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- Membre : Steve Winwood , Blind Faith, Traffic

The SPENCER DAVIS GROUP - Gluggo (1973)
Par ARCHANGEL le 26 Mai 2025          Consultée 200 fois

Du SPENCER DAVIS GROUP de la première heure, il ne reste que DAVIS, le guitariste gallois féru de blues, ainsi que le batteur Pete YORK. Le groupe incarnait alors l’une des réponses britanniques au rhythm’n’blues américain et à la soul de Ray CHARLES. Quelques tubes plus tard, le départ de deux des membres moteurs du groupe sonne presque comme une fin mais c’est sans compter sur Spencer qui reconstruit le band autour d’un chanteur principal, Eddie HARDIN. With Their New Face On sort en 68 et l’album se tient à peine. Puis, le silence de s’installer et il faudra encore attendre cinq longues années avant que le SPENCER DAVIS GROUP ne refasse surface.

Un opus avait pourtant été enregistré dans la foulée, mais Funky, prévu pour 1970, ne sort finalement pas. Entre tensions et désaccords, le projet est abandonné. HARDIN et YORK forment leur propre duo et se retirent pour faire de la musique ensemble pendant que Spencer se bat tant bien que mal avec leur maison de disque pour sauver les meubles, en vain. Ce n’est qu’en 1973, soit dix ans après la création du SDG, qu’une nouvelle mouture du collectif revient, désormais signée chez Vertigo. Un nouvel album au titre énigmatique, intitulé Gluggo. Avec HARDIN aux clavier, Ray FENWICK à la guitare et Charlie McCRACKEN à la basse, le groupe est au complet et marque un retour à un son plus classique, clairement rock’n’roll.

Le SDG tente de retrouver son énergie dansante dès le morceau d’ouverture "Catch You On The Rebop", un titre déjà révélateur de leur envie de swing et de groove. La batterie de YORK frappe sec tandis que les claviers rebondissent et que la guitare assène des riffs sans aucun affect. Mais malgré cette mise en bouche pleine de biscotos, la voix de HARDIN est beaucoup trop polie pour m’électriser, même un tout petit peu. "Feeling Rude" confirme cette impression même si j’aime beaucoup les mélodies ainsi que le jeu robuste de HARDIN aux claviers. Si le titre baigne dans une vibe très seventies, il s’interdit toute prise de risque et reste dans les clous de peur d’en faire trop.

C’est du rock dansant, oui, terriblement bridé, comme si le groupe était soucieux de rester le plus accessible possible sans jamais oser bousculer les codes. Cette impression se prolonge sur "Tumble Down Tenement Row", aux accents boogie affirmés, ou sur l’instrumentale "The Edge" qui aurait pu offrir un moment d’expérimentation mais reste très convenue. Le morceau aligne les séquences avec une précision prévisible, en oubliant de faire preuve d’inventivité. La chanson sonne comme une jam toute lisse d’où rien ne dépasse et sans être mauvaise, elle ne propose rien que d’autres groupes ne font pas - et mieux !

Ce n’est pas le seul groupe qui essaie de s’approprier le style des BEATLES à l’orée des années 70, mais le SDG le fait très mal, je trouve, sur des morceaux comme "Mr. Operator" et "Don’t Let It Bring You Down". Ça manque de finesse et surtout de personnalité. "Don’t Let It Bring You Down" semble convoquer l’ombre d’un "Let It Be" mais le pastiche est mal fichu. Les accords sont trop bien alignés et il manque ce je-ne-sais-quoi qui faisait la force des BEATLES, même dans certains de leurs titres que je considère mineurs (non les amis, "Let It Be", ce n’est toujours pas mon truc). On est dans une veine soft-rock d’un ennui dingue, également sur le tube "Mr. Operator" qui, il faut bien l’avouer, pète un peu plus grâce à la basse de McCRACKEN qui donne du coffre au morceau. On devine l’intention d’imiter un songwriting à la LENNON-McCARTNEY avec des enchaînements harmoniques et un refrain chanté en choeur qui me hérissent le poil.

Le riff carré de "Living In A Back Street" semble vouloir frapper fort, avec des accords solides et un groove bien compact, comme si le SDG cherchait à livrer un moment d’anthologie, un hymne de bitume et de sueur. En apparence tout y est - la structure simple comme bonjour, la ligne de basse qui soutient fermement la charpente et le chant qui se veut plus incisif - mais d’après moi cela reste étonnamment fade, un rock’n’roll sans risques. Un peu moins lisse, "The Screw" parvient tout de même à injecter davantage de nerf dans la formule en flirtant avec un rock plus sec, presque garage mais là encore, l’élan s’arrête au seuil de la transgression : beugler qu’on emmerde le monde (Screw you, screw you/Tell you what I’m gonna do) mais rester dans le cadre, ce n’est pas très rock’n’roll si vous voulez mon avis.

"Alone" est une petite chialante sans âme, de celles qui tentent l’émotion à coups d’accords mineurs et de mélodie languissante. Tout est trop neutre et rien ne serre le coeur, pourtant je leur pardonne presque cette incartade mollassonne, alors qu’à l’inverse on a "Legal Eagle Shuffle", un morceau rétro et fun dont la mise en scène frôle la parodie. Le SDG s’amuse à puiser dans le vieux swing américain et le rock’n’roll des années 50, ça carbure au piano honky-tonk pendant que la batterie sautille. Le clin d’oeil est appuyé, quasi caricatural et l’effet reste totalement superficiel. Heureusement, le groupe se rattrape un peu sur les instrumentales "Touching Cloth" et "Today Gluggo, Tomorrow The World", qui révèlent une facette plus aventureuse, expérimentale voire jazzy de leur palette. C’est un des seuls moments où nos musiciens semblent vraiment s’amuser avec la forme. Sans atteindre des sommets d’originalité, ces deux morceaux montrent un vrai savoir-faire technique : les claviers s’autorisent des détours plus libres, la rythmique se fait plus souple, et l’ensemble respire mieux, comme quoi il faut parfois laisser la créativité parler.

J’apprécie particulièrement bien la reprise du classique blues "Trouble In Mind", c’est un des rares passages du disque où le SDG parvient véritablement à faire passer une émotion sincère, sans artifice. L’ensemble du groupe paraît plus à l’aise et la voix d’HARDIN est plus habitée que sur le reste des chansons, avec ces inflexions un peu éraillées qui évoquent enfin un vécu. L’orgue enveloppe tout le titre d’une chaleur grave pendant que la guitare glisse des notes discrètes entre les silences et la rythmique laisse respirer chaque phrase comme si le SDG avait fini par comprendre que le less is more suffit parfois à faire parler la musique.

Avec Gluggo, le SPENCER DAVIS GROUP signe un retour en demi-teinte qui vaut peut-être à peine mieux que l’album précédent, et encore. On repense toujours au feu que Steve WINWOOD savait invoquer lorsqu’il était dans le groupe, et ce disque n’est qu’une tentative timorée de reproduire cela. Le repositionnement ne tranche jamais vraiment et n’est pas franchement convaincant. C’est un album long et fastidieux à écouter, même si le groupe s’est débarrassé de toute ambition trop orchestrale et à l’exception de quelques éclaircies, Gluggo se joue sans conviction, mais surtout sans inspiration.

Note réelle : 2,5

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   ARCHANGEL

 
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- Spencer Davis (chant, guitare)
- Eddie Hardin (chant, claviers)
- Ray Fenwick (chant, guitare)
- Charlie Mccracken (basse)
- Pete York (batterie)
- Gary Cooper (steel guitare)


1. Catch You On The Rebop
2. Don’t Let It Bring You Down
3. Living In A Back Street
4. Today Gluggo, Tomorrow The World
5. Feeling Rude
6. Mr. Operator
7. The Edge
8. The Screw
9. Tumble Down Tenement Row
10. Alone
11. Legal Eagle Shuffle
12. Trouble In Mind
13. Touching Cloth



             



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