Figurez-vous que notre gros Buster s’est un beau jour levé en se disant qu’il en avait ras le caisson de chanter pour des poivrots, et qu’il allait ouvrir un hôtel spécialisé, le bien nommé 'Fatty Towers' pour les personnes à forte corpulence, les ceusses qui lui ressemblent ! Et c’est ainsi qu’il a vécu quelques temps sur le bord de mer de Margate, dont il s’est même entiché du club de foot. Mais l’affaire finit par tourner court et notre bon gras Buster s’est dit qu’il allait relancer l’aventure les BAD MANNERS, c’est ainsi que vous tenez cet élégant opus à la pochette triomphante, le huitième de leur carrière !

Toute la démesure du ska s’exprime à merveille dès l’introductive "Don’t Knock The Baldhead". Les cuivres et la gratte tiennent bien la baraque et tout ce beau monde tressaute avec la grâce de lutteurs de sumo sur une musique d’opéra. L’éponyme "Heavy Petting" est un petit rocksteady prétexte à une bonne tranche de rigolade pour nos mauvaises manières. Avec Buster, tout est soit Heavy soit Fat de toutes manières. Par instant en revanche, les BAD MANNERS retrouvent leur superbe en esquissant des petites mélodies pop arrangées pour leur monumental délire, ça nous donne "Feel Like Jumpin" et c’est carrément jouissif.

Un peu de reprise ? Et donc nous y sommes, tout le monde se dit que nos poivrots n’ont pas commis l’outrage ultime de reprendre le classique intemporel de DEEP PURPLE…. NON ? Et puis d’abord quel liens entre le ska et le heavy metal ? Pas le moindre je ne vous le fais pas dire. Du coup, tout ceci est bien étrange et si on reconnaît "Black Night", on se demande bien ce qui lui est arrivé. Notez que ce n’est pas désagréable du tout, plutôt réussi même. "Red River Ska" est l'évidente reprise du standard de Johnny And The HURRRICANES, on connaît la passion du groupe pour le rock des pionniers.

Le sax canardesque de "Down Berry Wood" rappelle les débuts de MADNESS. "Happiness" transporte les mêmes effluves un brin plus rocksteady avec bonheur, même si la voix de Buster est parfois un peu juste. Hélas, "In The Jungle" manque de ressort et "No No No" est un filler assez déplacé. "Randy Scouse Git" manque d’émotion jusqu’à l’explosion skin mais le titre ne se retient guère. "Lager Delirium" n’est pas inaudible, mais a tout de la chansonnette sans grande imagination. "Go" semble avoir été ajouté le jour de l’enregistrement. Enfin, une petite ode à l’Angleterre des milieux défavorisés se fait entendre avec "Liverpool And Birmingham", notre Buster y éructe tel le pochtron du pub à 3.00 du mat.

Difficile de s’y retrouver dans ce melting pot qui part tous azimuths. Certes, rien d’étonnant avec les BAD MANNERS mais plusieurs titres de belle qualité cohabitent avec des fillers. Cinq ans sans enregistrer expliquent probablement cet état de fait. Le 3 est un brin trop lointain, cette avalanche de titres médiocres se peut rester impunie, je pose le deux étoiles.