Recherche avancée       Liste groupes



      
MUSIQUE ROMANTIQUE  |  OEUVRE

L' auteur
Acheter Cet Album
 



Frédéric CHOPIN - Variations (1833)
Par EMMA le 1er Juin 2025          Consultée 430 fois

Frédéric CHOPIN, poète du clavier par excellence, est souvent célébré pour ses nocturnes rêveurs, ses préludes énigmatiques et ses mazurkas nostalgiques. Mais, derrière cela, se cache un CHOPIN flamboyant au style brillant. Cette chronique, tout en contrastes, rassemble six œuvres composées entre 1833 et 1841, qui témoignent de la virtuosité inventive, du panache romantique et d’une élégance formelle.

Avec ses "Variation Brillantes Sur ‘Je Vends Des Spectaculaires’ Op. 12", CHOPIN s’inscrit pleinement dans une tradition pianistique héritée du XVIIIème siècle, celle des variations brillantes sur un air à la mode, popularisées. Nous sommes en 1833 et il maîtrise déjà l’art de la séduction musicale. Le thème est issu de l’opéra Ludovic de Hérold et Halévy. C’est une musique populaire, presque légère. CHOPIN y voit un terrain de jeu. Il prend une ligne mélodique simple et l’habille, l’orne, le romantisme s’en empare. L’introduction est brillante et éclatante. Chaque variation propose une nouvelle facette du thème : une valse légère, une arabesque délicate. Les doigts galopent, la main droite voltige, la main gauche danse dans un jeu d’équilibre. La progression est nette, l’enchaînement naturel malgré des passages acrobatiques. Il y a dans ces variation la démonstration d’un art, elles ne sont peut-être pas les plus profondes mais elles reflètent l’éclat et le panache d’un génie.

"Boléro En Do Majeur Op. 19", le titre intrigue. Un boléro ? Une danse espagnole ? Pas seulement, c’est bien une âme de Polonaise qui anime les dessous de cette danse. Composée en 1833, à une période où l’Europe raffole d’exotisme, CHOPIN ne suit pas la mode, il la déjoue. Dès l’introduction, la pièce déroute, un prélude étrange, quasi rubato, une sorte d’appel dramatique. On y entend déjà les tensions harmoniques, les dissonances suspendues. Très vite, l’œuvre prend un élan dansé marqué par un rythme ternaire et la polonaise s’impose, ‘allegro vivace’ : son deuxième temps accentué, sa marche dansée aux contours élégants et nobles. La main gauche est solide, obstinée tandis que la droite chante enjolivée de figures brillantes. Le thème secondaire, au lyrisme pleinement assumé, est proche du ‘bel canto’ si cher à CHOPIN comme échappé d’un opéra de Bellini. C’est une pièce audacieuse, tout en souplesse rythmique, parfois presque improvisée, un sourire ironique, un clin d’œil stylisé, presque une mascarade musicale

Trois minutes, c’est le temps qu’il faut pour faire vaciller la raison dans un tourbillon effréné avec la "Tarentelle En La Bémol Majeur Op. 43". Trois minutes pour transformer le clavier en un théâtre incandescent, où s’entrelacent fièvre, éclat, panique contenue. Elle est une implosion de virtuosité expressive, une course haletante, presque éperdue, au bord de la perte de contrôle : tempo ‘prestissimo’, sauts agiles, montées chromatiques, tout bouge, tout file, tout flambe avec exubérance.

Composé en 1941, l’"Allegro De Concert Op. 4" pensé au départ comme un premier mouvement de concerto est comme un concerto condensé, amputé de son orchestre. L’ouverture est tout en longueur, trop longue même, le reste rêve en grand, orchestrant le clavier à lui seul, construisant un espace sonore ample. Le premier thème s’élance avec majesté, le second est plus chantant, apportant un moment de lyrisme suspendu. Mais très vite tout s’entrelace, s’anime, se densifie. Le développement devient terrain de tension et de contraste. La coda s’élance dans un feu d’artifice d’octaves et de trilles triomphantes. Cette œuvre est assez peu jouée, trop ambitieuse pour un morceau de salon, trop solitaire pour un concerto mais tout de même une déclaration d’indépendance du piano.

Avec sa berceuse écrite à l’été 1843, "Berceuse En Ré Bémol Majeur Op. 57", CHOPIN crée une œuvre, dans une zone de silence et de lumière où la musique se fait murmure, qui appartient à cette catégorie d’œuvres aussi intimes que raffinées. Il s’agit d’un petit bijou sonore, une fantaisie musicale tout en dentelle qui traduit la maturité du compositeur. Son principe est simple : un thème gracieux présenté dès les premières mesures. Mais, plutôt qu’un développement traditionnel, CHOPIN opte pour une suite de variations libres, où la musique se répète, se parant peu à peu d’ornements, d’appoggiatures délicates, de progression chromatiques raffinées. Le fil de la pensée musicale n’est jamais interrompu comme si la musique naissait d’elle-même. La main gauche installe, avec régularité et souplesse, le balancement hypnotique propre au genre, un motif de doubles croches en 6/8 qui évoque le bercement. La main droite, elle, s’émancipe : elle chante, rêve, explore des volutes mélodiques, multiplie les voix superposées. On pourrait presque parler d’une succession d’études miniatures déguisées en variations mais toujours au service du lyrisme. Tout se joue dans le contrôle des nuances, dans l’équilibre délicat entre le ‘piano’ et le ‘pianissimo’. Ecouter cette Berceuse, c’est entrer dans un monde d’émotions feutrées, de beauté contenue, un murmure de génie.

La "Variation No. 6 En Majeur" est la contribution de CHOPIN à une œuvre collective : l’Hexaméron, projet conçu par LISZT en 1837, réunissant six compositeurs autour d’un même thème, la marche tirée de "I Puritani" de BELLINI. Aux côtés de LISZT, Thalberg, Herz, Czerny et Pixis, CHOPIN est sans doute celui qui tranche le plus, non par l’éclat, mais par la retenue. Ni la plus complexe, ni la plus longue, c’est une petite pièce de moins de deux minutes, un CHOPIN de l’intimité et de l’équilibre.

Un CHOPIN peut-être moins attendu mais libre et expérimental. Ces œuvres forment un kaléidoscope de formes et de styles. Parmi elles, la Berceuse se démarque et brille sans nul doute le plus fort – joyau de délicatesse et de raffinement, que l’on ne retrouve nulle par ailleurs dans les cinq autres pièces, éclatante de finesse et de grâce où s’harmonisent avec justesse intimité et élégance.

Note réelle : 3,5

A lire aussi en MUSIQUE CLASSIQUE par EMMA :


Frédéric CHOPIN
Les Préludes (1833)
Romantisme à l'état pur




Franz LISZT
Consolations, Liebestraüme (1849)
Arc sensible


Marquez et partagez





 
   EMMA

 
  N/A



Non disponible


1. Variations Brillantes Sur « Je Vends Des Spectacul
2. Boléro En Do Majeur Op. 19
3. Tarentelle En La Bémol Majeur Op. 43
4. Allegro De Concert Op. 46
5. Berceuse En Ré Bémol Majeur Op. 57
6. Variation No. 6 En Mi Majeur « Hexaméron »



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod