On s’éclate bien avec les BAD MANNERS et c’est bien ce qu’attendaient d’eux les angliches en ce début de décennie difficile au niveau social et politique. Voir l’énorme Buster éructer en live les pires couillonnades ont valu au groupe ses meilleurs audiences mais aussi ces pires bannissements ! Il faut dire que l’homme est capable de tout. Mais après un premier opus de belle tenue et ayant fait un joli flambard dans les charts il faut s’accrocher et relancer la poule aux œufs d’or avant que la sauce ne se dilue ! Quelques mois plus tard, le groupe remet donc le couvert pour ce deuxième opus fin 1980. Généralement les petits chiens n’ont pas ma préférence mais celui de la pochette est drôlement sympa !

La plupart des titres sont cette fois originaux et nous avons deux singles pour annoncer la bonne parole du ska aux passes laborieuses ! "Lorraine" est le premier single mais ne marque pas les esprits par sa mélodie assez frustre et son rythme super rapide, puis on part dans le débonnaire avec "Just A Felling", sans pour autant que la face de l’histoire de la musique en soit écornée. "Spy-I7" nous plonge dans une transe plus sophistiquée, le chant est d’ailleurs audible, une fusion qui mixe des éléments jamaïcains et britanniques, voilà un excellent exemple de titre réussi ! Le groupe frenchie de LA FEMME a dû s’inspirer de ce genre de titres pour créer ses pièces les plus ambitieuses, j’auraid choisi ce titre comme porte-étendard quant à moi !

Quelques reprises ? C’est l’instrumental "Echo 4-2" qui débute cette livraison et deviendra à jamais la pierre inamovible de tous leurs concerts à venir. Voyez plutôt, les cuivres sont têtus et poussent à la surenchère alors que les percussions donnent à l’ensemble une puissance folle ! Voilà de quoi mettre l’ambiance pour sûr ! "El Pussycat" est un ska prétexte à des vocalises loufoques de Buster et à des bruitages divers et variés. Le classique "Tequila" est de la partie, on est bien sûr assez loin de la version des CHAMPS qui date de 1958, mais le groupe de ska ne démérite pas, loin s’en faut !

Les mecs montrent que leurs influences sont diverses en proposant aussi un petit rock’n’roll de derrière les fagots avec "Back In 60’", tout ça swingue fort et bien ! Ces mecs sont toujours surprenants, les voilà en train de nous faire le coup du jazz swing des années trente avec "Just Pretendin" et ses cuivres lymphatiques. On est carrément reggae roots sur "Echo Gone Wrong", voyez donc cette basse toute en doumbadoum, agréable à défaut d’être original ! "Suicide" rebalance dans le ska fendard avec un clavier de belle allure et des cuivres trépidants. "The Undersea Adventures Of Ivor The Engine" est prétexte à vociférations et à beuveries au pub à 3 heures du mat après la victoire de club local de foot ! Enfin, "Doris" se veut plus véloce mais manque un peu de folie.

Ce deuxième opus est dans la logique même du premier sorti quelques mois plus tôt ! On ne révolutionne certes pas la musique mais en revanche on s’offre une bonne tranche de rigolade entre deux demis et ça, ça n’a pas de prix ! A l’époque le ska two tone était à la pointe de la mode et oui ! Je reste sur un 3 pour ce deuxième opus des dingos du nord de Londres.