Mon album favori de Gainsbourg, que je considère au sommet de son art.
D'abord pour l'écriture.
Peu importe si l'on suit l'histoire ou non, notre oreille ne peut rester insensible à ses sublimes jeux de mots, rimes, alexandrins...
Il s'écoute comme on lit un livre, où chaque titre serait un chapitre.
Tout est superbement bien écrit, chaque histoire est racontée avec talent, chaque rime est rythmée, millimétrée. (*)
Ces textes mériteraient d'être étudiés en cours de français au collège/lycée, tellement on y trouve de la matière ! Pour apprendre les rimes, les figures de style, la poésie... Ce serait un exemple parfait (attention à bien choisir les séquences à étudier, tout ne conviendrait pas aux minots !).
Et surtout pour la musique et les arrangements.
Parce qu'ils sont excellents.
Les arrangements rythment chaque alexandrin de Serge, illustrent et ponctuent l'histoire. Chaque titre nous plonge dans une ambiance particulière. On les redécouvre a chaque écoute tellement il y a de matière a explorer. Un bon voyage musical. Les lignes de basses, phrasés guitares "rock", percus... sont jouissives.
Mention spéciale à "variations sur marilou" le climax de l'album.
Ce joyeux bazar est aussi très bien enregistré et très bien produit. Un régal pour les oreilles des audiophiles. A écouter au cas que c'est le pied !
Un ovni musical. Des soupçons de rock, variét', world, du psyché? Oui mais non. Inclassable.
A écouter d'une traite, de préférence attentivement et au calme comme on lirait un bouquin. C'est pas le genre de disque à se mettre sur les oreilles quand on va faire ses courses au supermarché, ou à fond quand on part en vacances...
(*) Morceaux choisis :
"J'avance dans le black
Out et mon Kodak
Impressionne sur les plaques
Sensibles de mon cerveau une vision de claques"
"Du genre festival à Woodstock
Et semblait une guitare rock
À deux jacks
L'un à son trou d'obus l'autre à son trou de balle"
"C'est à jamais sur le bloc-
Notes de ma mémoire black
Sur white et quoi que
Je fasse ça me reviendra en flash back
Bordel jusqu'à ce que j'en claque"
"Dans son regard absent
Et son iris absinthe
Quand crachent les enceintes
De la sono lançant
Accords de quartes et de quintes"
