nous quittons cette terre de perdition...

La salle bien connue, et la quatrième porte mystérieuse. « 4. Là où tu vas, c'est la contrée des cendres. Nomme-la. En sept lettres. » C'est bien gentil mais bon, c'est vague. Heureusement, je connais la géographie certes, mais les jeux de mots les plus simples sont aussi les meilleurs. Alors j'écris, sous Bruce, 'Ashland'. Et ça marche ! 'Country Feeling' m'écrit-on en écriteau. Et la serrure de recevoir sa clef, la quatrième donc, qui est un R. 'Clac', j'y pose le pied plus que volontiers...

4) SOMEWHERE NORTH OF NASHVILLE

Pourquoi ne suis-je pas surprise de me trouver vêtue en cowgirl ? Le Stetson me va sans doute aussi bien que le jeans moulant et les bottines typées Santiags, je pourrais voir mon reflet dans la glace du pare-soleil de la Cadillac mais je n'en fais rien. Bruce est là, visiblement heureux. Sont-ce les abords de Ashland City, à vingt kilomètres au nord de Nashville ? Je ne sais plus. Nous sommes garés sur le côté de la route. Il y a un corral qui précède un ranch d'un côté, mais sans chevaux à cette heure entre chien et loup, et de l'autre, un 'diner' suivi d'un motel. Pour Bruce aussi, le choix est vite fait.
Ce n'est pas parce qu'on se régale de frites et de poulet pané, burger pour lui, que l'ambiance n'est pas à la gloire des garçons vachers. C'est juste que Bruce a décidé de passer les journées de 1994-95 à diviser les sessions entre l'enregistrement de The Ghost of Tom Joad le matin, et des choses plus 'enlevées' l'après-midi en gardant le même groupe. Ayant craqué pour le son de Marty Rifkin qu'il a entendu jouer de la pedal-steel guitare sur Wildflowers de Tom PETTY, il l'emploie à temps plein. Idem pour Gary Mallaber, batteur de l'album Lucky Town. À la basse, c'est surtout Garry Tallent du E STREET BAND (et qui s'établit comme producteur à Nashville/'Guitar Town' en cette époque), mais comme sur Tom Joad, il y a un titre plutôt avec Jim Hanson et l'autre avec Jennifer Condos, sans compter un certain Kaveh Rastegar pour deux titres aux refontes plus récentes. Quant à Danny Federici, de la E STREET également, il est là aussi - quand Ron Aniello mais aussi son remplaçant Charlie Giordano ne se greffent pas après coup – aux claviers ou même à un piano fiévreux dont on ne l'avait pas entendu jouer depuis le méga-tube "Born in the U.S.A." !
Pour le reste, Soozie Tyrell et son violon magique, Patti aux choeurs (encore elle !) viennent compléter ce très bon album country par Bruce. À savoir ni trop basiquement rodéo-dansant-'yee-hah', ni trop rugueux comme on pouvait le craindre avec des "Repo Man" (affichant d'emblée Rifkin et son instrument roi ici), "Tiger Rose" (super rythmique des deux Gar(r)y), "Detail Man", "Stand on It" ou encore "Delivery Man", la meilleure avec son tandem Danny-Soozie très sexy. Deux reprises dont une 'self', "Poor Side of Town" de Johnny RIVERS, superbe ballade avec pedal-steel brillante et cordes-synthé d'Aniello, ainsi que "Janey Don't You Lose Heart", face B de Born in the U.S.A. refondue ici mais en gardant la voix de Bruce dix ans plus tôt !
Tout est déjà très bon, mais je garde mieux en tête l'élégance de "Silver Mountain" en grands accords majeurs, ainsi que celle de la ballade acoustique harmonica-nappe-guitare-rimshot batterie de "Under the Big Sky" qui devient plus pop à la fin. Et puis la chanson-titre "Somewhere North of Nashville", déjà entendue autrement et plus calme/courte sur Western Stars dont elle était déjà le meilleur titre ainsi. Cette mélodie crépusculaire, les superbes choeurs en vocalises de Patti et Bruce, cela donne envie de laisser le souper au 'diner' et de se rediriger vers le motel attenant. 4/5
D'ailleurs, en y pensant – n'était pas au final 'contrée descendre (de la voiture)' ? - et après règlement de l'addition, vu vers où il marche d'un bon pas, sans doute pas que pour digérer, il ne peut qu'être d'accord...

Salle aux portes habituelles, le retour. Et devant la cinquième, ce qui m'attend : « 5. O tempora, o mores, grand fleuve et pauvres de nos voisins. En sept lettres. » Si l'époque n'est pas franchement clémente et si on doit penser alentour de chez nous, ce n'est certes pas le Canada. J'écris 'Mexique' sur la tête de Bruce qui en a toujours fait une priorité cette fois. On me répond 'Ghosts & Mariachis' au linteau, et visiblement, la cinquième clef convient très bien. Tiens c'est un E, encore. Bien, hop...

5) INYO

Je pensais me réveiller dans le même motel bas de gamme du Tennessee que la veille, or il semblerait que dans la nuit, ce soit devenu une hacienda avec murs blanchis à la chaux ! Je mets un peu de temps à m'habiller, surtout que je ne me réjouis guère à l'idée de devoir affronter la chaleur avec une robe très élégante certes, mais affublée d'un poncho et même, de la largesse du sombrero. Enfin, pour les soirées froides si on repasse par le désert, je pourrai m'en satisfaire ! Bruce est déjà dehors, attendant comme un enfant de réaliser un trajet qu'il aime beaucoup. Il saute au volant...
Inyo, c'est en souvenir de ses road-trips le long de l'aqueduc de Californie. Et puis il est si concerné par le sort des Mexicains, entre frontière fluviale surveillée, pauvreté et marchés illégaux, comme il l'a si bien raconté sur The Ghost of Tom Joad ! Le sort, et la culture. Ce cinquième disque inédit en est la suite logique, d'ailleurs enregistré pendant la tournée 96-97 ; Bruce lui garde une certaine préférence. Et on comprend pourquoi, vu le soin apporté même après coup (avec Aniello et tout) à "Adelita", titre le plus orchestré jusqu'ici, avec guitarrón, vihuela, harpe, trompette mariachi... Beauté galante sur un mode 'jarabe tapatio', danse populaire au Mexique, et des choeurs qui ne sont pas sans rappeler les BOs d'Ennio MORRICONE.
Sur le même mode, "The Lost Charro" où Bruce y va davantage de son esprit falsetto-crooner, ainsi que la plus douce "Ciudad Juarez" sont d'autres formes de petits bonheurs prélevés de l'autre côté de la frontière. On apprécie cependant que tout ne soit pas misé là-dessus, et qu'il y ait vraiment cette continuité Tom Joad dans l'instrumentation y compris. Même, sur "Indian Town", après "Inyo", il y a confirmation que la guitare 12 cordes peut constituer un élément soliste prisé de Bruce à l'époque. On retrouve du reste cette chère Soozie Tyrell au violon seul ou harmonisé, gracieux et caressant, mais aussi à la deuxième voix pour épauler le Boss. Quelle magie dans ce "When I Build My Beautiful House" adolescent autant que cet "Inyo" qu'ils partagent. Quelle délicatesse dans ces arpèges (ou ces accords d'un son qui préfigure Devils & Dust) et ces mélodies comme ces nappes de synthé profondes ! Il y a quelque chose de très fort dans "Our Lady of Monroe" où Aniello supplante Tyrell avec sa contrebasse, et surtout "The Aztec Dance", d'un charme sans pareil. Comme souvent, Bruce s'acclimate mais tout sonne bien à sa manière, et c'est une réussite. 5/5
Finalement, je décide d'envoyer le sombrero valser sur un cactus, par la fenêtre de la voiture. Quand Bruce s'arrête de nouveau, la nuit est encore tombée mais moi je ne descends pas car je dors déjà...

Salle, avant-dernière fois. Et la sixième porte de me soumettre à ceci : « 6. Je suis un soda ensoleillé bien de chez nous, et aussi ce que Bruce t'a donné jusque-là. En sept lettres. » Sept, comme le nom Floride d'où vient celle que j'imagine comme ladite boisson, ou encore septième ciel ? Je n'ai qu'à fermer les yeux, sourire et écrire à l'endroit voulu, même sans voir, 'delight'. Et le plaisir suivant s'ouvre à moi d'abord sur le linteau, avec l'appellation lumineuse 'Smoothy Evenings', ensuite avec l'ouverture de la serrure lorsque j'y insère la sixième clef qui est, tiens, elle aussi un E ? Voilà voilà...

6) TWILIGHT HOURS

Des draps. Et il semblerait que cette fois, je n'aie rien d'autre pour couvrir ma peau. Au comble de l'étonnement, je vois Bruce se tenir devant le grand miroir sur la porte de la salle de bains, vêtu en costume noir de pied en cap, rajustant sa cravate. Il se tourne vers moi et me lance un clin d'oeil espiègle. Puis il sort de la chambre mais demeure à l'étage, je l'entends à ses pas. Moi qui pensais me réveiller habillée sur un siège de voiture, j'ai l'impression que nous sommes revenus à sa maison. Puis des flashes me parviennent. Je me suis déjà réveillée, j'ai bu du Sunny Delight, trop. Je me suis sentie joyeuse et j'ai retiré moi-même mes fringues, jusqu'à tomber de fatigue. Je me revois dans les bras de Bruce qui me porte dans l'escalier. Encore un réveil plus tard, je suis couchée, lui habillé somnolant sur le fauteuil à côté. Est-ce le même jour, la même nuit ? Pour sûr, il réserve le plaisir commun à quand je suis consciente. C'est pourquoi, à présent et depuis ce que je devine être son studio derrière le mur, j'entends soudain la musique jouer. Dehors, la lumière vient surtout des voitures passantes...
Sixième opus jusqu'alors inconnu sauf de Bruce seul et de quelques initiés (moi compise maintenant), dont Patti (quelle coquine celle-là, vraiment) et ses amies Lisa/Soozie, ou encore Max Weinberg l'illustre batteur du E STREET BAND (on est ravi que le Boss l'emploie enfin sur un de ses albums pensés 'solo', plus que Tunnel of Love). Et bien sûr, Ron Aniello dont l'implication niveau production est à son paroxysme. Combien de titres avec des cordes-synthé pour un résultat qui, entre 2011 et 2017, donne l'impression d'avoir préfiguré Western Stars, l'album 'endimanché' ? On craint d'ailleurs de verser trop dans cette facilité que Bruce hérite de la pop américaine la plus 'smart', proprette, avec "Two of Us" et "Late in the Evening" notamment. Toutefois, ensuite, l'ambiance devient vite prenante, moins massive et surtout moins figée ou tout simplement mieux réussie que sur Western Stars. Bruce joue lui-même la basse veloutée de "September Kisses", où le piano et le cor d'harmonie ressortent bravement. Les cuivres ajoutés à "Twilight Hours" sont à la limite du trop, mais la mélodie est belle.
On adore les apports des choeurs (même si c'est Patti, grrr !) venus lécher finement la voix de Bruce sur les adorables "Dinner at Eight" et "I'll Stand by You", et l'on remarque que lui-même jongle entre sa voix falsetto ou son timbre le plus guindé. Quel chanteur, lui qui pourtant ne se vante jamais comme tel, au contraire. Et ces deux fresques de six minutes que sont "Lonely Town", pleine de changements harmoniques inhabituels de sa part et pourtant fluides (même le final néo-classique signé Aniello), ainsi que "High Sierra", avec son riff western en accord suspendu/résolu qui crée un leitmotiv, sa progression des plus captivantes, entre Devils & Dust et Western Stars, c'est de l'orfèvrerie. De même, les deux ballades country géniales et magiques "Sunliner" (banjo et timbale orchestrale inclus) ainsi que "Follow the Sun", son exotisme et la participation de David Sancious, premier pianiste du E STREET BAND avant Roy Bittan ! Ah, si tout en 2019 avait sonné ainsi ! 4/5
Bruce descend précipitamment l'escalier. Ne voulant plus le laisser, j'en fais autant, le drap noir pour seul vêtement, afin de voir ce qu'il réserve encore. Pour notre dernier (?) tour ensemble...

La septième porte, l'ultime, dans une salle-carrefour qui ne paye pas de mine mais que je regrette déjà. « 7. Bruce a besoin de toi pour être heureux, et grâce à toi, tout commence d'en haut. En sept lettres. » Sept, sept, mais sept intéressant ! Pratiquement l'énigme à laquelle j'ai le plus de mal à répondre... Qu'est-ce qui peut bien lui plaire tant chez moi et que ça vienne de... Non, pas le ciel, ni les nuages... Et soudain, je repense à une petite familiarité reçue un peu plus tôt avant tout cela ou presque. Sur la dernière photo, sans certitude de rien, j'écris avec cette chère encre sympathique 'redhead'. Tout commence d'en haut, oui, avec mes cheveux donc. Les aime-t-il tant ? C'est vrai qu'en moto, en voiture, il y passait souvent la main comme caresse, les yeux quand il pouvait. 'Greetings From New Jersey With My Blood Brothers!' est-il inscrit. Si je reviens un jour prochain, les questions et les messages-réponses seront-ils les mêmes ? Nul doute sur la musique, en revanche. La septième et dernière clef est un T, un autre, qui va là où il faut, tout comme moi aussitôt. Et avant bientôt...

7) PERFECT WORLD

Une fois passée la porte de la maison de Bruce, je suis vêtue mais d'une façon plus complète. J'ai un chemisier, une jupe crayon fendue et des talons aiguilles. Pas une tenue pour la promenade, mais l'intéressé me dévore des yeux, depuis sa voiture. Il tient encore à rouler et, tout en traversant son état natal du New Jersey de part en part, est-nord, nord-sud, je me rends compte que c'est pour une destination indéterminée. Il me lâche à peine du regard, et y revient de plus belle lorsque, d'un coup de tête m'indiquant les panneaux routiers, il m'interroge sur les directions à prendre, chaque fois. Ce road-trip, si jamais le dernier, est tout entier pour moi ; je le comprends vite et me prête au jeu. En peu de temps, le Vermont, la Géorgie, l'Iowa, l'Oklahoma, l'Idaho ou encore l'Arizona n'ont plus de secrets pour nous ! Sur l'autoradio de la voiture, il me fait écouter ses dernières maquettes. Et chaque étape nous rapproche de la Californie littorale, puisque rien pour moi ne vaut une belle vue sur le grand large, depuis la plage, soleil déclinant là-bas mais toujours brillant à mes côtés...
C'est ce qu'exprime bien Perfect World, dernier des sept albums perdus. Moins de thématique à définition pour une production plus erratique, entre 1994 et 2011, mais avec tout de même cette envie de réunir ces titres-là par une cohérence, la plus proche possible d'un album du E STREET BAND réalisé en solo. "I'm Not Sleeping" apporte d'ailleurs son (petit) lot de cuivres habituels chez le meilleur groupe du monde désormais, avec Manion, Harrison, mais hormis l'intro, de manière plus discrète et unique donc dans ce coffret dont Clarence 'Big Man' Clemons comme son neveu -remplaçant Jake sont tout bonnement absents, à l'instar de Nils Lofgren. En revanche, cette petite perle conviviale d'ouverture, célébrant le New Jersey sound avec brio, permet de voir passer au moins une fois le nom de Roy Bittan (chose d'autant plus rigolote que le dernier titre du 'lost' album précédent conviait son prédécesseur des tout-débuts du Band, à savoir David Sancious).
De la ballade blues ample "Blind Man" avec batterie et effets smooth, un brin répétitive mais chouette à la country épique de "The Great Depression", banjo de Bruce et choeurs 'zoulous' excellents d'un certain Joe Griffith en tapis, tout apparaît comme un délice d'écoute. Aucun morceau ne semble avoir comporté la marque de Danny Federici, en revanche Charlie Giordano est bien présent. Garry Tallent joue sur le brillant "Another Thin Line" aux côtés du 'Mighty' Max Weinberg (davantage employé sur ces titres, tout comme pour l'album précédent) mais aussi de Tom Morello (RAGE AGAINST THE MACHINE) qui commençait à arriver en 2011. C'est la dernière de ces trois chansons d'ouverture toutes co-écrites avec le rockeur Joe Grushecky, et ce n'est d'ailleurs pas pour rien si elle garde un petit air du génial "Code of Silence", avec ses accords ouverts, mordants, à peine contenus. Et cette batterie/cowbell, cette guitare acoustique qui s'incruste après le pont !...
Naturellement, Ron Aniello, partenaire privilégié depuis quinze ans, est là pour veiller à ce que tout sonne bien. Bruce pousse une belle gueulante dont il a le secret sur "Rain in the River", au mur de guitare et à la batterie musclée – Max est 'mighty', puissant pour sûr, mais Bruce est 'all-mighty', tout-puissant ! Là où il mettrait des cuivres avec le Band réuni, on se contente bien d'un simple harmonica. Grandes réussites également que "Cutting Knife", légèrement chaloupée et garnie de choeurs faussement féminins, ainsi que "Perfect World", ballade type Devils & Dust magique et rêveuse. Max est d'une finesse sans pareille sur "If I Could Only Be Your Lover" à touche latino-western du plus bel effet, mélodie délicate jusqu'au final instrumental où Bruce joue quelques notes de glockenspiel. Et que dire de "Idiot's Delight" à l'ambiance vraiment top, du genre sexy avec beaucoup de 'chien' ? À chaque fois, en ville ou dans les grands espaces que l'on visite, dans l'habitacle de la bagnole je peux vous dire que l'atmosphère gagne en température, voire en humidité... Et pour la beauté romantique, quoi de mieux que ce "You Lifted Me Up" tout aussi intense, seul titre ici non seulement avec Patti (je l'aurai un jour, je l'aurai !!) mais aussi avec 'Little' Steven Van Zandt, bras droit de Bruce depuis toujours, pour tout le coffret. Comme jamais, ces trois-là chantent en harmonie proche du début à la fin, et c'est une merveille sans nom. 5/5
Face à l'océan, Bruce me laisse un instant pour courir se baigner tout habillé mais, à son retour, je sais qu'en quelques mots ou gestes, il saura me faire chavirer. Rien qu'avec des notes et sans attendre la fin d'un des sept albums 'perdus', il y est déjà si bien arrivé !...

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Bruce Springsteen (chant, guitares, claviers, harmonica, pe)
- Patti Scialfa (choeurs, arrangements des choeurs)
- Lisa Lowell (choeurs)
- Soozie Tyrell (choeurs, violon)
- Danny Federici (claviers, piano)
- Garry Tallent (basse)
- Max Weinberg (batterie)
- Roy Bittan (piano, orgue hammond b3)
- Steve Van Zandt (choeurs)
- Ron Aniello (claviers, contrebasse, batterie, percussions)
- Charlie Giordano (piano, orgue hammond b3, synthétiseurs)
- Marty Rifkin (pedal-steel guitare, lap-steel)
- Gary Mallaber (batterie, percussions)
- Jim Hanson, Jennifer Condos (basse)
- Kaveh Rastegar (basse)
- Chuck Plotkin (synthétiseur)
- Toby Scott (programmations batterie)
- Tommy Sims (basse, choeurs)
- Shane Fontayne (guitares)
- Zachary Alford (batterie)
- David Campbell (alto)
- Larry Corbett (violoncelle)
- Curt Ramm, Barry Danielian (cor, trompette)
- Luis Villalobos, Alberto Villalobos (violon)
- Angel Ramon (vihuela)
- Humberto Manuel Flores Gutierrez (guitarron)
- David Glukh (trompette)
- Miguel Ponce (basse, choeurs, guitarron)
- Jorge Espinosa (harpe)
- Jon Brion (batterie, guitare, claviers)
- Scott Tibbs (claviers)
- Matt Rollings, Aaron Embry (piano)
- Gunnar Olsen (batterie)
- Lenny Castro (percussions)
- Marc Muller (pedal-steel guitare)
- David Sancious (piano, orgue)
- Lisa Kim, Hyunju Lee (violon)
- Joanna Maurer (violon)
- Shmuel Katz, Rebecca Young (alto)
- Alan Stepansky (violoncelle)
- Dan Levine (trombone, euphonium)
- Rachel Drehmann, Leelanee Sterrett (cor)
- Alden Banta (basson)
- Charles Pillow (hautbois)
- Andrew Sterman (flûte basse)
- Tom Morello, Rob Lebret (guitare)
- Matt Chamberlain (batterie, tambourin)
- Joe Griffith (choeurs)
- Clark Glayton (trombone)
- Stan Harrison (saxophone ténor)
- Ed Manion (saxophone baryton)
- Curtis King Jr, Cindy Mizelle (choeurs)
- Michelle Moore, Ada Dyer (choeurs)
- Evan Springsteen, Sam Springsteen (choeurs)


- la Garage Sessions '83
1. Follow That Dream
2. Don't Back Down On Our Love
3. Little Girl Like You
4. Johnny Bye Bye
5. Sugarland
6. Seven Tears
7. Fugitive's Dream
8. Black Mountain Ballad
9. Jim Deer
10. County Fair
11. My Hometown
12. One Love
13. Don't Back Down
14. Richfield Whistle
15. The Klansman
16. Unsatisfied Heart
17. Shut Out The Light
18. Fugitive's Dream (ballad)

- streets Of Philadelphia Sessions
1. Blind Spot
2. Maybe I Don't Know You
3. Something In The Well
4. Waiting On The End Of The World
5. The Little Things
6. We Fell Down
7. One Beautiful Morning
8. Between Heaven And Earth
9. Secret Garden
10. Farewell Party

- faithless
1. The Desert (instrumental)
2. Where You Going, Where You From
3. Faithless
4. All God's Children
5. A Prayer By The River (instrumental)
6. God Sent You
7. Goin' To California
8. The Western Sea (instrumental)
9. My Master's Hand
10. Let Me Ride
11. My Master's Hand (theme)

- somewhere North Of Nashville
1. Repo Man
2. Tiger Rose
3. Poor Side Of Town
4. Delivery Man
5. Under A Big Sky
6. Detail Man
7. Silver Mountain
8. Janey Don't You Lose Heart
9. You're Gonna Miss Me When I'm Gone
10. Stand On It
11. Blue Highway
12. Somewhere North Of Nashville

- inyo
1. Inyo
2. Indian Town
3. Adelita
4. The Aztec Dance
5. The Lost Charro
6. Our Lady Of Monroe
7. El Jardinero (upon The Death Of Ramona)
8. One False Move
9. Ciudad Juarez
10. When I Build My Beautiful House

- twilight Hours
1. Sunday Love
2. Late In The Evening
3. Two Of Us
4. Lonely Town
5. September Kisses
6. Twilight Hours
7. I'll Stand By You
8. High Sierra
9. Sunliner
10. Another You
11. Dinner At Eight
12. Follow The Sun

- perfect World
1. I'm Not Sleeping
2. Idiot's Delight
3. Another Thin Line
4. The Great Depression
5. Blind Man
6. Rain In The River
7. If I Could Only Be Your Lover
8. Cutting Knife
9. You Lifted Me Up
10. Perfect World



             



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