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 The Illustrated Elton John Discography (2805)

Elton JOHN - Captain Fantastic And The Brown Dirt Cowboy (1975)
Par MARCO STIVELL le 6 Septembre 2011          Consultée 10057 fois

Ce nouveau chef-d'oeuvre d'Elton et Bernie paraît dans un contexte un peu particulier. D'abord, contrairement aux disques précédents, il n'a pas été écrit et enregistré durant une poignée de jours, non cette fois-ci, tout le processus a nécessité un bon mois. Allons allons, pourrait-on dire moqueusement, il y a du relâchement là, Elton ! Pensez un peu, un mois pour écrire un disque, c'est ridicule, surtout quand on sait qu'il faut des années à d'autres. Oui mais voilà, il faut savoir qu'à l'époque, notre visage pâle aux yeux cerclés d'écailles traversait une petite période de dépression et je suis prêt à fusiller -du regard- celui qui dit "Quoi, il a tout pour être heureux et il déprime ?" D'ailleurs, au moment de la sortie de l'album, il a ressenti le besoin de mettre en congé longue durée deux de ses fidèles accompagnateurs, le batteur Nigel Olsson et le bassiste Dee Murray. C'est le dernier album où on peut les entendre avec le reste du groupe 'classique' d'Elton, et on verra que les autres ne feront pas non plus long feu.

Quoiqu'il en soit, on assiste là à la dernière production du groupe mythique, et il est d'autant plus amusant de constater que c'est un disque qui a été réalisé en misant sur le potentiel des cinq musiciens, sans presque aucun apport extérieur. Pas de cuivres ni de cordes, à part un soupçon d'arrangements orchestraux sur "Tell Me When the Whistle Blows", il n'a pu s'en empêcher le bougre. Quoiqu'il en soit, lui-même considère que c'est son meilleur album, dénué d'effets tendant à le rendre plus 'commercial'. Il est sans doute son plus personnel aussi, en partage avec Bernie Taupin puisque les paroles leur servent d'autobiographie, ciblée sur leurs débuts de 1967 à 1969 : Captain Fantastic, c'est Elton et The Brown Dirt Cowboy, c'est Bernie. Le plus bel exemple de ce concept est et restera "Someone Saved My Life Tonight", où Elton chante son désarroi de 1969, en proie à un mariage désastreux et qui l'a poussé à la tentative de suicide. C'est le chanteur canadien Long John Baldry, le fameux "someone" qui l'a sauvé, le convainquant de miser sur sa carrière musicale avant tout, et c'est ainsi qu'il est resté pour nous conter toutes ces belles choses.

Musicalement, Captain Fantastic and the Brown Dirt Cowboy ne sort pas des sentiers battus par rapport à tout ce qu'Elton nous a déjà proposé. C'est une suite de chansons rock, tantôt élancées, tantôt jouées en mode ballades. Le fait est que sans le concours de musiciens additionnels, cuivres ou orchestre, même un morceau bien rentre-dedans comme "(Gotta Get a) Meal Ticket" arrive à sonner plus fin que d'habitude et on sent que pour toutes les chansons, le groupe laisse une plus grande part à sa créativité qu'avant. En résulte une suite de chansons plus réfléchies, chargées de paroles encore plus significatives. On ne peut pas parler de rock progressif proprement, mais certaines chansons sont bien étirées en longueur, sans pour autant faire preuve d'une grande audace musicale. Peu importe, tout est beau et c'est le principal.

Ainsi, les guitares acoustiques façon country et la mandoline du morceau-titre nous prennent à la gorge dès les premières mesures. On se dit : cet album va être bon. On repense à Tumbleweed Connection, à "Slave" et bien d'autres ambiances de ce style. La chanson se densifie et ne perd rien de son teint éclatant, bien soutenue par les guitares, la rythmique et les congas de Ray Cooper. Sans détailler tous les morceaux, il s'avère que chacun possède un charme fou dans son propre style, sans ressembler vraiment aux autres. "Bitter Fingers" continue dans une esthétique resplendissante avec notamment une très jolie intro virevoltante au piano et des passages d'un rythme ternaire à un binaire. "Tell Me When the Whistle Blows" a une atmosphère mi-funk mi-classique, ce qui la rend particulièrement attirante (sans parler du solo de Davey Johnstone). "(Gotta Get a) Meal Ticket" rocks un max, "Writing" et "Better Off Dead" sont deux splendides respirations, jouée presque latino pour la première, la seconde étant plus folk avec piano électrique et percussions scintillantes.

Même les ballades sont différentes, possédant leurs atouts respectifs. "Tower of Babel" prend vite un ton rock, tandis que "We All Fall in Love Sometimes" mise sur un arrangement savant de claviers, piano, clavecin (qu'on n'avait pas entendu depuis le deuxième album) et mellotron à l'appui. "Curtains" et ses cloches solennelles terminent le disque avec une attitude plus sombre et torturée, en directe relation avec l'humeur d'Elton à l'époque, mais magistrale. Mais la plus belle reste évidemment "Someone Saved My Life Tonight", fragile, avec ce ton rêveur de bout en bout, une fin en apesanteur et un Elton on-ne-peut plus émouvant. Directement à classer (comme tout le reste de l'album d'ailleurs) parmi tout ce que lui et Bernie ont écrit de meilleur.

Le "finest" d'Elton est ainsi un album intemporel, qu'il convient de savourer comme du petit lait. Certains disent qu'il ne fera plus jamais aussi bien par la suite, ça reste à voir.

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   MARCO STIVELL

 
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- Elton John (chant, pianos, clavinet, mello)
- Dee Murray (basses, choeurs)
- Nigel Olsson (batterie, choeurs)
- Davey Johnstone (guitares, piano, choeurs)
- Ray Cooper (percussions)
- Dave Hentschel (synthétiseurs)


1. Captain Fantastic And The Brown Dirt Cow
2. Tower Of Babel
3. Bitter Fingers
4. Tell Me When The Whistle Blows
5. Someone Saved My Life Tonight
6. Meal Ticket
7. Better Off Dead
8. Writing
9. We All Fall In Love Sometimes
10. Curtains
11. Lucy In The Sky With Diamonds (bonus)
12. One Day At A Time (bonus)
13. Philadelphia Freedom (bonus)



             



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