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- Membre : Steve Winwood , Blind Faith, Traffic

The SPENCER DAVIS GROUP - With Their New Face On (1968)
Par ARCHANGEL le 19 Mai 2025          Consultée 128 fois

Lorsque le SPENCER DAVIS GROUP revient avec son quatrième album With Their New Face On, en 1968, une chose ne change pas : son manque d’imagination pour les titres. Au moins, il ne risque pas de se planter sur la marchandise car cet opus porte bien son nom. Pas d’inquiétude, les gars ne sont pas passés sur la table d’opération mais ce nouveau visage musical cache un changement fondamental, le départ des frères WINWOOD. Steve, la figure de proue du groupe et chanteur-claviériste prodige, part l’année d’avant pour fonder TRAFFIC, bientôt suivi par son grand frère Muff, qui troque sa basse pour une carrière behind the scenes en tant que producteur. Résultat, cette dissolution amène un nouveau line-up : Phil SAWYER et Ray FENWICK aux guitares et Eddie HARDIN aux claviers. Tous trois assurent également les voix, aux côtés d’un Spencer tenace qui tente de relancer son groupe, secondé par le fidèle batteur Pete.

Eddie HARDIN et Spencer DAVIS prennent les commandes de l’écriture sur la quasi totalité du disque, insufflant une nouvelle direction à ce groupe en pleine mutation. Ce changement d’identité s’exprime dès la chanson-titre "With Their New Face On", une déclaration qu’Eddie chante tel un mantra façon méthode Coué (Face the crowd today/Let them know you’re here to stay). Il essaie tant bien que mal d’affirmer sa voix qui n’est certes pas déplaisante, mais tellement loin de l’empreinte WINWOODienne. Le SDG semble avoir abandonné le bon vieux rhythm’n’blues au profit d’un rock plus structuré dans lequel on entend déjà des ambitions progressives. L’ambiance est théâtrale, martiale, portée par une rythmique carrée et des arrangement plus tranchants que par le passé. Il y a une volonté claire de rupture stylistique avec le son d’avant, mais d’après moi c’est assez laborieux sur ce morceau et les mecs passent un peu pour des forceurs...

Cette impression de forcer le trait se confirme sur plusieurs titres qui peinent à me séduire totalement. "Morning Sun" sonne très générique avec sa guitare qui reste sagement dans son pré carré et un refrain sans ampleur. Même constant pour "Moonshine" qui, sous ses faux airs de blues psychédélique, se perd dans une production qui tourne en rond et des lignes vocales sans aucun relief. Bof, j’en espérais davantage.

Le SDG a une envie très claire : s’inscrire dans le sillage de la pop psychédélique des BEATLES, mais vous savez, celle qui me tape un peu sur le système, celle digne d’un Paulie mal dans ses pompes qui passe son temps à se plaindre sur fond de pop orchestrale. Le single "Mr. Second Class" trempe dans ce style principalement au niveau de l’écriture (Mr. Second Class/Finding life is hard to bear) mais musicalement on oscille entre pop baroque et mélodie BEATLESienne. C’est pas complètement mauvais mais malgré une ligne de basse bien menée, le SDG fait trop de manières, les arrangements sont lourds, exactement comme dans le titre "Sanity Inspector" interprété par Spencer. Plus cuivré, plus chargé, c’est un de ces petits cirques sonores qui font mal à la tête, avec des ruptures de ton et des cuivres qui cherchent l’effet plus que la musicalité.

"Time Seller" et "Stop Me, I’m Falling" poursuivent cette quête de crédibilité arty entre psychédélisme de salon et rock de façade. Le single "Time Seller" aligne les effets tape-à-l’oeil : guitare fuzzy, violons dramatiques et chant de Eddie en lévitation sans parvenir à retrouver la science mélodique de l’époque WINWOOD ; quant à "Stop Me, I’m Falling", c’est une chanson qui pousse le bouchon encore plus loin. La batterie accélère, les claviers s’envolent en frôlant le ridicule comme dans un mauvais cartoon psyché et je dois bien avouer que ça ne provoque rien en moi. Une fois encore, on entend davantage les intentions que la musique, à croire qu’il faut dire au revoir au groove vivant auquel le groupe nous avait habitué.

Finalement, toute cette accumulations d’effets de manche et de sons pompeux trahit une volonté un peu trop visible du SDG de s’intellectualiser et de se hisser au rang des groupes les plus en vogue de l’époque comme nos chers BEATLES ou les PRETTY THINGS, mais je trouve que cette nouvelle formation donne l’impression de jouer un rôle qui ne lui va pas du tout. Ils empilent les couches, ils saturent les arrangements, ils forcent le trait en oubliant presque ce qu’ils savaient faire de mieux. Car quand ils reviennent au groove pur et dur, ça marche bien mieux, d’ailleurs le single "Don’t Want You No More" en est la preuve éclatante. Ici, pas besoin de fanfreluches, le rhythm’n’blues des débuts remonte à la surface avec une efficacité qui fait immédiatement taper du pied. La guitare y est très bonne, nerveuse et précise, tout comme l’orgue hypnotique de HARDIN et l’ensemble tient debout tout seul, sans surenchère. Point trop n’en faut, comme on dit.

Même chose avec "Feel Your Way" qui propose un rock parfaitement tenu fait d’accords assez classiques mais où les nuances de jeu font toute la différence. La structure est simple mais chaque instrument apporte une richesse subtile, en particulier la section rythmique qui bat, pleine de vie, avec une pulsation ferme. Pas facile de faire perdurer le son d’un groupe dont le maillon le plus important vient de s’en aller, mais le SDG démontre ici qu’il est capable de retrouver un certain naturel, loin des efforts surjoués qu’on croise ailleurs sur l’album, une jolie leçon de cohésion musicale. Quant à "Alec In Transitland", il ’s’agit peut-être de la pièce la plus audacieuse de l’album, une instrumentale psychédélique de presque sept minutes qui est à mon sens le morceau le plus intéressant du disque. Une ambiance mouvante semi-improvisée, presque jazz-rock, bourrée de tension avec un vrai sens de la montée. Là, l’expérimentation n’est pas un déguisement mais un exercice organique qui - malgré un solo de batterie trop long où YORK fait dans la démonstration technique, peinant parfois à maintenir la tension - illustre une réelle prise de risque.

Album de transition sorti à une époque où la musique est à un tournant, With Their New Face On est profondément marqué par l’ombre des frères WINWOOD. Le SPENCER DAVIS GROUP a beau s’entourer de nouveaux musiciens talentueux, on est sur un album qui se disperse dans l’air du temps, lesté par des effets de style too much et une écriture qui ne semble pas avoir les armes pour s’imposer dans un paysage musical de plus en plus concurrentiel et exigeant.

Note réelle : 2,5

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   ARCHANGEL

 
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- Eddie Hardin (chant, claviers)
- Spencer Davis (chant, guitare)
- Ray Fenwick (chant, guitare)
- Pete York (batterie, percussions)
- Phil Sawyer (guitare)


1. With His New Face On
2. Mr. Second Class
3. Alex In Transitland
4. Sanity Inspector
5. Feel Your Way
6. Morning Sun
7. Moonshine
8. Don’t Want You No More
9. Time Seller
10. Stop Me, I’m Falling



             



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