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Alice Cooper
Alice Cooper Goes To Hell
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le 06 Août 2021 par FEELGOOD


Album découvert par le plus grand des hasards dans les bacs d'un baba cool qui faisait le marché de ma petite ville. C'était au printemps 84 et dégoter ce vinyle tombait à pic. J'avais découvert Alice Cooper l'année d'avant et ne possédais encore que peu de ses disques (le Greatest Hits, School's Out, Special Forces et The A.C. Show). Je savais déjà que le Coop' était un artiste très versatile (quel rapport entre School's Out et Special Forces ?) et, d'autre part, l'écoute du controversé Live m'avait donné une très grosse envie d'écouter ses albums controversés de la seconde moitié des seventies (la fameuse période « mélasse  sirupeuse »). En examinant fébrilement la pochette de Goes To Hell, je vis que pas moins de trois morceaux figurant sur le Live étaient tirés de cette cuvée (!!!) 76, à savoir « Go To Hell », « I Never Cry » et « Wish You Were Here » !!! Ta ta tan ! (comme le chantait l'ami Renaud), il n'en fallait pas plus pour que je ne me déleste d'une trentaine de francs pour acquérir ce chef-d’œuvre.
La pochette, réalisée à partir d'une photo figurant à l'intérieur de l'album Billion Dollar Babies, recadrée et hâtivement retouchée en vert, était pour le moins usée, vaguement délavée, ce qui ne faisait qu'ajouter au charme de la chose. Ce disque avait l'apparence d'une précieuse relique rescapée d'une époque révolue (pour moi, 1976, c'était carrément la Préhistoire). Le plus extraordinaire, croyez-moi ou pas, c'est que le verso portait encore les traces d'un tampon indiquant les coordonnées d'un disquaire de Vauvert (et son fameux diable Vauvert !). Vu le thème de l'album, c'est assez énorme.
On retrouve sur Goes To Hell les redoutables Wagner et Hunter, ainsi que John « Wah-wah » Tropea aux guitares. Bob Ezrin est toujours à la production.
Goes To Hell est à nouveau un album conceptuel : Alice Cooper est voué aux flammes éternelles de l'Enfer pour avoir accumulé les mauvaises actions !
C'est le propos de « Go To Hell », premier (et excellent) titre. On remarque un travail impressionnant sur le chant (voix déformée d'Alice qui interprète plusieurs personnages, mention spéciale à la voix de petite vieille de «You'd gift wrap a leper and mail him to your aunt Jane ».) L'ensemble est très varié. On passe de « Go To Hell » à « You Gotta Dance », astucieuse parodie de variété disco. Les puristes détesteront ce disque, reposant essentiellement sur le second degré. Plus qu'un disque de rock, c'est avant tout  la bande-son d'un show délirant qui ne verra hélas jamais le jour. D'autre part, si sur l'album précédent, les ballades et autres morceaux d'ambiance étaient au diapason des rocks, c'est ici le contraire qui se produit. Les rares rocks sont très arrangés (présence de chœurs, percussions et de guitare wah-wah). De plus, ils sont peu nombreux. « Guilty » demeure l'un des rares titres spontanés du disque, le seul à nous renvoyer à l'époque du Alice Cooper Band, ne serait-ce qu'au niveau du chant provocateur d'Alice. « Go To Hell », le morceau d'ouverture, relève indéniablement du hard rock, mais il s'agit d'un hard surproduit. Quant à « Wish You Were Here », clin d'œil évident aux B.O. de blaxploitation, en particulier au « Shaft » d'Isaac Hayes, il s'agit sans conteste de l'un des sommets du disque. Très arrangé et encore une fois très produit (percussions, guitares wah-wah), ce titre impressionne.
                          Le reste de l'album, essentiellement constitué de morceaux au tempo moyen et de ballades, permet à Bob Ezrin de donner libre cours à sa mégalomanie. Les nombreux musiciens de studio (The Hollywood Vampires) contribuent aussi au professionnalisme général. La voix d'Alice est souvent en retrait, le chanteur n'a pas sa pétulance et sa gouaille habituelles : l'heure est à la sophistication plutôt qu'à l'urgence. «  I'm The Coolest », composition inhabituellement lente, nous présente une facette inédite de l'artiste. Sur l'entraînant « Give The Kid A Break », Alice se met en scène en train de marchander avec le Malin, en interprétant les deux rôles. « Didn't We Meet » est une fausse ballade, caractérisée par un habile crescendo et un remarquable break instrumental. Relevons aussi la présence de deux magnifiques ballades : la très orchestrale « Wake Me Gently » et la dépouillée et autobiographique « I Never Cry », poignante confession d'un alcoolique qui deviendra le tube de l'album.
Goes To Hell s'achève sur deux compositions un peu kitsch donnant dans une sorte de « variété symphonique ». « I'm Always Chasing Rainbows », reprise d'une chanson de 1918 (!), est avant tout prétexte à la mise en avant de chœurs grandiloquents. « Goin'Home », enchaînée à la précédente fait office de « finale ». Comme l'indique le titre, Alice a recouvert sa liberté et rentre chez lui retrouver sa maison et son linge sale. C'est l'occasion pour Bob Ezrin de s'en donner à cœur joie et l'album s'achève dans la grande tradition de l'opéra rock sur des orchestrations symphoniques.
Dernier disque d'or du Coop' avant un bail, Alice Cooper Goes To Hell est un pur produit des années 70, ce qui lui confère un charme suranné unique, mais le faisait déjà sonner « daté » en 1984. Album culte pour les fans, il n'est pas forcément conseillé aux néophytes ou aux métalleux purs et durs.













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