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Franz LISZT - Etudes D'exécution Transcendante D'après Paganini S.140 (1851)
Par EMMA le 6 Juillet 2025          Consultée 326 fois

Lorsque LISZT découvre Niccolò Paganini, il voit plus qu’un simple violoniste, presqu'un titan dont l’archet défie les lois de la nature et de la musique. Ce choc se révèle fondateur et il s’attelle à une entreprise assez magistrale : transposer au piano le monde virtuose et surnaturel des 24 Caprices Pour Violon Seul de PAGANINI. Il veut rivaliser avec le violon ou, mieux, le surpasser. De cette ambition, naît une première version en 1832, les Grandes Etudes De Paganini, abrupte, d’une virtuosité et d’une technique presque inhumaines qu’elle perd en élégance. Puis, en 1851, LISZT affine, polit et approfondit cela et les Etudes D’exécution Transcendante D’après Paganini voient le jour dans leur forme définitive. Elles ne sont plus seulement des démonstrations, le piano devient acrobate et narrateur.

L’étude no.1, "Trémolo" s’ouvre sur une pluie de trémolos rapides, insistants, tranchants comme si le piano cherchait à devenir un instrument à cordes frottées. C’est un violon à dix doigts, aux milles reflets, qui s’exprime ici. Les intervalles sont vertigineux, les octaves grondent. Et pourtant, une ligne lyrique parvient à percer : une mélodie fragile qui émerge comme un souvenir au cœur du tumulte, un éclat de lyrisme suspendu. C’est une étude de tension dramatique, une lutte entre le classicisme structuré et le romantisme impétueux où chaque note semble contenir un feu prêt à éclater.

L’étude no.2 s’inspire du Caprice no.17. Ici, tout virevolte, tout rit. Une ligne légère s’élance, dansante, enjôleuse, presque moqueuse. La main droite file avec une agilité et une rapidité constantes, tisse des motifs scintillants tandis que la main gauche répond, relance, provoque. C’est un duo, une conversation nerveuse et élégante, un écho au Caprice. Les sauts se font dans la grâce, chaque arpège demande une précision millimétrée. Et, derrière ce sourire pianistique, les pièges techniques sont partout. L’écriture est d’une transparence redoutable, elle joue l’illusion de la facilité. LISZT s’amuse avec son esprit, sa malice, sa finesse. Cette étude est un sourire tendu, précis, implacable, aussi éblouissante que virtuose.

"La Campanella", la plus célèbre, la plus redoutée, la plus mystérieuse est écrite d'après le dernier mouvement du "Concerto Pour Violon No.2" de PAGANINI Elle commence comme un rêve de porcelaine : un motif de clochette ou de carillon, répété à l’aigu, cristallin. Très vite, la féerie se dédouble et chaque variation devient un défi, toujours plus virtuose, toujours plus extravagante. Chaque saut est une falaise, chaque ornement, chaque trille une arabesque périlleuse. La main droite doit bondir de deux ou trois octaves avec grâce sans trahir le balancement délicat du thème. Rien ne doit peser, tout doit flotter. Sous son apparente légèreté, "La Campanella" est un cauchemar d’élégance : fragile, impitoyable, magnifique.

Dans l’étude no.4, le piano se fait fluide, un jet continu d’arpèges, un ruissellement d’harmonies miroitantes. La main droite s’élance, voltige, monte et redescend. La main gauche, elle, veille à l’équilibre, elle insinue, module, tisse des tensions. On croirait presque entendre un bel canto où les doigts chantent, respirent et dansent. Cette apparente pureté dissimule un travail d’orfèvre : mains croisées, superpositions de registres, indépendance des mains. Elle est une leçon de poésie technique, un rêve limpide à jouer les mains en feu.

Attention, on part au galop. "La Chasse" est une cavalcade sonore, une fresque en mouvement qui s’inspire du neuvième Caprice. On entend les cors résonner, les sabots frapper. Le piano devient nature, souffle, terrain de jeu dramatique. Un Mi Majeur éclatant, franc, presque héroïque, plein de panache, de sauts puissants. La narration est claire : l’aube calme, l’emballement, l’accélération soudaine et le triomphe final. Elle est une épreuve d’endurance, une suite de sauts, de rythmes tendus. Les mains indépendantes enchaînent les notes extraverties. Il faut canaliser l’énergie, sculpter l’espace, s’écouter jouer. Une étude aussi brillante que dangereuse qui, jouée trop vite, déraille et, jouée avec panache, explose de vie.

Le feu final. LISZT en écrivant l’Etude no.6 s’attaque au mythique 24ème Caprice et le transforme en un édifice flamboyant, une succession de variations techniques et expressives, un flux en une montée dramatique en tension constante. Techniquement, elle est sûrement la plus difficile. Les gammes dévalent, les octaves et les trilles implosent, les textures s’épaississent avec des passages quasi orchestraux. Chaque variation va plus loin, sculpte et s‘enflamme jusqu’au final foudroyant.

À travers ces Etudes, LISZT ne se contente pas d’imiter PAGANINI. Il le traduit, le transforme. Il transpose l’inaccessibilité du violon dans le monde du piano. Ces pages ne sont pas de simples défis techniques, elles sont des visions, des paysages en fusion mis en musique. Le piano devient absolu, orchestre, voix, théâtre. Leur véritable défaut, bien que ce soit des Etudes, réside dans le fait qu’elles ne soient pas plus longues pour davantage se développer et s’épanouir.

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1. Etude No.1 'tremolo' En Sol Mineur D’après Le 5e E
2. Etude No.2 En Mi Bémol Majeur D’après Le 17e Capri
3. Etude No.3 'la Campanella' En Sol Dièse Mineur D’a
4. Etude No.4 'arpeggio' En Mi Majeur D’après Le 1er
5. Etude No.5 'la Chasse' En Mi Majeur D’après Le 9e
6. Etude No.6 En La Mineur D’après Le 24e Caprice



             



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