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Franz LISZT - Consolations, Liebestraüme (1849)
Par EMMA le 18 Juin 2025          Consultée 204 fois

Il y a, chez LISZT, deux mondes qui cohabitent : celui des vastes fresques orchestrales, des poèmes symphoniques plein d’élans que nous aurons bien des occasions d’approfondir et il y a ce monde plus secret, d’un clavier seul, où le silence compte autant que la note. C’est dans cet élan intime que prennent vie deux cycles courts mais inoubliables, les Consolations et les Liebesträume, tous deux aux allures de Nocturnes. Ces deux cycles naissent à la même époque, entre 1849 et 1850. Il existe par ailleurs une autre version des Consolations écrite ultérieurement, mais publiée de façon posthume, qui contient notamment une partie qui sera utilisée dans la "Rhapsodie Hongroise No.1".

Les Consolations sont comme six soupirs tissés dans un même souffle, six méditations pianistiques qui s’enchaînent sans heurt, dans une continuité sonore. La première pièce "Andante Con Moto", tout en retenue, s’ouvre hésitante sur une mélodie simple et douce, posée sur des accords espacés, avec des ornements discrets, presque timide. Elle semble à peine oser exister, et, c’est dans cette hésitation délicate qu’elle trouve sa grâce. De ce climat naît naturellement la seconde pièce, en Mi Majeur, comme la précédente, plus fluide, portée par un tempo en 6/8, balancé, qui évoque une barcarolle. La ligne chantante flotte avec une sérénité, troublée par de légères dissonances. La troisième "Lento, Placido" n’est pas sans rappeler les nocturnes de CHOPIN. En Ré Bémol Majeur, elle prolonge l’atmosphère suspendue avec encore plus de chaleur. Veloutée, elle dévoile une mélodie tendre accompagnée d’arpèges enveloppants et ondoyants, un chant réconfortant, expressif et tendre. Cette paix se transforme quand la quatrième pièce, qui ralentit le pas pour adopter une allure presque solennelle, où les accords lents résonnent comme une marche intérieure contenue. De cette gravité émerge "Andantino" avec un retour à la tonalité Mi Majeur, qui commence dans le mystère, tâtonne, puis s’ouvre peu à peu vers une clarté douce, une joie candide qui éclot. Elle trouve pleinement son élan dans la dernière pièce, plus expansive, toujours cantabile, portée par un souffle lumineux qui clôt le cycle avec ferveur sans jamais briser l’équilibre. Un fil harmonique subtil relie l’ensemble, tissé autour de Ré Bémol Majeur et Mi Majeur. Dans cette unité de ton, LISZT écrit des morceaux, techniquement à la portée de tout pianiste qui ne cherche pas à éblouir. Il se détourne des éclats flamboyants qui font de lui un virtuose pour entrer dans un monde tout en mélancolie, plus intériorisé qui murmure au creux du clavier.

Après les Consolations qui s’égrènent comme un chapelet de confidences murmurées, Liebersträume – ou Rêves D’amour – nous plongent dans un romantisme plus ardent, plus incarné. Composés en 1850, ces trois morceaux aux allures de Nocturnes explore chacun une facette de l’amour. Le premier, "Hohe Liebe" évoque l’amour religieux et illustre le poème de Ludwig Uhland. Le piano y est noble, doux, il s’élève petit à petit, dans une douceur recueillie qui se consume seulement dans une explosion infinie de trilles aigus sublimes mais ne déborde jamais plus. La deuxième pièce, "Seliger Tod", toujours sur un poème de Ludwig Uhland, c’est l’amour plus sensuel. La mélodie est simple mais expressive, d’une beauté presque irréelle. L’intensité augmente progressivement tout en dissonances et explose fiévreusement en son centre avant de retomber comme un souffle suspendu entre extase et abandon. Et puis vient le troisième nocturne, le plus célèbre, "O Lieb, So Lang Du Lieben Kannst !" du poème de Ferdinand Freiligrath, que l’on pourrait traduire par "mon amour, aussi longtemps que tu pourras aimer" porte en lui l’ampleur et le lyrisme d’une déclaration ultime. La main droite déroule de longues arabesques arpégées, comme autant de caresses insistantes, tandis que le thème se répète et s’élargit : d’abord prélude intime, il s’enfle progressivement dans une montée irrésistible, ponctuée de dissonances, de crescendos vertigineux, de puissantes octaves, jusqu’à l’embrasement. Et quand enfin le thème revient, il est plus ample, plus orné. Ainsi, dans ce triptyque de rêve, LISZT nous donne à entendre l’amour et nous offre des morceaux lyriques qui explorent le trouble, la passion, la fugue et la douceur.

Ainsi s’achève ce double voyage, un arc sensible qui va de l’apaisement à l’embrasement, de la méditation silencieuse à l’élan passionné. LISZT confie, dépose note après note le poids d’une tendresse, la trace d’une blessure. Les Consolations comptent parmi les joyaux les plus intimes de son répertoire, ces lieux suspendus où le silence prolonge la musique, plus secrète, plus vraie. Quant aux Rêves D’amour, ils s’imposent comme l’un des sommets du courant romantique où l’émerveillement et la douleur s’étreignent, portés par un lyrisme incandescent.

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1. Consolations, S.172 Andante Con Moto
2. Consolations, S.172 Un Poco Più Mosso
3. Consolations, S.172 Lento, Placido
4. Consolations, S.172 Quasi Adagio
5. Consolations, S.172 Andantino
6. Consolations, S.172 Allegretto Sempre Cantabile
7. Liebesträume, S.541 Hohe Liebe
8. Liebesträume, S.541 Seliger Tod
9. Liebesträume, S.541 O Lieb, So Lang Du Lieben Kann



             



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