Gros changement pour ce sixième opus des bouseux du middle west de REO SPEEDWAGON. On assiste au retour du précédent chanteur Kevin Cronin en lieu et place de Mike Murphy qui ne se débrouillait pourtant pas si mal. Gary a dû trancher en faveur du look et d’une certaine capacité à composer pour le succès. Les progrès constants du groupe se sont toutefois arrêtés au dernier opus qui n’a pas eu les résultats escomptés. Cet opus à la charmante photo de sympathique ruminant sera appelé COW par les fans ! En cette année pré révolution punk, les natifs de l’Illinois jouent la carte de l’évolution sonique avec les synthés.

Le retour de Kevin Cronin le voit ramener une besace pleine de titres sur lesquels il va bien sûr assumer les parties vocales. On débute avec "Keep Pushin" sur lequel j’entends encore les prémices du futur BLACKFOOT au niveau pop. La composition se tient bien et le chant de Kevin est taillé pour les billboard, pas de doutes. "Our Time Is Gonna Come" m’évoque un FREE américain, le chant est habité et la mélodie assez riche, et un joli solo de Gary Richrath. "Lightning" s’étire sur 6 minutes et semble être le morceau de bravoure de cette livraison, hélas, le synthé sur le refrain casse un peu la magie et malheureusement on reste sur notre faim. Enfin, et pour la première fois Gary et Kevin partagent le chant sur "Breakaway", vous ne serez pas sans remarquer le gros beat de synthés sur le pré refrain, donnant à la musique une consistance très AOR.

Le reste des titres est donc de la plume et chantés par Gary, alors qu’il se contentait auparavant d’un titre par album. "Any Kind If Love" ne porte pas en lui les germes de la rébellion, on nage en plein soft rock quelque peu dépourvu de couilles, la voix de Gary n’aide pas… A nouveau, "Tonight" se laisse pas mal écouter jusqu’à l’intromission de ce fichu synthé pompier sur le refrain. On sait que le REO sera un des spécialistes du style mais pour le moment dieu que cela a mal vieillit. Gary fait le plus mauvais des calculs lorsqu’il pense s’improviser vocaliste au même titre que Kevin. Le résultat est vraiment médiocre sur la poussive "Summer Love". D’ailleurs, "Flying Turkey Trop" est un instrumental… Pas génial non plus avec une base à la Stevie WONDER et des bridges malvenus.

Le retour de Kevin Cronin s’accompagne d’une 159eme place au Billboard... soit encore moins bien que le précédent… La situation ne s’améliore pas pour le REO qui a bien besoin de trouver une formule magique pour ne pas rentrer dans le cercle des loosers. L’adjonction des synthétiseurs semble préjudiciable à la musique du groupe pour l’instant. Cet album est trop faiblard pour accrocher le 3 et je me vois contraint de poser un triste 2 de circonstance pour ce groupe pourtant méritant.