J'ai longtemps réfléchi à la manière dont j'allais évoquer cet album, un de mes préférés tous styles confondus. Je l'ai découvert quelques années après sa sortie (et même après "Cinquième As"). Pourtant, "Prose Combat" s'est rapidement ancré en moi, au point de m'accompagner régulièrement encore aujourd'hui. La force de ce disque ? Celle de mettre la concurrence au tapis, ceci grâce à des armes bien choisies : une plume acérée (avec jeux de mots et figures de style à la pelle), un regard clinique sur son époque, un flow limpide et poétique et surtout des samples élégants. A travers cette quinzaine de titres, MC SOLAAR enchaîne les coups avec précision, tantôt dans la critique ("Nouveau Western") ou la polémique ("La Concubine de l'Hémoglobine"), tantôt dans l'humour ("Superstarr") ou la douceur ("Séquelles"). Pour autant, l'album ne peut se départir d'une certaine violence - plus dissimulée et diffuse que chez un NTM certes ; il invite le plus souvent son combattant (l'auditeur) à s'interroger sur sa condition et à utiliser son esprit analytique pour parer les accrocs du quotidien. C'est cette notion de "rap de conscience" qui fait pour moi la quintessence de ce "Prose Combat". Et a conduit au succès son géniteur. La suite de sa discographie, justement plus frontale, me frappera moins. Qu'importe, je suis déjà les deux genoux à terre avec celui-ci.