Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  STUDIO

Commentaires (4)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Harry Nilsson , The Lemon Twigs
- Membre : The Beatles , Elvis Costello
 

 Billboard : Say Say Say (981)

Paul MCCARTNEY - Tug Of War (1982)
Par MARCO STIVELL le 2 Juin 2025          Consultée 356 fois

Il y a ceux qui ont savouré Tug of War dès 1982, dans des conditions banales. Néanmoins, rien à faire car, très personnellement, cet album aura toujours un goût de matinée de début mars 2009, entre amis, à la sortie sud-est de Lyon qui rejoint l'autoroute de la Maurienne (A43), pour se rendre à Gênes, Italie, écouter le soir même un Steve HACKETT (ex-GENESIS) sur le retour et dont c'était la première date ! Une sacrée découverte, même si pas uniquement pour de bonnes raisons. (*)

Cela convient bien à cet album qui installe, plus que tout autre avant et de manière définitive, l'idée d'un Paul McCARTNEY fort, affranchi des WINGS officiellement morts ; un McCARTNEY immense, comme avec les BEATLES mais sans les BEATLES, de nouveau et à plus forte raison maintenant que John LENNON s'est fait assassiner en décembre 80, soit presque un an et demi plus tôt. Et pour cela, il fallait marquer le coup en retrouvant George Martin, arrangeur/producteur/Géo Trouvetou qui a fait pour les BEATLES si bien qu'on le considérait comme le cinquième Fab Four. Presque dix années ont passé depuis la dernière coalition avec Paul McCARTNEY (qu'il a convaincu de ne pas se forcer à revenir aux WINGS), à savoir le géant "Live and Let Die", chanson du film éponyme de la saga James Bond (1973).

En laissant ainsi les manettes à un comparse plus que connu et adapté, Paul McCARTNEY se repose sans être fainéant, suite à son disque précédent bien barré, pour se concentrer sur l'écriture de chansons plus réussies, forcément. Pour le moment. Tug of War est une expression à sens multiple, le plus courant étant lutte/guerre acharnée, mais c'est aussi le nom d'un sport/jeu ancien opposant deux équipes face à face qui s'affrontent pour la tenue d'une corde, en jouant sur la force et l'équilibre. À travers le morceau éponyme, d'affirmation plutôt (anti-)belliqueuse pour le coup (ah, ces trompettes et ces caisses claires !), beaucoup de fans ont vu les regrets exprimés par Paul envers son défunt 'frère' John, les rapports houleux voire les non-rapports qui leur ont fait perdre tant de temps...

Quoiqu'il en soit, c'est un bijou d'emblée (chose qui manquait cruellement à l'album précédent), débuté sous forme de ballade country acoustique à l'éveil orchestral direct, avec la guitare de Eric Stewart (10CC) qui fait son entrée durable auprès de Macca, au(x) bon(s) c(h)oeur(s) de Linda chérie etc, avant une suite plus pop-rock mais toujours lente. 'In another world, we could stand on the top of mountains with our flag unfurled', du grand art Paul, bravo ! Et ce qui est rigolo, c'est que quelle que soit la dose de commémoration en musique, tout cela n'est qu'une transition - car la vie continue – vers "Take It Away", entre reggae exotique, pop-rock à la "Lady Madonna" (basse comme saxophones très similaires) et parenthèses disco plus discutables en fins de refrains.

Notez que sur ce titre, bien que les WINGS appartiennent au passé, on retrouve non seulement Linda mais également Denny Laine à la guitare (il joue sur plusieurs chansons du disque), le batteur jazz Steve Gadd avec pour doublure un certain Ringo STARR qui l'avait d'ailleurs embauché quelques années plus tôt. Plus question de penser à une reformation des BEATLES donc, mais le trio McCARTNEY/STARR/Martin réuni fait son petit effet. En parlant des WINGS, "Somebody Who Cares" est encore une façon de continuer l'aventure, avec Linda et Laine aussi, tant cette chanson aurait pu être sur un de leurs albums. De la ballade country simple et brumeuse au refrain soft-rock, de la basse de Stanley CLARKE (grande figure du jazz comme Gadd de nouveau participant) aux flûtes de pan/flageolets (flûtes à bec), le morceau est une réussite. Jusque-là, rien à redire...

Sauf que voilà qu'arrive le morceau numéro quatre ! La voiture s'extrait de la banlieue lyonnaise, après Bron les paysages respirent un peu plus et, grands dieux, oh, dès le début, mais oui, c'est Stevie WONDER ! Texte aguichant, rythme funk, avec la boîte à rythmes et ce bon son de Clavinet dont le sieur ne se sépare plus depuis dix ans et le succès immense de "Superstition", tout y est. Y compris la voix de canard du maître Afro-Américain, si présent qu'on se demande s'il s'agit vraiment d'un morceau de Paul McCARTNEY invitant Stevie WONDER, ou l'inverse et en fait non, on se demande plus quand on se rend compte que c'est bien l'inverse ! Avec le solo de Lyricon/saxo électronique de Andy Mackay (ROXY MUSIC), les insistances nerveuses de Stevie etc, tout ou presque dans ce morceau (à part les choeurs du refrain, avec Linda) paraît couillon en plus d'être indigent, traîne-en-longueur (six minutes quoi) et, déjà que ça riait fort depuis les premières mesures dans la bagnole, le 'baby-baby-i-like-it-i-like-it!' de fin est bien du genre à nous achever !

Mais attendez, le pire n'est pas là, parce qu'au moins, "What's That You're Doing?" est rigolo, même s'il sent fort le rajout aux enregistrements du reste de l'album déjà réalisé. Non content de venir taper le boeuf donc, Stevie prend place à côté de Paul pour cet "Ebony and Ivory" conclusif et, ceci dit par un grand amateur du genre, qui remporte d'emblée la palme d'un slow parmi les pires de l'histoire. Cela dit, papa WONDER n'est pas en reste à l'époque : deux ans plus tard, il signera bien "I Just Called to Say I Love You". Déjà, l'idée de l'ébène pour lui et de l'ivoire pour Macca, parce que non cela ne concerne pas que l'instrument à touches, ensuite le 'side by side on my piano... why don't we?' qui donne lieu à pas mal d'interprétations, avec le ton hyper-sucré de la mélodie, les 'ebony and ivory, leaving in perfect harmony' de fin dont on se serait bien passé aussi... Mais bon, c'est un tube r'n'b qui en annonce un autre tard dans l'année, pas forcément beaucoup plus glorieux et avec un autre grand chanteur Afro-Américain, plus jeune et encore plus populaire.

Tandis que Stevie WONDER se plait à amener Paul – bien volontaire - vers le pire de ce qu'il peut produire, ce dernier excelle à peu près partout ailleurs. "Here Today" marque un retour salvateur à la voix-guitare acoustique arpégée, un bon fond de cordes par George Martin. "The Pound is Sinking" met Macca en avant à la lead guitare électrique et l'amène à gueuler comme rarement sur ce disque, en général ça passe toujours très bien. Et cet esprit folk-rock dramatique, cette partie foraine, cette rupture ternaire et laid-back pour le pont ; pour sûr, l'inventivité n'est pas remisée au placard ! L'ambiance samba/west-coast/chant effeminé de "Dress Me Up as a Robber" n'était pas indispensable, le très court "Be What You See (Link)" fait mieux par son style feutré et dense, et s'il n'est point mémorable au sens mythique, le duo unique avec Carl PERKINS sur "Get It" surclasse sans mal ceux avec Mister Master Blaster, avec un son country bien remis au goût du jour.

"Ballroom Dancing", plus rock'n'roll et festif, convainc tout à fait également, mais le clou de cette seconde face, en écho à la chanson éponyme de l'album, demeure "Wanderlust", avec son piano ample, son duo batterie-basse douces, son refrain épique et ses arrangements royaux, ses toms tribaux venus soutenir les trompettes (Ringo de nouveau en place), sa guitare 12 cordes joliment arpégée par Paul lui-même... Une réussite donc, malgré les écueils, que cet album consacrant l'avènement des studios Air, à Londres mais surtout Montserrat (Antilles) où d'autres perles seront enregistrées (Brothers in Arms de DIRE STRAITS, 1985, pour ne pas le citer). Un retour critique triomphal et la splendeur des ex-BEATLES retrouvée, pas seulement pour l'émotion du décès de John LENNON demeurée vivace. Une place de numéro 1 dans plusieurs pays tout à fait digne même si, à côté, le premier single, "Ebony and Ivory", partage les mêmes honneurs, alors qu'on les reconnaît tout à fait au suivant, "Tug of War". Que George Martin et Paul McCARTNEY en profitent, car cela ne va pas durer.

(*) Si vous souhaitez connaître la suite des aventures musicales pour ce qu'on en retient, une fois que les Alpes se sont dessinées pour de bon, le disque suivant a été un autre essentiel de la même époque et venu d'Angleterre, plus réussi encore mais nettement moins connu : Stationary Traveller de CAMEL (1984).

3,5 arrondi à 4

A lire aussi en POP par MARCO STIVELL :


Sally OLDFIELD
In Concert (1982)
Un super moment, quoique court




Tony BANKS
The Fugitive (1983)
Pop


Marquez et partagez





 
   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Paul Mccartney (chant, basse, guitares, synthétiseurs, batt)
- George Martin (arrangements, piano fender rhodes)
- Linda Mccartney (choeurs)
- Denny Laine (guitares, basse, synthétiseurs)
- Stanley Clarke (basse)
- Steve Gadd (batterie, percussions)
- Ringo Starr (batterie)
- Eric Stewart (guitare électrique, choeurs)
- Stevie Wonder (chant, piano fender rhodes, synthétiseurs)
- Carl Perkins (chant, guitare électrique)
- Campbell Maloney (tambour militaire)
- Dave Mattacks, Adrian Sheppard (batterie, percussions)
- Andy Mackay (lyricon)
- Jack Brymer (clarinette)
- Adrian Brett (flûte de pan)
- Kenneth Sillito (direction d'orchestre)
- Keith Harvey (violoncelle)
- Ian Jewel (alto)
- Bernard Partridge, Jack Rothstein (violon)
- Philip Jones Brass Ensemble (cuivres)
- Peter Marshall (narration)


1. Tug Of War
2. Take It Away
3. Somebody Who Cares
4. What's That You're Doing?
5. Here Today
6. Ballroom Dancing
7. The Pound Is Sinking
8. Wanderlust
9. Get It
10. Be What You See (link)
11. Dress Me Up As A Robber
12. Ebony And Ivory



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod