Quand on ne se prend pas au sérieux, c’est pour la vie, alors après avoir erré en haut en bas à droite et à gauche et avoir pris quelques kilos superflus – 195 au total pas mal ! -, Buster s’est dit qu’il en avait encore dans le slip et qu’il pouvait se lancer dans une dernière aventure pour achever la discographie des BAD MANNERS de la manière la plus symbolique qui soit ! Voyez donc cette pochette, ce mec est immanquable, c’est bien simple tout le monde le connaît dans la patrie de Shakespeare ! Il s’agit donc du neuvième opus du groupe, pour le moment son dernier, et il y a fort peu de chances que cela change !

Alors quand on ne se prend pas du tout au sérieux et qu’on est des skinheads poivrots notoires on joue sur ses qualités, et c’est ainsi que nous voici avec une version surboostée du "Batman" de Shirley WALKER, ce qui pour les BAD MANNERS donne "Fatman", comme il se doit et ça déchire drôlement bien. Puis nous voici avec le classique des FOUR SEASONS, plus exactement de leur chanteur Frankie VALLI "Can’t Take My Eyes Off You", et là comment dire ? La chanson interprétée par notre bon gros Buster ne dispense pas le même smooth qu’avec la fameuse voix de tête de Frankie. Les cuivres permettent de donner au titre un rythme ska sympa sur les refrains.

La fête du pub se poursuit avec des cuivres bien replets sur "Cider Drinker", sur un thème étonnant chez des piliers de comptoir, la consommation de cidre… je vous vois venir, le cidre existe en Grande-Bretagne où il est carrément interdit car insuffisamment alcoolisé ? Quelques ambiances plus standards ska émaillent ce skeud, le plus souvent les compositions originales de nos poivrots ainsi "Tossin" se laisse bien écouter, d’ailleurs nous voici de nouveau avec cette version ska de "Black Night", déjà entendue quelques années auparavant. "Hoots Mon" est un instrumental loufoque plutôt sympa.

Le délire alcoolique prend toute sa forme sur le titre hilarant qu’est "I’m A Mummy". Il continue de plus belle sur "Way Out Mummy" ou Buster cabotine comme jamais. Sur "Teddy Bears Picnic", il singe une ambiance familiale des années quarante / cinquante. On se croirait presque dans un schlager allemand sur "Happy", nous sommes dans un pompompom de très faible valeur mélodique, mais ça reste joyeux. On continue dans le pompom avec "Eng-Er-Land", une ode à la beuverie grand-bretonne, vous reconnaîtrez tous les BO desquelles ont été chipés les titres composant cette improbable chanson, ça part dans tous les sens il y a même du CURE… On reste dans la grosse bouffonnerie punkoïde avec "What Ya Gonna Do" et ces dialogues bien angliche mais on ne retiendra pas la molle "Dat Think There".

Par moment on se souvient qu’on fait partie de la scène culturelle skin alors ça nous donne ce "I Don’t Care" qui, s’il est intéressant à découvrir est un vrai boxon sans queue ni tête au final. "Do Nothing" sonne carrément punk, là on a laissé de côté toutes les idées ska two tone pour se recentrer sur la base et ça dépote sévère ! Dommage que le groupe n’ait pas plus utilisé ce style, il y aurait eu concurrence avec les frappas dingues des BOLLOCKS BROTHERS. On en termine avec le phénoménal "Manners Knees-up" qui est l’épitome de ce que le ska peut pondre de plus violent c’est là qu’on entend parfaitement la symbiose fusionnelle du punk et du reggae… une vraie petite merveille à retenir !

Ya rien a faire, quand on est timbré, c’est pour la vie, il n’y aura jamais eu de demi mesure dans la carrière des BAD MANNERS qui auront toutefois réussi à rester crédible malgré un manque de sérieux invraisemblable, il nous reste quelques instants d’une loufoquerie absurde assez géniale tout au long de leur carrière qu’il serait dommageable de ne pas considérer. Pour ce dernier opus à la charmante pochette je reste sur un 3.